L’armée d’orient créée en octobre 1915 servit de poste avancé lors de l’offensive de 1918. Cette armée a été moins connue que les autres par les populations civiles, essentiellement du fait de l’éloignement, du fait aussi qu’on l’avait souvent considérée comme une aventure coloniale sans plus d’intérêt. Pourtant, c’est la rupture du front de Macédoine qui fut à l’origine de la demande par le Maréchal Hindenburg au chancelier Max de Bade du renouvellement d’une demande de paix immédiate.
Il convient d’abord de limiter le cadre de cette présentation. L’action militaire au Levant comporta plusieurs volets : d’une part, la tragique intervention des Dardanelles du printemps de 1915, puis les opérations autour du camp de Salonique qui se poursuivirent jusqu’au Danube à la fin de l’année 1918, enfin l’occupation française en Orient après l’armistice.
Après un échec naval, véritable désastre pour français et anglais, dans les détroits qu’on n’avait jamais tenté de forcer depuis 1807, lesquels étaient bien défendus par les turcs aidés des sous marins allemands, les lords de l’amirauté anglais se persuadèrent de la nécessité d’un débarquement et d’opérations terrestres.
Les difficultés logistiques étaient énormes (notamment le ravitaillement en eau, assuré par rotation de navire citerne depuis l’Égypte) et associaient aux combats de la Grande Guerre des combats de types coloniaux. Pire, après l’échec de Gallipoli, les anglais et les français se retrouvèrent débordés par les ottomans. Les français particulièrement étaient renfermés sur une bande côtière au sol rocailleux rendant les travaux (tranchées par exemple) particulièrement compliqués.
Si durant l’année 1915, l’armée serbe s’était montrée efficace, l’entrée en guerre des Bulgares, en septembre 1915, provoqua son effondrement et le repli à Corfou. De leur côté, les troupes françaises se replièrent sur la Macédoine et un autre front s’ouvrit alors, celui de Salonique qui devint un véritable camp retranché de près de 300 000 hommes (les effectifs français ne cessèrent d’y grandir, passant de 56 000 hommes à 225 000 entre 1915 et décembre 1918).
Les conditions combattantes étaient exécrables : à Salonique l’eau était rare et souvent polluée, or il fallait approvisionner quotidiennement les 300 000 hommes du camp retranché. Aux étés torrides succédèrent des hivers particulièrement pluvieux. Le bilan humain de l’armée d’Orient est catastrophique. Dans «L’armée d’Orient, des expériences combattantes loin de Verdun», Cahiers de la Méditerranée, 81 | 2010, (http://cdlm.revues.org/5498 ) François COCHET rappelle [qu’] « Outre 70 000 tués, disparus ou décédés de maladies, il faut ajouter 44 500 blessés, 283 500 malades, dont 90 000 de maladies contagieuses. Le typhus, la dysenterie, le paludisme font des ravages sur ce front, alors qu’ils n’existent pratiquement pas, la dernière affection notamment, sur le front occidental. »
Concernant cette présentation
Le défi pour nous maintenant sera de trouver une semeuse « 25 c bleu » … sur un courrier posté essentiellement en franchise et difficilement identifiable quant à son origine à partir de 1917 et jusqu’à la fin de la guerre, sauf sur envois recommandés. En effet, à partir de l’été 1917, les numéros des timbres à date utilisés par les secteurs postaux furent grattés. Cette mesure fut prise pour des raisons de sécurité : même si cela était parfois difficile, le numéro de secteur postal permettait d’identifier l’armée d’origine du courrier et la localisation. On ne retrouve donc après cette date et jusqu’à l’armistice de numéros que sur timbres à date utilisées sur des lettres recommandées. En revanche dès 1919 les numéros de secteurs postaux réattribués furent de nouveaux mentionnés.
Corps Expéditionnaire d’Orient (C.E.O.) et Corps Expéditionnaire des Dardanelles (C.E.D.)
Carte postale 1915 : le théâtre de la guerre aux Dardanelles
C.E.O. aux Dardanelles du 22 février au 4 octobre 1915
Timbre à date « TRESOR ET POSTES » avec double cercle (23/12 mm)
Secteur Postal 194 à Alexandrie puis Gallipoli
- à Alexandrie de la fin mars au 16 avril 1915
- à Gallipoli du 16 avril au 2 octobre 1915
Le Corps Expéditionnaire d’Orient reçut un secteur postal, numéro 194 qui servit à Alexandrie de la fin mars au 16 avril 1915 puis à Gallipoli (Dardanelles) du 16 avril au 2 octobre 1915.
