Quand l’acheminement devint impossible.

Dans notre étude sur les marques des vaguemestres, nous mentionnons les marques de retour à l’envoyeur et celles des acheminements impossibles.

Pour les plis recommandés, on a très vite pratiqué le retour à l’envoyeur.

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Griffe RETOUR / A L’ENVOYEUR
et cachet Retour à l’envoyeur /Le destinataire n’a pu être atteint en temps utile

Les autres correspondances restaient cependant en souffrance.

Un mention spéciale a été apposée, sans réel succès :

Le 6 décembre 1914, le ministère décida de liquider toute cette correspondance : toutes les lettres furent traitées, certaines renvoyées aux expéditeurs, d’autres aux rebuts. La circulaire imposait à tous une estampille commune : LE DESTINATAIRE N’A PU ÊTRE JOINT EN TEMPS UTILE. Il y en eut de toutes les couleurs et de toutes les formes, sur une ou plusieurs lignes. Plus tard l’expression fut modifiée, « JOINT » devint « ATTEINT », et « EN TEMPS UTILE » devient « EN TEMPS VOULU », puis fut supprimée.

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Retour à l’envoyeur / le destinataire n’a pu être atteint, 14 novembre 1915

Pour indiquer le renvoi sur le bureau initial, on apposa en accord avec le bureau de poste civile de la localité la griffe « RETOUR / A L’ENVOYEUR / Numéro » Ce numéro étant un numéro d’ordre de la nomenclature des bureaux.

Dans certain cas, du fait de l’interruption du service postal, l’acheminement devenait objectivement impossible. Pour retourner le courrier à l’expéditeur, du moins au service initial, on apposa alors le cachet « LIEU DE DESTINATION ENVAHI » puis la griffe « ACHEMINEMENT IMPOSSIBLE » qu’on ne doit pas confondre avec la précédente.

Ce fut le cas en août 1914 lorsque le service a été interrompu avec les départements envahis du Nord et de l’Est de la France, malgré les tentatives de contournement soit par le commission de contrôle de Pontarlier, soit par Genève et l’entremise de la Croix Rouge:

Amiens, 30 août 1914 pour Gueudecourt (Somme) : rupture du service postal, « LIEU DE DESTINATION ENVAHI »

Lettre d’Epernay (Marne) du 13 décembre 1914 pour Machault (Ardennes).

Le verso porte la mention « LIEU DE DESTINATION ENVAHI » ce que l’expéditeur savait parfaitement, puisque la lettre fut envoyée sous couvert de l’action de la Croix Rouge de Genève.

Même dans ce cas, Machault, occupé dès le 2 septembre 1914 resta coupé du reste du pays jusqu’au 11 novembre 1918.

Bien évidemment la transmission du courrier à destination des belligérants ennemis a aussi été suspendue, comme pour l’Allemagne ou l’Autriche, mais aussi pour la Russie après la signature du Traité de Brest Litovsk mettant fin aux hostilités avec l’Allemagne en décembre 1917 après le Révolution d’Octobre, ou encore les nouveaux pays baltes indépendants.

Paris, 7 janvier 1918 pour Moscou : Acheminement impossible du fait de la rupture du service postal

Ces dispositions son restées valables après la guerre dans certains cas, comme ici pour Reval (ancien nom de Tallinn) en Estonie en janvier 1919.

Après le traité de Brest Litovsk de décembre 1917, l’Estonie et les provinces baltes de Russie devinrent indépendantes, la date retenue étant celle de la proclamation de l’indépendance estonienne le 24 février 1918. En fait, elles furent occupées par l’armée allemande. Le 3 mars, avec la signature de la paix de Brest Litovsk, cette fois, la Russie reconnut cette indépendance et en août de la même année, elle accepta dans le cadre d’une clause additionnelle de renoncer à sa souveraineté sur les provinces baltes. En novembre 1918, avec l’effondrement de l’Empire allemand, l’Estonie se vit de nouveau menacée par les russes dénonçant le précédent traité après qu’un Comité révolutionnaire provisoire d’Estonie se proclama seul pouvoir légal en Estonie et demanda aux russes de « libérer le pays ». La guerre qui s’en suivit dura de janvier 1919 (interruption de notre service postal) à février 1920 quand fut signé le traité de Tartu reconnaissant l’indépendance de l’Estonie.

