Secteur postal 209 Ems 1923

La Rhénanie fut envahie à partir de 1923 jusqu’à 1925, après une décision arrêtée en novembre 1922. Les troupes françaises qui y étaient stationnées étaient la plupart du temps casernées. C’est en partie cette situation qui fit que le service postal militaire fut effectif jusqu’à la fin de l’occupation et ainsi, les secteurs postaux, qui avaient été adoptés durant la guerre, finirent par désigner non seulement les troupes auxquelles ils se rattachaient mais encore les lieux, localités, villes concernées par cette occupation.

L’Essentiel des renseignements est livré dans Stéphane STROWSKI, Les estampilles postales de la Grande Guerre, cependant, il arrive des surprises. Ainsi ce SP 209, inconnu de Strowski pour ce qui concerne l’occupation de la Rhénanie, lequel semble bien être d’EMS. Pour autant le texte ne semble pas annoncer de casernement mais une réquisition d’appartements meublés.. L’auteur témoignant de son ennui de la nourriture d’hôtel ! Ce secteur en 1914 était celui du bureau payeur du Bourget. Il servit de la même façon en mars 1915 à Belfort. Le SP a proprement parler fut créé en décembre 1916 pour les éléments stabilisés de la IIIème armée puis affecté aux « éléments non endivisionnés » du 2ème corps de cavalerie en janvier 1918.


CARTE POSTALE BAD EMS obl TRESOR ET POSTES * 209 * 1923

Incident de traitement du courrier

Lorsqu’un envoi a été confié aux services postaux et s’est retrouvé à un moment déchiré ou abîmé dans les locaux de l’administration, celle-ci reconditionne l’objet.

Soit le courrier peut encore circuler en l’état, dans ce cas l’administration applique une bande de fermeture destinée à cet effet et un agent « répare » donc le courrier avant de le remettre pour distribution ;  soit ce courrier est trop abîmé et dans ce cas, un préposé place d’abord ce courrier accidenté dans une enveloppe spéciale.

Ce fut le cas ici :

Libourne, 16 septembre 1924 pour le consulat de Suisse à Bordeaux.

Cachet Paquebot Lutetia

La convention postale universelle de Madrid d’octobre 1920 mentionnait dans son article 5, le point suivant : « les correspondances déposées en pleine mer dans la boîte d’un paquebot ou entre les mains des agents des postes embarqués ou des commandants de navire peuvent être affranchies au moyen des timbres-poste et d’après le tarif du pays auquel appartient ou dont dépend ledit paquebot. Si le dépôt à bord a lieu pendant le stationnement aux deux points extrêmes du parcours ou dans l’une des escales intermédiaires, l’affranchissement n’est valable qu’au tant qu’il est effectué au moyen des timbres-poste et d’après le tarif du pays dans les eaux duquel se trouve le paquebot.« 

C’est ainsi que la mention PAQUEBOT s’est retrouvée apposée, soit à la main, soit au moyen de la griffe du bateau sur les correspondances déposées à bord dans les boites mobiles ou remises aux mains des agents embarqués ou encore au bureau de poste.

Paquebot Lutetia- 23 février1922, cachet Lutetia paquebot

Memel : tarif imprimé pour l’étranger

Alors que les timbres émis pour le territoire de Memel se rencontrent très facilement détachés, voire sur plis philatéliques, ceux-ci sont beaucoup moins fréquents sur les correspondances postales ordinaires. Nous avons déjà mentionné l’histoire postale de ce territoire qui fut occupé par la France de 1920 à 1923 dans une page spéciale que l’on peut retrouver ICI.

Le premier timbre semeuse 25c bleu surchargé, le fut à 20 pfennig. Ce qui permettait l’utilisation seul ou multiple assez facilement, à partir de juillet 1920 (émission) dans le tarif de mai1920 comme dans le suivant du 1er avril 1921. En revanche, à partir du 1er janvier 1922, sauf à imaginer des multiples encombrants (12 timbres sur une carte postale au tarif de 2, 40 Marks), ce 20 pf fut remplacé par ceux des autres émissions surchargées.
On notera tout de même que l’émission prévue pour le tarif de janvier 1922 (24 janvier) comprenait une série de 20 timbres… dont 9 ne correspondaient à aucun usage !