Lettre recommandée du 12 mai 1915, secteur postal 194, pour Castelnavet (Gers)
Secteur Postal 198 à Moudros puis Salonique
- à Moudros d’avril 1915 à fin septembre 1915
Trésor et Postes 198, Moudros 27 septembre 1915, Salonique, 11 octobre 1915
vu en vente en ligne novembre 2017
- à Salonique à partir de fin septembre 1915
Trésor et Postes 198, Salonique, 2 octobre 1915
Secteur Postal 409 : 2ème division
- à Marseille en janvier 1915
- à Gallipoli d’avril 1915 au 4 octobre 1915
14 janvier 1915, cachet du 16ème Train du CEO
C.E.D. aux Dardanelles du 4 octobre 1915 au 11 janvier 1916
Timbre à date « TRESOR ET POSTES » avec simple cercle (26 mm)
Secteur Postal 194 à Gallipoli
- 25 septembre 1915
Secteur Postal 198 à Moudros
- octobre 1915 (devient par la suite 506)
Secteur Postal 409 dans les Dardanelles
- jusqu’au 5 octobre 1915 (devient 503)
16 juin 1915, troupes en opération
Secteur Postal 506 et 506 B, 506 C : Base de Moudros
Moudros (en Grec Μούδρος) est une ville située sur l’île grecque de Lemnos qui possédait le plus grand golfe de Méditerranée ce qui en faisait un lieu d’une grande utilité pour les militaires lors de guerre, pour la flotte en particulier.
Lettre pour le SP 198, de Lyon, 10 octobre 1915.
Arrivée à Moudros, 21 octobre, cachet du SP 506 le 3 novembre 1915,
vu en vente en ligne novembre 2017
Le retour de Moudros commença en octobre 1915 et se poursuivit jusqu’au début de 1916 comme en témoigne cette carte ci dessous.
Secteur Postal 506 A : Base de Mitylène
Armée d’Orient et Armée Française d’Orient
Les premiers éléments du corps expéditionnaire des Dardanelles débarquant à Salonique le 5 octobre 1915 formèrent l’Armée d’Orient (AO), au sein des Armées françaises en Orient. A partir du 11 août 1916, les forces françaises de l’Armée d’Orient (AO) constituèrent l’Armée française d’Orient (AFO). L’AFO était sous les ordres du Commandement des Armées alliées en Orient (CAA). Cette armée devint l’Armée de Hongrie le 1er mars 1919 jusqu’à sa dissolution le 31 août 1919. Une seconde formation de l’AFO intervient le 10 septembre 1919 en remplacement de l’Armée du Danube. Cette armée aux effectifs réduits a été déployée en Bulgarie, Hongrie, Russie, Roumanie et Turquie jusqu’en 1920 voire 1922 ou 1923 pour certains secteurs.
Marseille, tête de ligne d’étapes de l’armée d’Orient
Affranchissements du bureau central militaire : cachet de dépôt, pharmacie…
Marseille a été un bureau central militaire pour les opérations de la guerre en Orient. On trouve des cachets de dépôt (114° RT, 10° RA, pharmacie générale, isolés métropolitains…) des cachets du matériel de réserve, de la base américaine N°6, des « Indous » de Marseille, des convois automobiles.
17 mai 1917, Convoi Autos TM 359 (cachet violet)
du Corps Expéditionnaire d’Orient, SP 510 (cachet SP 509), BCM de Marseille
Lignes d’étapes terrestres d’Italie
Dans la zone des étapes, le courrier civil était interdit. Seul pouvait circuler le courrier à caractère administratif et économique (nécessaire à l’effort de guerre) ainsi que le courrier destiné aux prisonniers de guerre. Dès lors l’utilisation de notre semeuse devient là, très compliquée.
Les cachets des lignes d’étapes concernent le commissaire de la gare de Samperdarena, de Livourne, de Gènes, de Bari… le commandant de La Spezia, la base militaire de Tarente, la mission de ravitaillement de Naples. Cela concerne aussi les les secteurs postaux de l’armée d’orient (SP 525 devenu SP 603 A et SP 604… On connait aussi les cachets des vaguemestres d’étapes du SP 604 N°1 (rouge) et N°2, (noir).