L’American Field Service et la Réserve Mallet

Dès les premiers mois de la Première Guerre mondiale, des comités américains se formèrent pour encourager les jeunes américains à venir soutenir la mobilisation américaine en France et s’engager dans des missions humanitaires, principalement pour porter assistance aux blessés. Les premières unités d’ambulances furent créées près du front et formèrent l’American Ambulance Field Service ou Service aux Armées de l’Ambulance Américaine en avril 1915 par A. Piatt Andrew.

Trente-trois sections sanitaires (SSU) de l’AFS furent détachées auprès de l’Armée Française sur tous les théâtres d’opérations en France et dans l’Armée d’Orient.

Après l’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917 et lorsque les régiments américains devinrent opérationnels fin 1917, début 1918, les SSU passèrent sous l’autorité de l’Armée américaine tout en demeurant détachés auprès de l’Armée Française. A l’initiative du Haut Commandement Français, fut alors organisée la Réserve Mallet, service de transports de camions militaires français, conduits par des bénévoles américains.

La réserve Mallet fut ainsi nommée parce que sous les ordres du capitaine de cavalerie Mallet et parce qu’elle n’était attachée à aucun corps d’armée, mais maintenue en réserve pour le service de transport d’urgence.

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Grand Cahet de la RESERVE MALLET / CENTRE AMERICAIN
Trésor et Postes 89, 17 août 1917, Section TM 537, Convois automobiles par le BCM de Paris pour Peoria, Illinois

Bloom, l’expéditeur de la lettre fut l’un des douze premiers ambulanciers américains.

Nota : une section TM est généralement composée d’une voiture légère, de vingt camions, d’un camion-atelier et d’une motocyclette.

Chronologie simplifiée de la réserve Mallet

  • 8 mai 1917 première section de transport à rejoindre le front
  • 1 octobre 1917 sections de transport prises en charge par l’armée américaine
  • 28 octobre 1917 bataille de Malmaison sur le Chemin des Dames
  • 21 novembre 1917 convoi à Montdidier en soutien de l’offensive britannique sur Cambrai
  • 25 mars 1918 retraite du siège de Soissons
  • 29 mai 1918 retraite de Chavigny
  • 19 octobre 1918 engagement dans la bataille de Champagne
  • 11 novembre 1918 armistice
  • 28 novembre 1918 départ du commandant Mallet
  • Courant 1919 (avril ?), retour aux Etats Unis

Voir : Armées américaines en France

Bloc dateur avec date manuscrite (1919)

Au fur et à mesure de la libération des départements, commune après commune le service des postes a repris dans les localités libérées. Ce furent d’abord les secteurs postaux militaires qui reçurent la mission d’acheminer la correspondance civile, puis les bureaux civils. La plupart du temps, ils n’avaient pas retrouvé le matériel nécessaire au bon fonctionnement du service et « utilisèrent celui qu’ils réussirent à se procurer » (Strowksi, op cit, p 278). Parmi tous les départements totalement ou partiellement occupés, le Pas de Calais offre le moins de « marque de délivrance » : la plupart des villes importantes étant restées de ce côté ci du front, cela ne concerne que les communes du bassin houiller limitrophes du département du Nord.

C’est ce qui s’est passé à Leforest, commune située tout à l’est du département du Pas de Calais.

Leforest était une cité minière, où l’extraction du charbon avait commencé au milieu du XIXème siècle pour s’achever avec le remblaiement des puits en 1970 : le début de construction du puits fut pris en 1851, l’exploitation commença en 1853 par la Compagnie des Mines de l’Escarpelle. En plus de ce puits, nommé « fosse Douay », un second puits ouvert en 1884. Avant 1893 un raccordement entre cette nouvelle fosse et la gare a été effectué, permettant une exploitation encore plus effective.