C’est la raison pour laquelle un usage au tarif est remarquable, comme sur la correspondance ci-dessous.

memel x 3 1921 imprimés

Memel, imprimé 2ème échelon pour la France, 21 décembre 1921

George H. Jaeger était un marchand de timbres bien connu à Liepaja, (Libau sur la bande pour imprimé) en Lettonie, mais aussi donc à Memel. Il existe de nombreux courriers à destination et en provenance de lui au fil des ans en Allemagne, tous évidemment parfaitement affranchis.

Cachet Paquebot Massilia

La convention postale universelle de Madrid d’octobre 1920 mentionnait dans son article 5, le point suivant : « les correspondances déposées en pleine mer dans la boîte d’un paquebot ou entre les mains des agents des postes embarqués ou des commandants de navire peuvent être affranchies au moyen des timbres-poste et d’après le tarif du pays auquel appartient ou dont dépend ledit paquebot. Si le dépôt à bord a lieu pendant le stationnement aux deux points extrêmes du parcours ou dans l’une des escales intermédiaires, l’affranchissement n’est valable qu’au tant qu’il est effectué au moyen des timbres-poste et d’après le tarif du pays dans les eaux duquel se trouve le paquebot.« 

C’est ainsi que la mention PAQUEBOT s’est retrouvée apposée, soit à la main, soit au moyen de la griffe du bateau sur les correspondances déposées à bord dans les boites mobiles ou remises aux mains des agents embarqués ou encore au bureau de poste.

En France, seule la petite griffe « PAQUEBOT » non encadrée a été utilisée. Cependant ce ne fut pas le cas partout et on rencontre différents types, encadrés ou pas, en français « paquebot » ou en traduction.

Lisbonne a ainsi utilisé soit la griffe PAQUEBOT, soit la griffe PAQUETE seule. C’est le cas sur le pli ci dessous.

Paquebot MASSILIA – 23 septembre 1922, cachet Lisboa Central et griffe PAQUETE

La date du 23 septembre n’est pas anodine. C’est en effet ce jour là que le MASSILIA en provenance de Bordeaux arrivait à Lisbonne avant de reprendre sa route vers Buenos Aires, comme le montre le descriptif de la compagnie :

Bureaux de rassemblement

Au moment de la déclaration de guerre, toute la correspondance pour les mobilisés devait être acheminée sur le dépôt du corps d’armée auquel ils appartenaient. En effet, le public ignorait si un homme était encore en zone intérieure ou déjà en zone des armées, et le cas échéant, sur quelle partie du front il se trouvait. Le courrier destiné aux armées était trié par les vaguemestres qui le remettait à la poste civile pour l’expédier sur un bureau spécial nommé Gare de Rassemblement, non loin d’une grande gare.

Ces bureaux de rassemblement « rassemblaient » donc tout le courrier et le dirigeaient soit sur le Bureau Central Militaire, (BCM) soit vers un bureau-frontière. Le BCM, situé à Paris, (il y eut un court moment où le BCM fut à Bordeaux, il y eut aussi un BCM à Marseille pour l’armée navale), faisait le tri et acheminait les correspondances vers les bureaux-frontière. Ces derniers étaient nommés ainsi, non pas parce qu’ils se trouvaient au contact d’une frontière de la République, mais dans une zone entre administration postale civile et administration postale militaire, ou si l’on préfère entre une zone des combats, dite zone des armées et une zone en dehors des combats, dite zone de l’intérieur.

D’après Strowski, il y eut 24 gares de rassemblement. Aux vingt premières du plan initial d’entrée en guerre s’ajoutèrent en effet, un 21ème gare correspondant au 21ème corps métropolitain, puis une autre pour le 22ème corps colonial. Deux autres gares complétèrent le dispositif: l’une pour les correspondances et paquets pour les troupes du sud-est envoyées en Afrique et une autre pour le 31ème corps, qui n’eut cependant pas de cachet postal.