Secteur postal 525 : vaguemestres d’étapes de Tarente
Ce secteur postal attribué à Tarente (SP 525) est devenu le secteur attribué à Livourne (SP 603, SP 603 A et SP 604) le 10 février 1918 (cf Strowski)
Tarente, 3 octobre 1917, sp 525
Secteur postal 603, 603 A et 604 : vaguemestres d’étapes de Livourne
Livourne, 7 septembre 1918, sp 604
Lignes d’étapes d’Itea
Itea est situé sur la côte nord du golfe de Corinthe, au sud-ouest de Delphes. L’armée française y avait installé une base navale permettant d’effectuer la liaison avec Tarente.
Secteur postal 511 et 511 A : Affranchissement des vaguemestres d’étapes à Itea et Bralo
SP 511, Carte Postale d’Itea, 6 septembre 1917
SP 511A, cachet de Bralo (base navale annexe d’Itea), 14 janvier 1918
Armée d’Orient – région de Salonique
Après leur défaite aux Dardanelles, les troupes alliées franco-britanniques se sont repliées sur Salonique, place à partir de laquelle elles tentèrent de porter secours à l’armée serbe.
L’armée d’Orient était constituée des
- 156e division d’infanterie (octobre 1915)
- 57e division d’infanterie (octobre-novembre 1915)
- 122e division d’infanterie (octobre-novembre 1915)
- 17e division coloniale (février 1916)
- 30e division d’infanterie (septembre-décembre 1916)
- 76e division d’infanterie (septembre-décembre 1916)
- 11e division coloniale (septembre-décembre 1916)
- 16e division coloniale (septembre-décembre 1916)
- Une brigade de cavalerie (dix escadrons, cinq régiments, de zouaves, spahis marocains, chasseurs d’Afrique)
- De trois escadrilles d’aviation (corps d’armée, chasse et bombardement)
On pourra suivre ce corps expéditionnaire sur la troisième édition du relevé cartographique des cartes de l’Empire austro-hongrois (cartes au 1:200 000), publiées entre 1900 et 1912, disponibles ici : Université Eötvos Loränd – Budapest département de Cartographie et de Géographie ; notamment les trois cartes de Monastir (39°-41° relevé 1900), Edessa (40°-41° relevé 1904), Salonique (41°-41° date inconnue peut-être1912).
D’autres cartes sont disponibles ici : index des feuilles des cartes générales d’Europe Centrale
Camp de Salonique
Timbre à date « TRESOR ET POSTES » avec simple cercle (26 mm)
Secteur Postal 409 : Division de Serbie
- à Salonique le 5 octobre 1915 (devient 503)
Secteur Postal 501 et 501 A, 501 B, 501 C, 501 D : Quartier général de l’Armée française d’Orient
- à Salonique d’octobre 1915 à août 1916
- à Florina ensuite
Secteur Postal 502 et 502 A, 502 B, 502 C, 502 D : Commandement des Armées Alliées (CAA) et direction de l’Arrière à Salonique
Service de santé, 9 février 1918
Secteur Postal 510 et 510 A, 510 B, 510 C, 510 D, 510 E, 510 F : Commandement des Armées Alliées en Orient à Salonique
SP 510, lettre recommandée , 11 mars 1917 pour Wesen, Suisse
Secteurs en activité en dehors de Salonique
On pourra recourir à certaines cartes : Florina / Monastir ou encore Vodena / Edessa.
Les armées françaises étaient déployées en éventail dans la partie à l’ouest et au nord du camp de Salonique. Les armées serbes étaient déployées au nord de Salonique, les britanniques occupaient l’est.