Dans ces conditions, on comprend aisément que ces puits – et donc Leforest – aient été au cœur du conflit de 1914 à 1918. Avec la guerre, l’exploitation cessa, Leforest ayant été occupé dès le 7 octobre 1914. Néanmoins, durant la guerre l’exploitation reprit avec des mineurs de plus de 48 ans non mobilisables et des moins de 18 ans. Si durant ces quatre années d’occupation les puits n’ont subi aucun dommage, il n’en a pas été de même avec la retraite allemande de novembre 1918 : en effet, les puits furent dynamités ou noyés et les installations dévastées, comme le reste du village :

En janvier 1919, le service postal est rétabli, mais le matériel fait défaut. C’est cela qui a conduit alors le bureau de Leforest à recourir à son ancien cachet. Il y manque le bloc dateur, ce à quoi l’on suppléa par des annotations manuscrites. Comme le décrit par ailleurs Strowski pour Onnaing, département du Nord, la date manuscrite n’a été ajoutée que sur la dernière empreinte. On notera en même temps l’utilisation d’une estampille R encadrée pour la marque de recommandation, le numéro de cet envoi recommandé étant lui aussi manuscrit.

Lettre en recommandé du 14 janvier 1919, timbre recommandé à l’encre noire.
Absence du bloc dateur, date manuscrite sur la seconde empreinte uniquement

Port ( échelon 2 jusqu’à 50 grs.) : 25 c
Taxe de recommandation : 25 c.

Armée du Rhin et occupation de la Rhénanie et de la Ruhr

L’occupation alliée de la Rhénanie a eu lieu à la suite de l’armistice qui mit fin aux combats de la Première Guerre mondiale le 11 novembre 1918. Les armées d’occupation se composaient des forces américaines, belges, britanniques et françaises. Cette occupation fut confirmée par le traité de Versailles. Élaboré au cours de la conférence de la paix de Paris, le traité fut adopté le 28 juin 1919 et promulgué le 10 janvier 1920. Il prévoyait une présence militaire des Français, des Britanniques, des Américains et des Belges sur la rive gauche du Rhin et une partie de la rive droite pour une période de cinq à quinze ans suivant les territoires. Les Français reçurent à la fois la plus grande des zones d’occupation qui s’agrandit encore avec le retrait rapide des États-Unis en janvier 1923 ainsi que la direction de la Haute Commission Interalliée aux Territoires Rhénans (HCITR), la présidence de la commission de gouvernement de la Sarre mandatée par la Société des Nations ainsi que celle de Memel (entre le 15 février 1920 et avril 1923) et de la haute Silésie (missions de maintien de la paix en compagnie de troupes alliées en Haute Silésie entre 1920 et 1922).

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La Commission interalliée des territoires rhénans avait été créée après l’Armistice de 1918, fut remplacée par une Haute Commission interalliée des territoires rhénans le 10 juin 1920 (paragraphes 428-431 du traité de Versailles). C’était un corps d’administration militaire et économique des territoires occupés de Rhénanie qui siégea à Luxembourg, puis à Coblence avec des délégations à Mayence, Wiesbaden, Trèves, Bonn et Speyer.

Voir notre page spéciale sur l’occupation de la Rhénanie et de la Ruhr

 

 

Souvenir de Monastir – Bitola, 1918

Monastir fut le théâtre de trois batailles particulières dans la Première Guerre mondiale. La victoire finale des français (armée d’Orient) et des Serbes mena à un armistice avec la Bulgarie, puis à la victoire alléie sur le front d’Orient ; laquelle victoire précipita la fin de la guerre sur tous les fronts.

Première bataille de Monastir

À partir de mars 1916 les forces d’interposition grecques devinrent moins nombreuses et surtout moins efficaces, vraisemblablement à la suite d’accords entre les Grecs, les Allemands et les Bulgares. Aussi, le 4 mai, les français envoyèrent un fort détachement en direction de Monastir pour prévenir tout débordement des troupes germano-bulgares vers l’ouest. La tentative d’enveloppement des Bulgares étant avortée le commandement français reprit l’offensive le 12 septembre. Les troupes bulgaro-allemandes se replièrent dans la boucle de la Cerna, et, le 19 novembre, la cavalerie française entra dans Monastir mais la ville restait soumise aux bombardements quotidiens de l’artillerie bulgare.

