Présentation

Même un timbre banal peut devenir un véritable objet de collection et de passion. La rareté intrinsèque de l’objet lui conférant alors un fort pouvoir d’attraction sur les collectionneurs.

On nomme monographie au sens large un traité présentant une étude exhaustive sur un sujet précis. Ce n’est pas tout à fait le cas en philatélie, où une monographie est l’étude d’un timbre, ou d’un type particulier, voire d’une émission ou d’un usage. Ce site n’a donc d’autre prétention que de faire découvrir ce timbre et cette présentation reprend une partie de ma propre collection monographique afin d’offrir à chacun de pouvoir faire plus ample connaissance avec cette semeuse camée.

semeuse cp couleur.png

Émis le 19 juin 1907, ce timbre, dessiné par Roty et gravé par Lhomme d’après Mouchon, est demeuré vingt années en vente aux guichets des bureaux de poste. L’administration reconnaît trois 25c Bleu différents : le bleu foncé de 1907, avec sa nuance bleu noir, le bleu clair de 1916, le bleu de 1926. Les philatélistes reconnaissent cependant

  • quatre types,
  • sept sous types,

qui se présentent

  • en feuille à plat,
  • en feuille en rotative,
  • en roulettes (type 1A et type 3C),
  • en carnet avec ou sans publicité (types 1B, 2, 4),
  • sur des entiers, cartes-lettres ou enveloppes (type 3A, 4),

que l’on trouve

  • en France métropolitaine,
  • en Algérie,
  • dans les territoires sous mandats de la SDN après la Première Guerre mondiale,
  • au Levant,

et dont les usages furent particulièrement nombreux durant les 20 années où ce timbre fut en vente

  • dans le courrier intérieur,
  • dans le courrier pour l’étranger,
  • en temps de paix ou de guerre,
  • au service de gouvernements alliés,
  • et même pour des usages non postaux (timbres monnaies, timbres fiscaux…)

Comme déjà dit, l’administration reconnaît des couleurs différentes : le bleu foncé de 1907, le bleu clair de 1916, le bleu de 1926. A cette nomenclature, il est convenu d’ajouter la nuance bleu noir de 1907.

1a-quatre-couleurs

Cependant, cette valeur a nécessité la confection de quatre “poinçons avec valeur” différents. On est donc en présence de quatre types bien distincts, auxquels s’adjoignent les sous types. Notons que les types 1A, 1B et 2 mesurent 18 x 22 mm ; les types 3 mesurent 18,15 x 22,15. Le type 4 est le plus grand : 18,2 x 22,2 mm.

Le timbre a été émis sous différentes présentations.

En feuilles à plat tout d’abord (type 1A et type 3A), en feuilles par rotatives ensuite (type 3B), sous forme de carnet (type 1B, type 2 et type 4), sous forme de roulette (à plat : type 1A, rotative : type 3C).

Les entiers postaux (enveloppes et carte-lettres) concernent les types 3A et 4.

Ce timbre a aussi été utilisé dans les colonies et territoires sous mandats. En effet, un décret autorisa la création et l’emploi de timbres spécifiques. Auparavant toutefois, des timbres français surchargés furent utilisés provisoirement. Trois 25 c bleu furent utilisés en Algérie en 1924, celui des carnet au type 2, celui des feuilles à plat au type 3A et celui des rotatives au type 3 B, alors que tous les autres territoires reçurent des timbres de feuille au type1A. Algérie et Syrie reçurent en outre deux entiers postaux (cartes lettres) au type 4, surchargés eux aussi en monnaie locale.

Historique du Timbre

Le début  de l’impression semble être le 17 avril 1907, le timbre quant à lui est émis en bleu foncé  le 19 juin 1907 ou en bleu noir. Cependant l’oblitération ne se voyant que très mal sur un timbre bleu noir, il fut décidé de rester au seul bleu foncé.

Le 28 janvier 1916, l’Administration décide d’imprimer le timbre en bleu clair et de 1917 à mars 1920, le timbre est imprimé sur papier dit de grande consommation (G.C). Durant la guerre, il reçoit des surcharges et des essais de surcharges.