A noter : cartes dans le domaine public : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bitola_map_1890.jpg et http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Edessa_and_Environs_1890.jpg
Secteur Postal 503 (ex 409) et secteurs postaux 503A, 503B, 503C : 156ème division d’infanterie
- à Zelowa / Zelova, Grèce non loin de Vigla Pisoderi (à l’ouest de Florina) en juin 1917
- à Lescovec en jusqu’en février 1918
- à Monastir en août septembre 1918
- engagé dans la rupture du front en novembre 1918 (Manoeuvre d’Uskub – Skopje)
La 156 ème division d’infanterie était composée comme suit durant la guerre :
- 7e Régiment Mixte Colonial de mars à octobre 1915
- 8e Régiment Mixte Colonial de mars à octobre 1915
- 175e régiment d’infanterie d’octobre 1915 à novembre 1918
- 176e régiment d’infanterie de mars 1915 à novembre 1918
- 1er Régiment de Marche d’Afrique d’octobre 1915 à novembre 1918
- 2e Régiment de Marche d’Afrique de mars 1915 à septembre 1917 (dissolution)
SP 503A, 21 avril 1918, de Zelowa (à cette date le numéro de secteur aurait dû être effacé)
Secteur Postal 505 (ex 194) : 17 ème Division d’Infanterie Coloniale et 505 A, 505 B, 505 C
- à Florina en juillet 1917
- à Tourane (?) fin juillet 1917
- à Brnick en août 1917
- à Neokazi le 18 novembre 1917
- à Lescovec en février 1918
- à Monastir après l’engagement dans la boucle de la Cerna en septembre 1918
- à Salonique en janvier 1919
La 17 ème Division d’Infanterie Coloniale était composée comme suit :
- 175e régiment d’infanterie février à octobre 1915
- 1er Régiment de Marche d’Afrique de mars à octobre 1915
- 4e Régiment Mixte Colonial de mars à octobre 1915
- 6e Régiment Mixte Colonial de mars à octobre 1915
- 4e Régiment de Marche de mars à octobre 1915
- 6e Régiment de Marche de mars à octobre 1915
- 57e Régiment d’Infanterie Coloniale d’octobre 1915 à février 1916
- 58e Régiment d’Infanterie Coloniale d’octobre 1915 à février 1916
- 54e Régiment d’Infanterie Coloniale d’octobre 1915 à novembre 1918
- 56e Régiment d’Infanterie Coloniale d’octobre 1915 à août 1918 (dissolution)
- 1er Régiment d’Infanterie Coloniale de février 1916 à novembre 1918
- 3e Régiment d’Infanterie Coloniale de février 1916 à novembre 1918
- 54e Régiment d’Artillerie Coloniale
- Groupement de Bataillons Sénégalais
- 81e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais
- 93e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais
- 95e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais
- 96e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais
Le secteur n’a pas disparu après l’armistice et on le retrouve encore en 1921, à Constantinople. Notons que ce tarif du 1er juin portait la taxe d’affranchissement de la lettre à 75c, elle revint à 50 c le 1er août.
SP 505, Constantinople. Affranchissement à 75 centimes (x 3) : lettre 1er échelon.
Secteur Postal 508 et 508 A : 57ème division d’infanterie
- organisation du camp retranché de Salonique secteur de Daoudli, Kiorziné jusqu’au 5 mai 1916
- à Verria en août 1916
- à Korytza (Albanie) en janvier 1917
- à Lesnica après le 10 juin 1918
La 57ème division d’infanterie avait cette composition :
- 113e brigade
- 235e régiment d’infanterie d’août 1914 à novembre 1916.
- 260e régiment d’infanterie d’août 1914 à novembre 1918.
- 371e régiment d’infanterie d’août 1914 à novembre 1918.
- 114e brigade
- 242e régiment d’infanterie d’août 1914 à octobre 1917.
- 244e régiment d’infanterie d’août 1914 à octobre 1916.
- 372e régiment d’infanterie d’août 1914 à mars 1919.
Secteur Postal 509, 509A, 509B : 122ème division d’infanterie
- à Salonique en août 1915
- à Klestina le Bas le 20 novembre 1917
- à Verria d’avril à juillet 1918
- engagé dans la rupture du front en novembre 1918
- à Bohemica (Bohemista, grec Γοργόπη, Gorgopi) puis Trstenik (macédonien Трстеник)
La 122ème division d’infanterie avait cette composition
- 45e Régiment d’Infanterie de juin 1915 à novembre 1918
- 84e Régiment d’Infanterie de juin 1915 à novembre 1918
- 148e Régiment d’Infanterie de juin 1915 à novembre 1918
- 248e Régiment d’Infanterie de juin 1915 à septembre 1917 (dissolution)
- 58e Bataillon de Chasseurs à Pied d’octobre 1915 à octobre 1917
Secteur Postal 513, 513 A, 513 B, 513 C : 16ème division d’infanterie coloniale