Seconde bataille en mars 1917

Elle devait permettre de dégager la ville bombardée par les troupes germano-bulgares. Mais la résistance de l’ennemi s’est révélée plus vigoureuse qu’on ne l’avait imaginé et avec un extrême mauvais temps, l’attaque a échoué. La ville resta ainsi sous le feu bulgare jusqu’en 1918.

Troisième bataille dite de Dobro Polje (ou bataille de Dobropolje) des 14 et 15 septembre  jusqu’au 21 septembre 1918

Bien que la Bulgarie eût réalisé tous ses buts de guerre, elle fut contrainte (malgré les pénuries, notamment alimentaires, malgré l’inflation) de continuer à se battre pour aider les Empires centraux. Cependant, en 1917 une propagande d’opposition à la guerre commença à se répandre très largement.

C’est sans doute dans ce but de propagande qu’il faut comprendre cette carte du 24 juillet 1918 (11 juillet dans le calendrier bulgare). Les français étaient à Monastir, la guerre était presque perdue pour les bulgares… ou presque gagnée pour les alliés dont les généraux Guillaumat puis Franchet d’Espérey voulaient lancer la dernière grande offensive mais attendaient impatiemment l’accord de Paris.

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Le commandement français choisit de percer la défense bulgare, non pas en une attaque de front qui mènerait à Sofia, mais à travers les montagnes, en coupant l’armée bulgare en deux. La percée fut faite le 15 septembre, après une journée entière de préparation d’artillerie. Les Bulgares, bien qu’encerclés, résistèrent jusqu’au 21 septembre. Poussée par les Serbes, la Ière armée bulgare se replia sur Sofia, et, isolée, la XIème armée dut capituler devant les français pendant que des soldats bulgares rebelles abandonnèrent le front. Dix jours plus tard, la Bulgarie demandait l’armistice. La campagne de Franchet d’Espérey avait duré quatorze jours.

Armée d’Orient après l’armistice, secteur postal 505, dans le tarif du 1er juin 1921

Le secteur postal 505  (ex 194) était celui de l’infanterie coloniale, de même que les secteurs 505 A, 505 B, 505 C. Cette infanterie coloniale était :

  • à Florina en juillet 1917
  • à Tourane (?) fin juillet 1917
  • à Brnick en août 1917
  • à Neokazi le 18 novembre 1917
  • à Lescovec en février 1918
  • à Monastir après l’engagement dans la boucle de la Cerna en septembre 1918
  • à Salonique en janvier 1919

Pour autant le secteur n’a pas disparu après l’armistice et on le retrouve encore en 1921, à Constantinople. Outre cet usage très tardif, la lettre ici est affranchie selon le tarif du 1er juin 1921, dernier tarif n’utilisant que les figurines métropolitaines avant l’apparition le 1er août 1921 d’un autre tarif à compter duquel les figurines locales furent utilisables. Notons que ce tarif du 1er juin portait la taxe d’affranchissement de la lettre à 75c, elle revint à 50 c le 1er août.

lettre constantinople 1921 75 c

Affranchissement à 75 centimes (x 3) : lettre 1er échelon.

Service postal de l’armée américaine en France en 1917

Arrivée du contingent américain en France

lettre censure US
19 septembre 1917, camp de Gondrecourt (Meuse), pour Paris, affranchissement à 25c avec cachet de l’armée américaine. Lettre signée Bailey K. Ashford.

Débarquement à Saint Nazaire en juin 1917

Les États-Unis entrèrent dans le conflit le 6 avril 1917 par une déclaration de guerre du Congrès des États-Unis après que l’Allemagne avait mené une guerre sous-marine à outrance qui avait coulé des navires américains. Le président Wilson proclama alors que « L’Amérique [devait] donner son sang pour les principes qui l’ont fait naître ».

Un petit contingent fut symboliquement envoyé en France qui débarqua le 26 juin 1917 à Saint-Nazaire. D’autres débarquèrent à Bordeaux en juillet 1917, enfin à Brest le 12 novembre 1917. Le général Pershing, général en chef de ce détachement américain, insista pour que le corps expéditionnaire restât une armée indépendante des armées britanniques et françaises et dès le 21 octobre, les 14 500 hommes de la 1ère division d’infanterie américaine furent affectés à un secteur – relativement calme – du front, près de Toul.