A partir du 1er semestre de 1920, le 25 centimes devient timbre de la lettre pour l’intérieur, de nouvelles présentations apparaissent :
– des roulettes à plat au type I A
– des entiers postaux : cartes lettres et enveloppes au type IV. Leur impression commence le 8 avril 1920.
– des carnets de 20 timbres sans publicité, au type IV. La date de création officielle de ces carnets est le 1er  juin 1920.

De 1917 à mars 1920, le timbre est imprimé sur papier dit de grande consommation (G.C). Durant la guerre, il reçoit des surcharges et des essais de surcharges.

A partir du 1er semestre de 1920, le 25 centimes devient timbre de la lettre pour l’intérieur, de nouvelles présentations apparaissent :
– des roulettes à plat au type I A
– des entiers postaux : cartes lettres et enveloppes au type IV. Leur impression commence le 8 avril 1920.
– des carnets de 20 timbres sans publicité, au type IV. La date de création officielle de ces carnets est le 1er  juin 1920.

La France manquant de petites pièces de monnaie, les timbres emboutis dans des jetons métalliques et recouverts de mica servent de pièces de monnaie. D’autres délivrés en carnets de quatre ou huit timbres ont le même usage : ce sont les monnaies dites «  de nécessité »

En 1921, parution de nouveaux carnets au type I B, puis à la fin de l’année au type II (sans publicité sur les marges).

En 1922, émission des roulettes rotatives au type III C

En 1923: surcharge ANNULĖ sur les timbres des carnets et les entiers pour les cours d’instruction des P.T.T.

Apparition du 2ème faux dans le midi de la France (faux de Marseille)

A la fin de 1923, les tirages du 25 centimes bleu au type I A, sont arrêtés. Un nouveau poinçon permet l’impression du 25 centimes en feuilles à plat de 150 à un nouveau type (type III A).

Début 1924 des entiers cartes lettres au type III A apparaissent sur les planches d’impression au type IV

En mars 1924, le tirage du 25 centimes bleu à plat au type III A est arrêté.
A partir du 24 mars 1924, est réalisée au type III B, l’impression des premières feuilles de 100 rotatives du 25 centimes, 14 planches seront successivement utilisées pour cette impression.

De la même époque, datent les premiers carnets avec publicité marginale imprimés à plat au type II.

L’arrêté du 27 juillet 1925 supprime le 25 centimes bleu sous toutes ses formes et prévoit de le remplacer par un 25 centimes carmin, Semeuse camée (non émis), qui porte au répertoire de l’Atelier le numéro 4.215.

La couleur bleue est affectée au 30 centimes qui devient timbre de la lettre, régime intérieur, du 17 juillet 1925 au 30 avril 1926. Les carnets et roulettes à 25 centimes sont supprimés dès juillet 1925. Les carnets à 25 centimes sont remplacés par les carnets à 30 c (qui portent au répertoire le N° 4.212).

L’arrêté du 8 février 1926 remplace le 25 centimes rouge semeuse (non émis) par un 25 centimes Pasteur vert qui restera lui aussi non émis.
Pendant ce temps, l’impression du 25 centimes bleu avait cessé mais sa vente continuait.

La fin du tarif à 30 centimes, le 30 avril 1926, amenait la suppression du 30 centimes bleu, remplacé par le 40 centimes semeuse vermillon. Dès lors, la couleur bleue redevenait disponible.
Une lettre de l’exploitation postale du 3 septembre 1926 précise que la couleur bleue est rétablie pour le 25 centimes ; il porte officiellement le numéro 4.592 du répertoire de l’Atelier des Timbres-Poste. Pour l’administration, il y a donc eu : un bleu foncé et deux bleu clair qui portent tous des numéros de référence différents.

