Postes militaires belges

Au moment de l’entrée en guerre en 1914, et bien qu’elle voulait rester neutre, la Belgique mobilisa ses troupes de façon limitée le 29 juillet, essentiellement dans le but de défendre ses frontières. Cette mobilisation devint générale deux jours plus tard, lorsque, le 31 juillet, l’Allemagne fit parvenir un ultimatum à la France et à la Russie.

Le 2 août, le Roi Albert prit en charge le commandement de l’armée. Le jour même, le gouvernement belge reçut un ultimatum allemand dont les termes étaient simples : ou bien la Belgique autorisait l’armée allemande à faire passer ses troupes sur le territoire belge, ou bien la Belgique serait considérée comme un état ennemi. Le 3 août, la Belgique rejeta l’ultimatum et les troupes allemandes envahirent le pays dès le 4 août. Attaquée dès le 5 août, la place forte de Liège tomba le 7 août, Bruxelles le 20. Considérée alors comme une des villes les mieux protégées d’Europe, Anvers fut prise le 9 octobre, après un siège durant lequel, pendant un mois, l’Armée belge contint des troupes allemande ce qui permit à l’armée française de repousser l’attaque allemande sur la Marne où 150000 soldats allemands bloqués à Anvers firent défaut.

Plus à l’ouest, une bataille décisive s’engagea sur l’Yser, gagnée en tirant parti des inondations volontaires des polders et de la vaste plaine située sous le niveau de la mer organisées par le génie belge le 29 novembre 1914. L’inondation ainsi créée établit un no man’s land qui resta infranchissable pendant quatre ans.

Bataille YSER

En vert, la zone inondée

Après le retrait des troupes belges d’Anvers en direction de l’Yser, le gouvernement décida de se réfugier en France. Le ministère de la Guerre s’installa à Dunkerque puis le gouvernement Belge arriva par bateau au Havre le 13 octobre 1914 sous les vivats de la population et s’installa rapidement au « Nice Havrais » et dans quelques villas de la côte.

Le Havre restait alors assez proche de la Belgique, proche aussi des îles britanniques, et son port permettait un trafic maritime intense, notamment la réception des convois de cuivre en provenance du Katanga. Seul le président du Conseil et ministre de la guerre de Broqueville resta à Dunkerque. Les services administratifs de l’État, la justice et les pouvoirs locaux continuèrent de fonctionner, le Roi Albert ayant expressément demandé en outre aux hauts dignitaires de rester à Bruxelles. Le parlement pris possession de « l’Hôtellerie » située sous le cap de la Hève. Politiques, industriels, professions libérales, ouvriers des usines d’armement, au total plus de 12000 civils auxquels se joignirent en 1917 13000 soldats, vécurent au Havre. Or si la municipalité de Sainte-Adresse est restée française, les bâtiments occupés par les autorités belges y jouirent de l’extraterritorialité. Quant aux populations exilées en France, elles furent réparties sur 41 départements français.

Le 14 octobre 1914, le général Joffre réserva le port de Calais à l’armée belge : ce fut la principale base de guerre belge jusqu’en 1919. Le port de Gravelines-Bourbourg devint Belge lui aussi.

L’une des conséquences de l’extraterritorialité donnée par le gouvernement français au gouvernement belge fut qu’il put employer ses propres timbres-poste.

Toutefois, cette poste belge en France recouvre deux réalités bien distinctes : d’une part, les opérations effectuées au Havre et à Sainte Adresse par des ressortissants belges, d’autre part les opérations postales des unités (Division d’armée) en campagne.

Le Havre Sainte-Adresse

Un bureau spécial pour les opérations des ressortissants belges a utilisé le timbre à date du Havre à partir du 18 octobre 1914. Le 28 octobre, il fut remplacé par un timbre à date spécifique « Le Havre Spécial », qui fut utilisé jusqu’au 14 octobre 1915.