La 1st Infantry Division avait donc été créée en juin 1917. Elle était placée sous le commandement du Major General Charles P. Summerall, du Lieutenant Colonel Campbell King, du Major H. K. Loughry, Adjutant General.

Les premières unités quittèrent New York City et Hoboken, New Jersey le 14 juin 1917 et arrivèrent en France au plus tard le 2 juillet 1917. Dans le reste de l’année, le reste de la division suivit, débarquant à St. Nazaire, en France et Liverpool, en Angleterre. Après un bref séjour dans les camps de repos, les troupes d’Angleterre débarquèrent à leur tour au Havre. La dernière unité est arrivée à St. Nazaire le 22 décembre. À son arrivée en France, la première division fut rassemblée dans la première zone d’entraînement au camp de Gondrecourt pour l’infanterie, les unités spéciales et les unités médicales ; l’artillerie quant à elle rejoignit le camp du Valdahon.

Le 4 juillet, fête de l’indépendance des États-Unis, des soldats du 2ème bataillon avaient défilé dans les rues de Paris pour soutenir les esprits Français au cri de « Lafayette nous voilà ! ».

Cette première division fut la première division d’infanterie américaine à être créée dans le but de combattre les forces allemandes lors de la Première Guerre mondiale. Elle était formée de 4 régiments d’infanterie (16ème, 18ème, 26ème et 28ème régiments d’infanterie), trois régiments d’artillerie (2nd et 3ème bataillons et 1ère batterie de mortiers) ainsi que d’un ensemble d’unités plus réduites (5ème, 6ème et 7ème divisions d’artillerie de campagne, mais aussi troupes du génie et du train). Au total, cette division comptait près de 28 000 hommes. Elle effectua son baptême du feu le 3 novembre 1917 et vit ses premières pertes dès le 4 novembre.

Camp de Gondrecourt

En juin 1917 arrivèrent dans le sud de la Meuse les premiers éléments de l’AEF pour s’y entraîner. Dans le cadre des accords Baker – Joffre, la 1re division arriva à Gondrecourt-le-Château où des unités combattantes françaises assurèrent l’instruction des unités américaines dans la zone des armées. Une impressionnante infrastructure logistique fut mise en place parfois avec l’aide de l’armée française : baraquements préfabriqués, voies ferrées, dépôts de ravitaillement, parcs d’artillerie, garages, terrains d’aviation, hôpitaux.

Sans titre

Un hôpital de campagne s’installa dans des baraquements à Gondrecourt-le-Château (Meuse), puis, développé, devint le Camp Hospital No. 1, d’une capacité de 300 patients, soignant tous types de cas. En septembre 1917, le Base Hospital No. 18 s’installa à Bazoilles-sur-Meuse (Vosges), et cette formation sanitaire reçut alors les patients du Camp Hospital No. 1.

Cet hôpital était, comme toutes les opérations médicales, sous le commandement d’un physicien et médecin réputé, notamment pour ses travaux en chirurgie et sur les maladies tropicales à Porto Rico, le colonel Bailey K. Ashford, que le général Pershing avait fait venir auprès de lui.

Après un premier séjour en ligne, la 1st division fut relevée le 29 novembre 1917, et regagna la zone de Gondrecourt, où elle resta jusqu’au 15 janvier 1918. Parallèlement à ce camp, un Field Hospital No. 12 se trouvait dans la zone de Vaucouleurs, à Burey-en-Vaux (pour les maladies), un Field Hospital No. 13, à Sauvigny (pour les cas dermatologiques et vénériens). Les malades les plus sérieux étant, quant à eux, évacués sur le Base Hospital No. 66 de Neufchâteau.

Organisation de la poste aux armées

Secteur postal n° 10 de l’armée française

Le secteur postal n° 10 de l’armée française desservit la 10ème Division d’Infanterie jusqu’au 16 février 1917 où il fut remplacé par le secteur n° 41.