- à Kozani et Grévéna en janvier 1917
- occupation de la zone de la Boucle de la Cerna à partir d’avril 1917
- à Verria en juin 1918
- engagé dans la rupture du front à partir d’août 1918 – Stroumitsa
- à Sofia (Bulgarie) puis Bucarest (Roumanie) en janvier 1919
La 16ème division d’infanterie coloniale avait cette composition durant la guerre
- 34e régiment d’infanterie coloniale de juin 1915 à novembre 1916
- 35e régiment d’infanterie coloniale de juin 1915 à novembre 1916
- 36e régiment d’infanterie coloniale de juin 1915 à novembre 1916 (dissolution)
- 37e régiment d’infanterie coloniale de juin 1915 à novembre 1918
- 38e régiment d’infanterie coloniale de juin 1915 à novembre 1918 (dissolution)
- 44e régiment d’infanterie coloniale de juin 1915 à novembre 1916
- 4e régiment d’infanterie coloniale de novembre 1916 à novembre 1918
- 8e régiment d’infanterie coloniale de novembre 1916 à novembre 1918
- 85e bataillon de tirailleurs sénégalais d’août 1917 à mars 1919
SP 513, 23 février 1917, en opération dans la Boucle de la Cerna
Cachet de contrôle de la CCP de Bourg en Bresse (numéro 415)
Secteur Postal 514, 514 A, 514 B, 514 C : 11ème division d’infanterie coloniale
- à Barechani (Барешани, Macédoine, sud de Monastir, aujourd’hui Bitola) mai 1917 – 5 juillet 1918
- engagé dans la rupture du front en novembre 1918
Composition durant la guerre : 21e Brigade Coloniale et 22e Brigade Coloniale
- 2e bis de Marche de Zouaves de novembre 1916 à mai 1917
- 34e Régiment d’Infanterie Coloniale de novembre 1916 à novembre 1918
- 35e Régiment d’Infanterie Coloniale de novembre 1916 à novembre 1918
- 42e Régiment d’Infanterie Coloniale de novembre 1916 à novembre 1918
- 44e Régiment d’Infanterie Coloniale de novembre 1916 à novembre 1918
- 21e Régiment d’Artillerie Coloniale de novembre 1916 à novembre 1918
Secteur Postal 515, 515 A, 515 B, 515 C : 30ème division d’infanterie
- à Bukovo (Буково, Macédoine, sud ouest de Monastir, aujourd’hui Bitola) en août 1917 jusqu’en septembre 1918
- engagé dans la rupture du front en novembre 1918
Composition de la 30ème division d’infanterie durant la guerre :
- 59e brigade d’infanterie
- 40e régiment d’infanterie
- 58e régiment d’infanterie
- 261e régiment d’infanterie (réserve)
- 60e brigade d’infanterie
- 55e régiment d’infanterie
- 61e régiment d’infanterie
- 173e régiment d’infanterie
- Cavalerie :
- 6e régiment de hussards (1 escadron)
- Artillerie :
- 19e régiment d’artillerie de campagne (3 groupes 75)
- Génie :
- 7e régiment du génie (compagnie 15/2)
Secteur Postal 516, 516 A, 516 B, 516 C : 76ème division d’infanterie
- à Kissovo (Serbie), le 20 août 1917 (Monastir aujourd’hui Bitola)
- à Kisoro – Dragos – Holeven, le 2 décembre 1917
- à Kissovo (Serbie), le 20 août 1917 (Monastir aujourd’hui Bitola)
- engagé dans la rupture du front en novembre 1918
La 76ème division d’infanterie avait cette composition durant la guerre :
- 157e régiment d’infanterie fin septembre 1916 à novembre 1918
- 163e régiment d’infanterie d’octobre 1914 à octobre 1916
- 210e régiment d’infanterie de juin 1915 à novembre 1918
- 227e régiment d’infanterie de juin 1915 à novembre 1918
- 5e régiment d’infanterie coloniale d’octobre 1914 juin 1915
- 6e régiment d’infanterie coloniale d’octobre 1914 juin 1915
Secteur Postal 517 et 517 A, 517 B : 38ème régiment d’artillerie à Salonique
- à Zeitenlick (aujourd’hui Stavroupoli, grec Σταυρούπολη), dépôt intermédiaire à partir de janvier 1917- ancien cimetière militaire français dans la zone urbaine de Thessalonique
- à Edessa (Vodena, grec Ἔδεσσα, turc Vodina) en juin 1918
- engagé dans la rupture du front en novembre 1918
Secteur Postal 517 A : Dépôt intermédiaire de Salonique, 517 B : Étapes de Fiorina ; 517 C : Étapes de Goritzia
Secteur Postal 518 : 145 ème régiment d’artillerie lourde (RAL)
Tous les groupes des régiments en Orient furent regroupés dans les Régiments suivants : 145ème et 345ème RAL, et 143ème et 343ème RAL colonial. Toutefois l’organisation et la filiation des unités sont assez difficiles à reconstituer. Le 145ème RAL a été engagé dans la rupture du front en septembre 1918. Il participe à la bataille de la Cerna, en appui des troupes serbes. En octobre, le 145ème RAL arriva à Nich, puis le 2 novembre à Belgrade où il retrouva l’armée du Danube.