L’utilisation du 25 centimes pour les imprimés nécessita la création de préoblitérés. Des feuilles de 100 de 1924 furent surchargées à plat ; puis par rotative. L’impression du timbre cessa le 5 février 1927, celle du préoblitéré le 15 février 1927. La suppression officielle définitive date du 23 février 1927 ainsi que la création, sous le numéro 4.812 du répertoire, du 25 centimes chamois dont l’impression commença le 10 mars 1927

Les poinçons et caractéristiques familiales

Il existe trois types de poinçons du 25 centimes, très différents dans leur genèse.
Les premiers sont des copies du poinçon original L 2 de LHOMME.
Les seconds sont des créations du graveur GUILLEMAIN.
Les derniers sont des copies des originaux de GUILLEMAIN.

Certains de ces poinçons ont été conservés au Musée de la Poste. Ils ont donné naissance à des timbres que l’on peut classer en familles et en types.

1 Le poinçon issu du poinçon L 2 sans valeur de LHOMME.

Il n’est pas conservé au Musée de la Poste. Il a donné :

  • le type I A des feuilles à plat, bleu foncé et bleu clair de 1907 à 1923, et le type I A des roulettes à plat de 1920.
  • le type I B des carnets de 1921 est issu, non pas d’un poinçon spécial, mais de la copie du galvano-type. 1A nettoyé et poncé. Ce ponçage ayant été trop vigoureux, il a entraîné de nombreuses particularités que nous décrivons au type I B.

Les 25 centimes, types I A et I B, font partie de la famille de Semeuses G 1 de la classification du Colonel LEBLAND.

2 Un second poinçon issu de L 2 fut exécuté en 1920 par Guillemain.

Cette copie, issue de L 2, toilettée et retouchée par Guillemain, a donné les timbres au type IV des carnets de 1920 et des entiers. Les types IV font partie de la famille H 1

3 Un poinçon original gravé entièrement par Guillemain est conservé au Musée Postal.

Il porte au verso les mentions : « G. ORIGINAL ». De ce poinçon, on tira une épreuve, qui figure sur le document 1.616 Ce poinçon original, est le géniteur de la famille J 1, dont fait partie le 25 centimes type II, des carnets .

4 Un autre poinçon original de Guillemain est conservé au Musée de la Poste.

Il a été gravé en 1921, il porte au verso les mentions gravées : «1921-23. CYLINDR. G». C’est le poinçon destiné aux roulettes rotatives. Il est le géniteur de la famille J 3 qui comprend, entre autres, le 25 centimes type III C des roulettes rotatives.

5 Gravure par Guillemain d’un poinçon secondaire

Par retouches légères, à partir de «CYLINDR. G.», Guillemain grava un poinçon secondaire, qui donna naissance aux 25 centimes des feuilles à plat et des cartes-lettres (timbres au type III A).

Ce poinçon est conservé au Musée de la Poste, il porte au verso la mention : « G 1923 » et sur le côté : « L 2 ». Ces timbres font aussi partie de la famille J 3

6 Le poinçon des feuilles rotatives III B n’est pas au Musée de la Poste.

Il a été aussi gravé par Guillemain. Il est issu du poinçon « CYLINDRE G. » du type III C par retouches légères. Le type III B fait aussi partie de la famille J 3.

En résumé, les 25 centimes se répartissent en 4 familles G 1, H 1, J1 et J 3. G 1 et H 1 sont issues du poinçon sans valeur L 2 de L’homme. Elles ont en commun : le pied du chiffre 2 délié ; un « C » de centimes avec branche supérieure horizontale. La main qui sème se termine par 2 hachures en Y (particularité familiale 25).

Les familles J 1 et J 3 sont issues de poinçons nouveaux avec valeur, gravés par Guillemain. Elles ont en commun un pied du chiffre 2 très lourd, un « C » avec branche supérieure courbe. La main qui sème a été retouchée : Le Y n’existe plus (particularité familiale 26).

L’historique du timbre permet donc de comprendre les différentes étapes de sa fabrication, la multiplication des types, des présentations.

Nota bene : sauf mention contraire, « hors collection », toutes les figurines et documents présentés ici composent une partie d’une collection personnelle.