Il fut rétabli le 25 Août 1917 à Gondrecourt pour desservir la Division Américaine puis transféré à Chaumont où il desservit aussi la Mission Française auprès de l’Armée Américaine à partir du 4 Septembre 1917. Il fut dissous le 14 Avril 1919.

Courrier pris en charge par l’armée américaine

Les instructions concernant le service postal de l’armée américaine datait de 1881, revues en 1915. Le 1er juillet 1917, par ordre du général Pershing, fut établie la circulaire suivante :

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Les agents postaux des services postaux de l’armée américaine ne distribueront pas une correspondance qui ne serait pas proprement timbrée avec les timbres de censure. Proprement timbrée avec les timbres de censure, marquée « lettre de soldat » et contresignée par un officier, la correspondance sera, depuis sa base, délivrée à destination, sans prépaiement du port et seulement en simple taxe collectée au moment de la remise.

Ceci complétait les instructions précédentes du 28 juin 1917 :

  • Aucune mention sensible, « dangerous information », géographique ou militaire ou de quelque nature que ce soit, y compris le nom du soldat, sa compagnie ou toute autre information, aucune photographie ne devait figurer dans la correspondance.
  • La correspondance ne devait pas être affranchie, ni cachetée, mais revêtue des termes « soldiers letter ».
  • Un officier responsable devait contresigner la lettre dans le coin inférieur gauche après en avoir vérifié le contenu et la revêtir de son propre cachet de censure, ces cachets étaient par ailleurs enregistrés et numérotés.ashford2
    La liste des officiers est donnée ce dessous, le responsable médical est encadré.

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  • Toute lettre ouverte par la censure était refermée avec une étiquette « examined by censor ».

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  • Les lettres de civils travaillant avec l’armée étaient directement remises aux officiers responsables, les lettres des troupes françaises en opération en secteur américain étaient remises à l’autorité française militaire la plus proche.
  • L’usage de la poste civile dans les zones contrôlées par l’armée américaine était interdite.
  • La correspondance à destination de l’étranger devait être directement transmise à la commission de censure, « base censor ».
  • Cette commission de censure, « base censor », pouvait en outre aléatoirement vérifier le courrier.

Ainsi donc les membres de l’armée américaine n’avaient pas de franchise à proprement parler et devaient affranchir leur courrier selon les tarifs en vigueur pour toute destination autres que les États Unis.

La correspondance en question

Dans cette lettre qui nous intéresse, on voit le libellé de l’adresse « Burberrys, 8 et 10 boulevard Malesherbes, Paris » écrit de la main même de Bailey K. Ashford.

Celui-ci, colonel responsable du service médical, a contresigné le courrier avant d’y apposer son propre cachet de censure (n°41) du camp de Gondrecourt, rattaché au QG de l’AEF situé à une vingtaine de kilomètres, à Chaumont. Affranchie et oblitérée par le cachet de l’armée américaine en opération (« US Army Postal Service ») pour une destination autre que les États Unis, la lettre fut directement transmise à la « base censor », qui l’ouvrit et la contrôla avant de la refermer avec une étiquette idoine et d’autoriser sa distribution.

L’affranchissement de ce courrier fut réalisé selon les tarifs en vigueur comme une lettre pour l’étranger dont l’affranchissement est réalisé ici avec une vignette à 25 centimes.

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Burberrys

Comme souvent la petite histoire s’immisce dans l’Histoire. Que pouvait bien transmettre Ashford à Burberrys ? Une commande ? Un accusé de réception ? Seule une hypothétique archive parisienne pourrait le dire car les magasins, déjà célèbres, existent bien évidemment encore et toujours à la même adresse parisienne.

Burberrys cependant en 1917 avait moins d’articles en vente et l’essentiel de ses affaires en 1917 était tourné vers le manteau de tranchée, le fameux « trench coat ». C’était un lourd manteau de serge, dessiné en 1914 par Thomas Burberry pour répondre à la commande par l’armée d’un manteau imperméable pour les officiers.

