Au milieu du XIXème siècle, le projet d’une nation qui aurait rassemblé tous les Arabes de l’Égypte à la Mésopotamie est porté par Mehemet Ali, le Pacha d’Égypte alors en révolte contre le Sultan ottoman. Chef de guerre, le fils du Pacha, Ibrahim Pacha avait même réussi à conquérir la Syrie, l’Anatolie et à devenir gouverneur de Cilicie conformément à la convention de Kutaya. Les armées égyptiennes marchaient sur Istanbul lorsque les anglais et les français, alliés des ottomans, le forcèrent à retourner en Égypte. Opposés à l’idée d’Ibrahim de construire un État moderne en Égypte les anglais avaient néanmoins reconnu l’autonomie de l’Égypte, dirigée depuis 1848 par le neveu d’Ibrahim, Abbas. Farouche opposant aux réformes modernistes de ses prédécesseurs, il expulsa les conseillers européens, supprima les monopoles commerciaux, ferma les usines et les écoles, et ramena l’armée égyptienne à une armée modeste de 9 000 hommes. Il se rapprocha également de l’Empire ottoman.
Les grands vainqueurs de ces tensions étaient les puissances occidentales qui tentèrent alors d’affaiblir encore plus l’Empire en jouant sur ces divisions.
Le 30 octobre 1918 les turcs signaient l’armistice mettant fin à la guerre 1914-1918, et, après une courte occupation britannique, les français débarquèrent le 9 janvier 1919 en Cilicie. Le traité de Sèvres de 1920 confiait la Cilicie à la France et une zone d’influence bien au delà de celle-ci. Par ailleurs, la Palestine et l’Irak ont été confiés à la Grande Bretagne, la Syrie et le Liban à la France.
Cédric Boissière, http://commons.wikimedia.org/wiki/File:TreatyOfSevres_%28trad%29.PNG
Kemal Atatürk, organisa la résistance et s’opposa à la garnison française en Cilicie. En mai 1920, un premier armistice fut signé avec Kemal, qui mit fin aux combats sporadiques avec les Français. En Juillet les kémalistes assiégèrent à nouveau Adana et bloquèrent les communications. Les Français changèrent de stratégie et choisirent de s’allier avec Kemal contre le Sultan Mehmet VI. Le 20 octobre 1921, un accord fut signé et, en novembre, la France évacua la Cilicie. Celle-ci fut alors rétrocédée à la Turquie.
Un bureau français a fonctionné à Mersina début 1919. Les timbres trouvés sur place furent d’abord surchargés à la main (mars 1919) puis à la machine (mai 1919). Vers la mi-septembre, lorsque le stock fut épuisé, les timbres de l’armée d’occupation d’Égypte furent mis en service. Enfin, en décembre 1919, l’administration de la Cilicie étant confiée à la France, ce sont les timbres français d’occupation de la Syrie qui servirent pour les surcharges en Piastres alors que celles en Paras furent obtenues sur un timbre du Levant.
Timbres de France surchargés
Première émission de mars 1920 : Sandjak d’Adana et région côtière
Cette émission est divisée en 2 secteurs. Le secteur ouest, Sandjak d’Adana est appelé « CILICIE » et le secteur est, Sandjack d’Aintab et Marash est appelé « SAND EST ». L’impression des timbres français fut effectuée à Beyrouth en Paras et Piastres pour les 2 secteurs.
Le secteur «CILICIE» fut livré en mars 1920 à Adana, alors que le secteur «SAND EST» ne fut jamais livré, les nationalistes ayant déjà occupé la région. Les timbres furent néanmoins mis en vente et intégralement vendus. Il est impossible de trouver ces timbres oblitérés, même si l’on connait quelques affranchissements de complaisance.
« O.M.F. » signifie occupation militaire française et est toujours mince dans la première émission.
25 c. bleu 1 piastre n° YT : 83
Surcharge apposée typographiquement à plat à l’imprimerie Gédéon à Beyrouth sur panneaux de cinquante timbres avec millésimes sur trois lignes en français à l’encre noire brillante, sur papier G.C. Cette première émission fut épuisée en un mois.
25 c. bleu 1 piastre type I A. papier G.C.
tirage 50.000
On notera le millésime 9 (1919) (tirage 1000) et quelques variétés, notamment case 27, marquée par un point haut après F de O.M.F. ou encore case 40, où le O de O.M.F. est brisé.
Millésime
Millésime 9 (1919) : tirage 1000
Variétés
point haut après F de O.M.F.(case 27)
Première émission de mars 1920 : Sandjak d’Ain Tab et de Marash
25 c. bleu 1 piastre, n° YT : 101
Même surcharge, sur quatre lignes, avec la mention « sand est ».
25 c. bleu 1 piastre timbre au type IA sur papier GC
Tirage : 50 000 ex.
Millésimes : 9 et 0 (tirage 1000)
Variétés
S de EST renversé (case 43)
Seconde émission de 1920 : Sandjak d’Adana
1er tirage de mars 1920 : surcharge au type 1
la distance entre Cilicie et la valeur est de 1 ¾ mm à 2 mm
n° YT : 92 I
Surcharge apposée typographiquement à plat à l’imprimerie Gédéon à Beyrouth sur des panneaux de cinquante timbres avec millésimes. Imprimée sur quatre lignes en français à l’encre noire brillante, OMF étant toujours épais.
Deux galvanos ont servi à l’impression des timbres pour chaque valeur de cette émission.
25 c. bleu : 1 piastre type IA
Tirage : 150 000 ex.