Secteur Postal 520 et 520 A : 49ème BTS à Salonique
Secteurs à disposition de l’Armée Serbe
Secteur Postal 504 et 504 A, 504 B, 504 C : à disposition de l’armée serbe à Salonique.
Si l’île de Corfou était devenue le siège du gouvernement serbe en exil entre juin 1916 et 1918, l’armée serbe, pour autant n’était pas inactive ailleurs. Ainsi, 115000 hommes avaient ils été incorporés dans les troupes en opération composant trois armées, chacune de deux divisions avec en outre tous les services annexes. Afin de faciliter la communication des troupes serbes, un secteur postal avait été mis à disposition dans le cadre du camp militaire de Salonique. C’est le secteur postal 504.
29 mars 1918, SP 504 avec cachet serbe cyrillique sur le pli et marque de contrôle serbe.
Le pli est en outre passé par une commission de contrôle, soit à Salonique, soit dans une autre ville grecque où une commission française existait. Le cachet est du même type que le cachet métropolitain, mais avec un chiffre droit (ils sont numérotés de 1 à 10). On notera aussi la lettre O échoppée qui permettait de repérer le lecteur de la commission.
SP 504 avec marque de contrôle serbe sur lettre recommandée pour la Suisse
Secteur Postal 512 : bureau militaire français de Corfou
La Serbie, attaquée dès la déclaration de guerre par les armées austro-hongroises, remporta tout d’abord de nombreuses victoires. Or la défaite de la Serbie devint rapidement pour les puissances centrales une obligation morale et militaire. Morale car le pays tenait toujours face à la puissance des Habsbourg, militaire car le territoire privait l’Empire Ottoman du ravitaillement austro-allemand. En septembre 1915, la Bulgarie entra en guerre contre la Serbie, ce qui ouvrit un troisième front : les allemands et autrichiens attaquaient au nord, les bulgares à l’est et au sud.
Le 8 octobre Belgrade fut prise et les communications avec l’armée d’orient coupées après une tentative de retraite vers le sud et l’échec d’une expédition franco-britannique en Macédoine pour sauver les Serbes. Après 3 années de guerre (la première guerre balkanique datait de 1912), l’armée serbe, exsangue et privée d’alliés proches (la Grèce n’est pas encore en guerre et hésite sur son alliance) s’est retrouvée contrainte de battre en retraite vers l’ouest, abandonnant son territoire, vers l’Albanie, l’État major serbe ayant imaginé d’aller vers l’Adriatique, puis Corfou, de réorganiser l’armée et de repartir de Salonique aux côtés des français et des anglais.
Cette retraite dans des conditions extrêmes à travers les montagnes enneigées d’Albanie est restée un épisode majeur de la guerre et de la mémoire serbe. Partis de Durazzo, contrôlé par les italiens contre les autrichiens, les serbes arrivèrent donc à Corfou où s’installa le gouvernement sous la protection de l’Armée d’Orient. Il y resta jusqu’à l’offensive de 1918 sur le front d’orient. Car cet écrasement de la Serbie a figé la guerre dans les Balkans jusqu’en 1918 : les deux camps sont, comme sur le front occidental en guerre de position et Salonique devint une sorte de camp retranché, vitrine des armées de l’occident, françaises, anglaises, italiennes, serbes, russes. L’armée serbe, 115 000 combattants, a été réorganisée en 3 armées de deux divisions chacune et incorporée à l’armée d’orient à Salonique entre avril et juin 1916.
Concernant le courrier, le service postal serbe avait été anéanti. Il fallait donc le rétablir à partir de Corfou. Les militaires alliés se chargèrent d’abord de ce service jusqu’à ce que la France qui possédait un bureau militaire à Corfou (SP 512) fournisse au gouvernement serbe des timbres français.