On peut imaginer qu’Ashford (qui avait passé une très grande partie de sa vie à Porto Rico), voyant l’automne arriver et avec lui les intempéries caractéristiques du Nord de la France, a eu besoin de se protéger avec un équipement adapté, comme en témoigne une annonce publicitaire de 1917 :

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Sources 

Sur l’AEF

United States Army in the World War, 1917-1919, Library of Congress Cataloging-in-Publication Data (Revised for vol. 16)

Brief History of divisions, US Army 1917, 1918, Army Command & General Staff College, Combined Arms Research Library, 250 Gibbon Avenue, Fort Leavenworth, KS, 66027-2314

http://history.army.mil/

http://warchronicle.com/units/US/1st/red_one

http://www.newrivernotes.com/topical_history_ww1_americanbattlecasualities.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/United_States_Army#Premi.C3.A8re_Guerre_mondiale

Sur l’arrivée à Saint Nazaire

La Loire-Atlantique et la Grande Guerre dans les collections photographiques et cinématographiques de l’ECPAD (1915-1919), archives de la SPCA

Sur Bailey K Ashford

Biografia de dr bailey Ashford, http://www.galenusrevista.com/Copyright-2012-c-Galenus-Revista.html (entre autre)

Smyrne, 2ème jour du tarif

Le bureau est de Smyrne fonctionna entre 1920 et le 1er mai 1923 en tant que secteur postal « Trésor et Postes 528 ». Bureau militaire tout d’abord, il fut ouvert aux civils à partir de juin 1920. Après le 1er mai 1923 et jusqu’à la fermeture du bureau les timbres furent annulés par une griffe « Postes françaises à Smyrne ».

Depuis 1910, le tarif de la lettre simple était de 25c. Le premier avril 1921, ce tarif passa à 50c, le 25c bleu pouvant évidemment être alors utilisé en paire. C’est le cas sur ce pli, lettre simple avec paire semeuse n°140 en paire, toujours intéressante à regarder car il s’agit du 2ème jour du tarif.

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Affranchissement à 50c, « Trésor et Postes 528 » de Smyrne, le 2 avril 1921

Chemin de fer du Hedjaz

Après de nouvelles informations et découvertes, nous proposons une nouvelle page sur le chemin de fer du Hedjaz et les timbres surchargés qui s’y rapportent. Elle est consultable en suivant ce lien : https://semeuse25cbleu.net/usages-non-postaux-2/chemin-de-fer-du-hedjaz/

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Postes belges en France

Après qu’il s’est replié en septembre et octobre 1914 dans le nord de la France et en Normandie, le gouvernement belge au Havre et à Sainte Adresse reçut un privilège d’extraterritorialité. L’une des conséquences de cette extraterritorialité fut que le gouvernement belge put employer ses propres timbres-poste, créant ainsi une « poste belge en France ». Toutefois, cette poste belge en France recouvre deux réalités bien distinctes.

Bureau spécial au Havre et à Sainte Adresse

D’une part, un bureau spécial pour les opérations effectuées au Havre et à Sainte Adresse par des ressortissants belges a utilisé le timbre à date du Havre à partir du 18 octobre 1914. A la fin de ce mois d’octobre, il fut remplacé par un timbre à date spécifique « Le Havre Spécial », qui fut utilisé jusqu’au 14 octobre 1915.

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Du 15 octobre 1915 jusqu’au 22 novembre 1918, c’est un troisième cachet, bilingue celui-ci, qui fut utilisé.

Opérations postales des Divisions d’armée

D’autre part les opérations postales des unités en campagne (Division d’armée). Ces opérations sont confirmées par des Marques des formations belges en France assurant la franchise.

Il en va ainsi des centres d’Instruction de l’Armée belge qui étaient répartis un peu partout en Normandie et dans le Nord : Avranches, Ardres, Audruicq, Auvours, Bayeux, Carentan, Carteret, Coutances, Criel-sur-Mer, Dieppe, Eu, Fécamp, Gaillon, Granville, Gravelines, Grand Fort Philippe, Honfleur, Saint-Lô, Valognes.

Centre d’instruction de l’armée belge de Saint Lo, 13 mai 1915 : franchise postale accordée aux centres de l’Armée Belge.

Croix Rouge esffb (étiquette verte)

On note l’étiquette verte ES FFB et la bande de censure de l’autorité militaire

D’autres informations sur la page dédiée : Poste belge en France et poste militaire belge