Millésimes
on connaît les millésimes 9 (1919) GC ou 0 (1920) papier C (tirage 3000)
Millésime 9 GC
Variétés
Planche I : variété « S » renversé ( case 20 )
Planche II : variété la distance entre CILICIE et la valeur est de 1 mm ( cases 13, 17, 24, 25 et 34 )
Variétés de la planche I
« S » renversé (case 20)
Variété de la planche II
la distance entre CILICIE et la valeur de 1mm (cases 13, 17, 24, 25 et 34)
Manchette GC avec variété sur la case 34, 3ème timbre en haut en partant de la gauche
Bloc GC avec variété sur les cases 13, 24 et 34
Outre ces variétés constantes, on connaît des surcharges doubles ou renversées.
Surcharge renversée
Surcharge double
2ème tirage de juin 1920 : surcharge au type 2
la distance entre Cilicie et la valeur est de 1 mm à 1 ¼ mm
Surcharge apposée typographiquement à plat à l’imprimerie Gédéon à Beyrouth sur des panneaux de cinquante timbres avec millésimes. Imprimée sur quatre lignes en français à l’encre noire brillante, OMF étant toujours épais.
n° YT : 92 II
Type IA, tirage : 250 000 ex.
Trois galvanos ont servi à l’impression
Planche I : « S » renversé case 46
Planche II : « S » renversé case 47 et chiffre « 1 » de la case 30 coupé en deux
Planche III : sans « S » renversé
On connaît des surcharges doubles ou renversées et même sans « Cilicie ». On notera aussi les millésimes 9 (1919) GC ou 0 (1920) papier C ou D (tirage 5000).
Millésimes
Variétés
Surcharge renversée
Surcharge double
Sans Cilicie
Variété de la planche I
« S » de Piastre renversé case 46
Variétés de la planche II
Surcharge renversée avec « 1 » coupé en 2
Bloc issue de la planche III : les cases 46 et 47 présentent des « S » normaux
3ème tirage du 15 février 1921 : surcharge au type 2
n° YT : 92 II
Surcharge apposée typographiquement à plat à l’imprimerie du Haut – Commissariat à Beyrouth sur des feuilles de cent cinquante timbres avec millésimes, imprimée sur quatre lignes en français à l’encre noire mate.
25 c. bleu : 1 piastre
Timbre au type IA Tirage 250 000 ex.
Millésimes
millésime 9 (1919) G.C.
Millésime 0 (1920) blanc
Variétés
Surcharge renversée
Chiffre « 1 » maigre case 24 papier G.C. ou non
Usage Postal
La Cilicie utilisait la piastre divisée en 40 paras. La piastre égyptienne est divisée en millième, 10 millièmes valant 1 piastre ou 40 paras. La livre syrienne est égale à 100 piastres
Entre le 1er octobre 1907 et le 31 mars 1921
25 centimes français = 1 piastre égyptienne = 3 piastres syriennes
Entre le 1er avril 1921 et le 31 mars 1924
20 centimes français = 1,5 piastre égyptienne = 1 piastre syrienne
Tarif intérieur
Tarif étranger
Tarif au 1er janvier 1920
La valeur à 1 piastre (1 pi = 40 paras) oblige à considérer l’usage de cette figurine en combinaison. Celles-ci sont très nombreuses, tant pour l’intérieur que pour l’étranger.
Lettre 1er échelon, tarif à 3 piastres 20 paras, Mersine, 15 janvier 1921
Utilisé seul, on pourrait le trouver dans ces tarifs :
Lettre 3ème échelon pour l’intérieur : affranchissement à 4 piastres
Lettre 3ème échelon pour l’étranger : affranchissement à 8 piastres
Avis de réception : affranchissement à 5 piastres
Lettre recommandée 1er échelon pour l’étranger
Lettre recommandée 7 piastres, Adana pour Constantinople, 20 décembre 1920
Tarif au 1er juin 1921
Carte postale : affranchissement à 3 piastres
Lettre 1er échelon : affranchissement à 5 piastres
Lettre 1er échelon à 5 piastres Adana pour Blida, 7 juin 1921
cachet militaire secteur postal 606
Lettre recommandée 1er échelon : affranchissement à 10 piastres
Fausse surcharge pour la poste aérienne
Pendant quelques jours, pour affranchir les lettres et colis par avion militaire à destination d’Alep, en Syrie (cf. carte de la Cilicie), un cachet POSTE PAR AVION a été apposé sur le 15c semeuse lignée et le 40 c Merson, manuellement au guichet au moment du dépôt des lettres. On ne connait aujourd’hui que trois plis ayant circulé et quelques plis neufs. Toujours avides de bonnes affaires ou de collections complètes, le marché du timbre français, (marchands et philatélistes) demandèrent à posséder ces timbres. A Alep, quelques facteurs avisés fabriquèrent un faux cachet identique au premier et taillé dans un
pied de chaise et oblitérèrent un stock très important qui fut rapatrié en France. Hormis ces deux figurines dont la somme des faciales correspondait à la valeur de l’affranchissement, aucun timbre n’a été « officiellement » surchargé. Ces timbres sans aucune utilité postale existent donc uniquement pour les collectionneurs : ce sont des faux, ou plutôt des fantaisies.
Le timbre est authentique, la surcharge initiale avec valeur faciale est authentique, le cachet surchargeant (ce fameux pied de chaise) est authentique, les facteurs eux mêmes exerçaient réellement et pourtant, l’ensemble est faux : ni le bon guichet, ni la bonne date.