Base de Corfou
Un « bureau postal ministériel » serbe fut créé en octobre 1916, il ne recevait que du courrier officiel, destiné aux diplomates ou hauts fonctionnaires en poste en France, Suisse, Pays-Bas, etc. et aux banques, en particulier la Banque Nationale Serbe repliée à Marseille. Ces timbres sont oblitérés par le cachet serbe du bureau postal ministériel (MINISTARSKA POSTANSKA STANICA). A partir de décembre 1916 apparut la griffe «POSTES SERBES» de 42 mm sur 4 mm. Les bureaux grecs de Corfou acheminèrent les plis pour les autres destinations.
Ce sont des timbres français qui servirent à affranchir les correspondances entre les militaires à Corfou et les populations restées en Serbie jusqu’en octobre 1918 (on utilisa les Semeuse camées 5c, 10c, 25c, 35c, Semeuses lignées 15c et Merson 40c, 50c). Cependant les autrichiens refusèrent que le service puisse reprendre directement entre Corfou, l’armée et les populations restées sur place où le système postal avait été réorganisé. Il fallut donc en outre passer par un pays neutre pour l’acheminement du courrier. Or tous n’avaient pas un correspondant en Suisse, c’est pourquoi, le consul général de Serbie Ch. Vögeli, commerçant suisse implanté à Belgrade, a servi de boîte aux lettres.
Le port de la lettre simple était de 25 c, la taxe de recommandation 25 c (et donc la LRE à 50c), la CP était à 10 centimes et les imprimés à 5c et après le 6 octobre 1918 on ne trouve plus que des timbres serbes. Ce bureau fut fermé définitivement le 24 juin 1919.
Lettre recommandée, griffe « Postes Serbes » 6 août 1917.
Cachet de censure en français et de 57 x 17 mm en rouge
« CENSURE / MILITAIRE SERBE »
Concernant la marque « Postes Serbes » elle même, Jérôme Bourguignat dans sa conférence à l’académie de philatélie (http://academiedephilatelie.org/conferences/conf-2006-01-cand-b.htm) explique que :
« les archives et documents officiels n’ont pas encore permis d’expliquer l’usage de la griffe. La plupart des auteurs justifie la griffe «Postes Serbes» comme une conformité aux règles de l’UPU, pour accompagner l’annulation de timbres-poste français avec un timbre à date étranger, mais aucun document de l’UPU ne l’atteste. Les documents trouvés au SHAT (Service Historique de l’Armée de Terre) et présentés dans cette conférence tendent plutôt à indiquer que l’identification des correspondances était à usage interne de coordination entre les services français et serbes, pour l’expédition et le contrôle postal des correspondances à Marseille »
Par ailleurs, en observant les correspondances, il indique :
1 – La griffe « Postes Serbes » est bien connue sur les correspondances affranchies, dont la majorité est à destination de la Suisse et, dans une bien moindre mesure, de la France.
2 – On rencontre aussi la griffe sur les correspondances non affranchies, en franchise vers la France ou ses colonies
Carte postale en franchise, même griffe, même censure, 5 janvier 1918
3 – Par contre, la griffe n’est pas apposée sur les plis de Corfou vers Salonique, dont les dépêches sont prises en charge par la poste militaire française via Tarente.
La censure serbe a apposé quatre marques successives de censure, avec des changements de couleur et les lettres non censurées sont rares (organismes officiels).
Ces cachets de censure sont en français un cachet de 57 x 17 mm en noir, violet ou rouge « CENSURE / MILITAIRE SERBE » (décembre 1916 à juillet 1917). En cyrillique, un cachet rectangulaire similaire mesurait 55 x 14 mm.
Sur timbres détachés (notamment ceux avec une belle gomme au dos), la marque serbe apposée en diagonale n’est qu’anecdotique et ne relève que de la complaisance (des planches entières de tous les timbres disponibles en France ayant été envoyées par des philatélistes avides et oblitérées par des postiers peu scrupuleux ou dépassés en septembre 1918).
Oblitération et griffe de complaisance sur bloc de 4
Il en va de même pour les lettres adressées à Vögeli (le consul) qui avait stocké des centaines d’enveloppes vides et qui sont datées du 29 septembre 1918 : vrai destinataire, vraie enveloppe, vrais timbres, vrais cachets, vraie griffe mais complaisance quand même !