Ces cachets existent en noir mais aussi dans d’autres couleurs, indifféremment. Ils étaient complétés par une griffe linéaire horizontale composée de deux rectangles superposés. Parfois le cachet est donné par une empreinte négative du cachet destiné aux scellements à la cire. Sauf exception, ils n’ont pas été apposés sur les lettres destinées aux particuliers.

CACHET RASSEMBLEMENT 12° CORPS  – ENVELOPPE du COMMISSAIRE
de la GARE de Saint Sulpice (Haute Vienne)

Le 22 octobre 1914, décision fut prise de pouvoir envoyer directement les correspondances au BCM. Avec l’invention des secteurs postaux, les gares de rassemblement n’eurent plus de raison d’être et, en août 1915, elles furent supprimées.

Occupation militaire française en Syrie – Variété S de piastre renversé

En 1919 le territoire de l’ancienne Syrie fut divisé en deux parties administrées l’une par la France à l’Ouest et l’autre par les britanniques à l’Est.

A cette date, les premiers timbres de Syrie furent émis. Il s’agissait de timbres de métropole surchargés T.E.O., pour Territoire Ennemi Occupé, les bureaux, dont le service était assuré par les anciens personnels civils syriens, fonctionnant sous la surveillance des autorités militaires. En 1920 les territoires syriens disposèrent de leurs propres tarifs postaux mais il fallut attendre mai 1921 pour que l’ensemble des territoires sous mandat français disposât d’une unité postale.

Émission de mai 1920

L’arrêté n° 129 du Haut Commissariat en date du 31 mars 1920 créa la livre syrienne divisée en 100 piastres. A compter du 1er mai 1920, la monnaie syrienne devenait monnaie officielle et le rapport de conversion était fixé à 3 piastres syriennes pour 1 piastre égyptienne, la piastre syrienne étant égale à 20 centimes.

Cependant cette tarification ne dura qu’un mois, car elle était totalement disproportionnée par rapport aux tarifs postaux français et à ceux de l’UPU  En effet le port d’une lettre admis par les règlements de l’Union Postale Universelle était de 25 centimes soit 1 piastre 25. En vertu des règlements postaux internationaux la poste locale était dans l’obligation d’accepter ce tarif sans aucune surtaxe. Enfin, il était plus avantageux de ne pas affranchir ses lettres au départ de Syrie, puisque malgré la double taxe payée à l’arrivée le coût d’une lettre revenait à 50 centimes soit 2,50 piastres au lieu des 3 piastres soit 60 centimes exigés par l’office postal du Haut Commissariat.

On comprend donc bien que ce timbre à 3 piastres était destiné à n’avoir qu’une faible durée de vie. C’est la raison pour laquelle il a été remplacé dès le mois de juin de la même année par un timbre à 2 piastres.

Ce timbre à 2 piastres montre une surcharge apposée typographiquement à plat à l’imprimerie Gédéon à Beyrouth sur des feuilles de 150 timbres avec millésimes à l’encre noire brillante, ou rouge mate sur papier G.C son tirage fut de 562 000 ex.

Une case particulière (case 96) mérite l’attention du collectionneur : le S de piastre y est inversé.

Syrie – 1920 – n°Yv. 37 (Maury 40 II ) – Semeuse 2pi sur 25c – variété S renversé dans bloc de 18 papier GC

Variété S renversé case 96

Bureau français à l’étranger – Rhodes

Il y a eu jusqu’à 16 bureaux français en mer Égée, en comptant Castellorizo. Presque tous ont fermé avec le début de la Première Guerre mondiale. Seuls Rhodes est resté actif, au même titre que les bureaux des Dardanelles ou encore Constantinople ou Smyrne dans les Détroits, qu’Alexandrie ou Port Saïd en Égypte.