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Du 15 octobre 1915 jusqu’au 22 novembre 1918, c’est un troisième cachet, bilingue celui-ci, qui fut utilisé. Ste ADRESSE °POSTE BELGE – BELGISCHEPOST°

Timbres belges de l’émission en cours en 1914 à Sainte Adresse en date du 28 octobre 1914
(1er jour symbolique du cachet le Havre spécial)

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On trouve ces timbres à date sur des plis en franchise, sur les timbres belges de l’émission en cours, exceptionnellement, sur des timbres français, voire anglais, pour des courriers qui auraient été confiés aux soins de la poste belge.

Poste militaire

Cachets PMB (postes militaires belges) / BLP (België Legerposterij)

Chaque grande unité (Division d’Armée) de l’armée belge fut dotée d’un cachet spécifique portant le numéro de la division. Le type uniforme de ce timbre à date en rend l’identification aisée, même si de nombreuses variantes existent.

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Sans numéro : Bureau centralisateur principal à Calais
1 : 1ère division d’armée d’abord à Gand, puis en position à Schoore, enfin derrière une ligne Nieuport-Dixmude
1A : Bureau centralisateur secondaire de Coudekerque
2 : 2ème division d’armée d’abord à Anvers, puis en avant de Nieuport
3 : 3ème division d’armée d’abord à Liège, puis vers Lampernisse
4 : 4ème division d’armée d’abord à Namur et Charleroi, derrière Anvers et finalement à Wulpen
5 : 5ème division d’armée d’abord à Mons, puis dans le secteur de Noordschoote
6 : 6ème division d’armée d’abord à Bruxelles, puis Anvers, enfin dans le secteur de Dixmude
7 : 1ère division de cavalerie d’abord à Bruxelles, puis vers Roulers, enfin sur Dixmude
8 : 2ème division de cavalerie d’abord à Gand, puis entre Nieuport et Furnes
8bis : Formations stabilisées à Furnes

Ces oblitérations peuvent se retrouver sur des lettres ou cartes en franchise (dans l’immense majorité des cas), sur timbres français (ou anglais), parfois sur affranchissements mixtes.

Là encore, le plus difficile pour nous sera de trouver ces cachets sur 25 c bleu (tarif pour l’étranger ou taxe de recommandation)

Sans numéro, bureau centralisateur principal à Calais, 20 juillet 1915

pmb sans numéro 1915

Marques des formations belges en France assurant la franchise

Cachets des centres d’Instruction de l’Armée belge

Ces centres furent assez nombreux : Avranches, Ardres, Audruicq, Auvours, Bayeux, Carentan, Carteret, Coutances, Criel-sur-Mer, Dieppe, Eu, Fécamp, Gaillon, Granville, Gravelines,  Grand Fort Philippe, Honfleur, Saint-Lô, Valognes. Parfois la simple mention de l’identité de l’expéditeur suffisait à accorder la franchise.

Centre d’instruction de l’armée belge de Saint Lo, 13 mai 1915

Croix Rouge esffb (étiquette verte)

Centre d’instruction de l’armée belge de Carteret, 31 juillet 191

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Carteret Verso Belge.png

La mention du centre d’instruction est portée au verso : « Soldat à la 5ème Compagnie, 5ème CI / Carteret (Manche) »

Cachets des commandants de place (Calais, Rouen, Honfleur)

Cachets des formations sanitaires

Hôpital militaire belge
Hôpital militaire belge de Fontgombault, 16 janvier 1917

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Pendant le conflit, les bâtiments de l’ancienne abbaye de Fontgombault furent aménagés en hôpital militaire pour les blessés de l’armée Belge. Cet hôpital fut ouvert du 18/04/1915 au 12/12/1918. 6279 militaires belges y furent accueillis. 