Souvenir de Monastir (aujourd’hui Bitola)
Première bataille de Monastir
À partir de mars 1916 les forces d’interposition grecques devinrent moins nombreuses et surtout moins efficaces, vraisemblablement à la suite d’accords entre les Grecs, les Allemands et les Bulgares. Aussi, le 4 mai, les français envoyèrent un fort détachement en direction de Monastir pour prévenir tout débordement des troupes germano-bulgares vers l’ouest. La tentative d’enveloppement des Bulgares étant avortée le commandement français reprit l’offensive le 12 septembre. Les troupes bulgaro-allemandes se replièrent dans la boucle de la Cerna, et, le 19 novembre, la cavalerie française entra dans Monastir mais la ville restait soumise aux bombardements quotidiens de l’artillerie bulgare.
Seconde bataille en mars 1917
Elle devait permettre de dégager la ville bombardée par les troupes germano-bulgares. Mais la résistance de l’ennemi s’est révélée plus vigoureuse qu’on ne l’avait imaginé et avec un extrême mauvais temps, l’attaque a échoué. La ville resta ainsi sous le feu bulgare jusqu’en 1918.
Troisième bataille dite de Dobro Polje (ou bataille de Dobropolje) des 14 et 15 septembre jusqu’au 21 septembre 1918
Bien que la Bulgarie eût réalisé tous ses buts de guerre, elle fut contrainte (malgré les pénuries, notamment alimentaires, malgré l’inflation) de continuer à se battre pour aider les Empires centraux. Cependant, en 1917 une propagande d’opposition à la guerre commença à se répandre très largement.
C’est sans doute dans ce but de propagande qu’il faut comprendre cette carte du 24 juillet 1918 (11 juillet dans le calendrier bulgare). Les français étaient à Monastir, la guerre était presque perdue pour les bulgares… ou presque gagnée pour les alliés dont les généraux Guillaumat puis Franchet d’Espérey voulaient lancer la dernière grande offensive mais attendaient impatiemment l’accord de Paris.
Le commandement français choisit de percer la défense bulgare, non pas en une attaque de front qui mènerait à Sofia, mais à travers les montagnes, en coupant l’armée bulgare en deux. La percée fut faite le 15 septembre, après une journée entière de préparation d’artillerie. Les Bulgares, bien qu’encerclés, résistèrent jusqu’au 21 septembre. Poussée par les Serbes, la Ière armée bulgare se replia sur Sofia, et, isolée, la XIème armée dut capituler devant les français pendant que des soldats bulgares rebelles abandonnèrent le front. Dix jours plus tard, la Bulgarie demandait l’armistice. La campagne de Franchet d’Espérey avait duré quatorze jours.
Marques de contrôle de l’Armée d’Orient jusqu’en 1919
Les marques de contrôle sont nombreuses, avec ou sans bande de contrôle des alliés. On trouve la marque rectangulaire d’Athènes, des cachets « croissant », avec ou sans numéro, des cachets de type français « contrôle », avec numéros en caractères droits et griffe : « ouvert par l’autorité militaire ».
Ouvert par l’autorité militaire
Trésor et Postes 513 (infanterie coloniale engagée dans la bataille de la boucle de le Cerna, 8 novembre 1917), affranchie pour l’Égypte après contrôle militaire par le Trésor et Poste 502, le 15 novembre 1917.
Lettre passée par le contrôle grec (cachet NO) arrivée au Caire le 8 janvier 1918
Contrôlé par l’autorité militaire
Constantinople, lettre du 7 mars 1919, tarif UPU 25c plus recommandation 25c
Cette première marque de contrôle ne dura que deux mois.
Cachet NO
Lettre simple, 14 avril 1918, Trésor et Postes sans numéro de secteur
On connait mal l’origine de ce cachet NO. En grec, cela ne signifie rien, on pense alors au français « non ouvert », à l’anglais « not opened » ou « no objection ». ce serait alors une marque militaire de l’autorité britannique. Jérôme Bourguignat (contrôle postal et télégraphique (…) ed. académie de philatélie, 2010) émet l’hypothèse que cette marque NO aurait servie à marquer les correspondances retenues par une commission de contrôle grecque, non identifiée encore, pour justifier du retard dans la transmission. Cette marque existe aussi dans un cercle.
Cachet croissant
Cachet croissant n°26 de Samos, avec contrôle NO, 24 avril 1917,
cachet ovale 301 de la commission de contrôle de Marseille.
Cachet carré
« Cachet carré d’Athènes » de la commission de Marseille sur pli en provenance de Grèce 18 avril 1915
Ouvert par l’Autorité militaire serbe
Griffe « ouvert par l’autorité / militaire serbe » sur lettre de Marseille étranger, 13 novembre 1916, pour SP 999, armée serbe, Salonique