Bureau de Distribution, ouvert en septembre 1852, fonctionna jusqu’à septembre 1887. Fermé, puis ouvert de nouveau en janvier 1896 il devint Bureau de Recette vers 1911-1912, il fut fermé définitivement en septembre 1924.

rhodes-turquie-dasie

Rhodes, 30 mai 1924, tarif  pour l’étranger à 75c

 

Oblitération allemande de Colmar sur CP avec cachet du contrôle postal militaire

Contrôle des correspondances civiles de la zone des armées

A partir de 1915, les civils, dans la zone des armées, virent leur courrier contrôlé par les militaires. La correspondance pour un destinataire local n’était contrôlée qu’en cas de nécessité. En revanche la correspondance pour les pays neutres devait être intégralement contrôlée. Toutes ces correspondances étaient ouvertes, contrôlées localement, puis adressées à la CCP frontière selon la destination. Dans le cas d’une carte postale, « l’ouverture » n’existant pas, le cachet ovale du contrôle militaire de l’officier lecteur attestait du contrôle.

Carte postale de Colmar (cachet allemand) du 22 décembre 1918 pour la Suisse, tarif lettre avec un cachet ovale double avec la mention « contrôlé par l’autorité militaire » et 119 comme numéro d’ordre (6ème armée).

Transport aérien lignes Latécoère, 1919-1927

Pierre-Georges Latécoère (1883-1943), constructeur d’avions, imagina en 1918 une ligne aérienne reliant la France au Sénégal en passant par l’Espagne et le Maroc. Dès septembre 1919, il créa une ligne postale entre la France et le Maroc et le sud en général puisque des gens comme Henri Farman et Pierre de Fleurieu avaient déjà des dessertes vers l’Angleterre et l’Europe centrale. C’est la position de Toulouse qui allait décider de l’aventure et lancer des lignes postales par-dessus les Pyrénées vers l’Afrique française, et pourquoi pas vers l’Amérique du Sud. On retint de lui cette formule, en septembre 1918 : «J’ai fait tous les calculs. Ils confirment l’opinion des spécialistes : notre idée est irréalisable. Il ne nous reste plus qu’une chose à faire : la réaliser».

25 décembre 1918, premier vol Toulouse-Barcelone, par Pierre-Georges Latécoère lequel préfigura la liaison France-Maroc-Sénégal-Amérique du Sud ; un an plus tard, il inaugura la ligne Toulouse-Rabat pour le transport du courrier par avion.

C’est ainsi qu’est née l’idée de la Compagnie Générale d’Entreprises Aéronautiques (CGEA) qui créa puis exploita les lignes :

  • Toulouse-Casablanca : ouverture 9 mars 1919, la ligne devient régulière le 1er septembre 1919 avec 2 puis 3 puis 4 voyages hebdomadaires. A la demande du gouvernement, le 12 août 1922 fut mis en place un trajet quotidien.
  • Casablanca-Oran ouverture le 5 octobre 1922,
  • Casablanca-Dakar (par Agadir, Cap Juby, Villa Cisneros, Port-Étienne, Saint-Louis) inaugurée le 1er juin 1925

En 1922, la compagnie créa les enveloppes par avion à bordure rouge, spécifiques de la ligne Latécoère, facilitant ainsi le tri du courrier.

 Viriville pour Casablanca via Marseille (PAQUEBOT) et Toulouse,
affranchissement à 25c  + 50c de surtaxe aérienne, arrivée à Casablanca le 19/10/1922

Entre 1919 et 1927, on dénombra de nombreux accidents sur les Bréguet 14, des lignes Latécoère : pannes de moteur, mauvaises conditions météo, manque de liaisons radio, pillage par les tribus Maures qui capturaient les aviateurs contraints à un atterrissage forcé sur leurs territoires et ne les rendaient que contre de fortes rançons… On a compté 35 morts, mais la ligne continua.

 

Page spéciale : https://semeuse25cbleu.net/miscellanees/la-naissance-du-service-postal-aerien/