Hôpital militaire belge de Villiers le Sec, 2 février 1916

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Hôpital complémentaire
Hôpital complémentaire n° 82 d’Avranches, 18 mai 1915Recto HOPMI Avranches 82.png

verso HOPMI Avranches 82.png Il y avait deux hôpitaux complémentaires à Avranches, l’hôpital civil n°35 et le n°82 . Ils fonctionnèrent tous les deux de la fin février 1915 au 9 décembre 1916

Dépôt des convalescents

Cachets des auditorats (Calais, Caen, Rouen et 3 ème division armée)

Marques diverses

  • Poste Militaire Belge (griffe linéaire 47 mm)
  • Postes Militaires / Belges098_001
  • Postes Militaires / Belges / Belgie-Legerpost
  • Correspondance(s) Privée(s)
  • Postes Militaires Belges / Correspondances Privées (hôpital belge de Montpellier)
  • Postes Militaires / Belgique
  • SM / Armée Belge
  • Postes Militaires Belges / Parigné l’Evêque
  • Mission militaire belge à Paris

Cachets de Vaguemestres

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Contrôle postal

La censure belge est devenue réelle à partir de février 1915. Il s’agissait alors surtout de contrôler les correspondances à destination des Pays Bas, restés neutres et potentiels intermédiaires de l’Allemagne. En France, les civils belges réfugiés et répartis hors de la zone des armées utilisaient tout naturellement la poste civile. Les militaires belges en campagne  voyaient quant à eux le courrier contrôlé par la poste militaire.

Le contrôle s’effectuait au niveau de chaque corps d’armée, puis dans deux commissions principales, l’une à Calais, l’autre à Folkestone. Les commissions disposaient de cachets spécifiques et de bande de fermeture.

Marques de censure

  • Censure militaire (44 mm)

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  • Censure militaire (49 mm)
  • C.F. (dans un cercle, 19 mm) de Boulogne sur Mer

Quand les correspondances étaient transmises au GQG, parce que cela intéressait le service des renseignements, ou que le sens fut douteux, celui-ci apposait un cachet humide « VU: à la censure du C.Q.G Belge/ Le Chef de bureau »

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Bandes de fermeture

Chaque bande blanche de fermeture devait porter le numéro et le paraphe personnel du lecteur. Les bandes vertes de Calais et les bandes roses de Folkestone indiquaient que le courrier avait été non lu mais qu’il avait subi un examen chimique.

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Postes militaires belges, Calais pour Dordrecht, Pays Bas. Contrôle militaire effectué à Calais, avec recherche chimique. Notons que le destinataire, Jean Tordeur, était connu pour être un passeur de courrier avec les régions belges envahies, via les Pays Bas.

Bandes de fermeture destinées à fermer les correspondances passées au GQG

  • Censure militaire (en rouge avec un cadre à double filet, en bleu ou rose vif)
  • Censure militaire (en rouge avec un cadre à double filet, en bleu ou rose vif) portant un numéro imprimé et un paraphe à cheval sur la griffe et la bande.

Bibliographie

Sur la poste belge

http://www.legerposterij.be/

Sur les services de santé

http://www.1914-1918.be/service_sante_etablissements.php

Sur la bataille de l’Yser

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_l’Yser
http://www.normandie-1914-1918.com/struc_belges/gouvernement_belge/index.html
L’action de l’armée belge pour la défense du pays et le respect de sa neutralité, Marc IMHAUS et René CHAPELOT, Editeurs, Paris 1915
https://en.wikipedia.org/wiki/Belgian_Army_order_of_battle_%281914%29?oldid=318651890

Sur la Normandie

http://archives.lehavre.fr/delia-CMS/archives/site/article_id-/sstopic_id-/topic_id-761/topic_parent_id-751/le-service-educatif.html
https://www.rtbf.be/14-18/thematiques/detail_un-exil-l-installation-du-gouvernement-belge-a-sainte-adresse-en-1914?id=8264534
http://www.1914-1918.be/france_terre_hospitalite.php