Un curieux usage : Telegraphie des deutschen Reichs 1923

Cachet télégraphique allemand Düsseldorf T.A. sur 1 fr Merson & 10 c et 25 c Semeuse ~ 2 septembre 1923

dusseldorf

Un témoin de l’occupation de la Ruhr par la France et la Belgique de 1923 à 1925

L’invasion de la Ruhr fut décidée par le président du Conseil français Raymond Poincaré, en accord avec le roi des Belges et les majorités parlementaires. Elle débuta le 11 janvier 1923 et avait pour objectif d’occuper les centres de production de charbon, de fer et d’acier situés dans la vallée de la Ruhr afin d’obtenir les montants dus par l’Allemagne dans le cadre des réparations de guerre dues après la Première Guerre mondiale, au titre du Traité de Versailles. En effet, à la fin du conflit mondial l’Allemagne avait été condamnée à payer de lourdes réparations et faute d’accord, un tarif douanier spécifique avait été imposé en Allemagne sous la surveillance de troupes françaises jusqu’en 1921. C’est le retour de ces troupes (40 000 puis 90 000 hommes) qui mena à la désobéissance civile.

Du côté allemand, cette opération suscita une vague de résistance passive, des mouvements de grève, des incidents et affrontements, et quelques actes de sabotage, qui furent exagérés par la suite par les nazis pour forger le mythe d’une large résistance armée. Face au désastre économique, le gouvernement du chancelier Gustav Stresemann appela, en septembre 1923, à l’arrêt des actions et au respect des obligations imposées par le traité de Versailles, puis proclama l’état d’urgence : l’agitation publique se transforma, en certains endroits du pays, en émeutes ou en tentatives de coup d’État contre la république de Weimar, comme le putsch de la Brasserie d’Hitler. Une république autonome du Rhin fut même proclamée à Aix-la-Chapelle en octobre 1923, ce qui aurait pu favoriser la politique franco-belge d’affaiblissement de l’Allemagne, mais cette initiative de groupes rhénans opposés à l’héritage prussien n’eut aucune suite car, aux yeux de la population allemande, elle paraissait aller dans le sens des intérêts étrangers.

Sur le plan international, l’occupation provoqua un tel sentiment de sympathie à l’égard de l’Allemagne, que la France et la Belgique confrontées à leurs difficultés économiques,  finirent par accepter les propositions du Plan Dawes et retirèrent leurs troupes en juillet et août 1925.

Origine de cet usage

Décret du 23 février 1923

Devant la désobéissance civile des cheminots et postiers allemands notamment, le Haut Commissariat français avait décidé de l’expulsion massive de ces personnels et de leur remplacement par du personnel franco-belge rattaché à l’Armée du Rhin. Le décret du 23 février 1923 fixant le statut du personnel des P.T.T. (civil, donc) mettait celui-ci à la disposition du général commandant en chef les forces alliées d’occupation pour renforcer le personnel permanent de la 50ème section de télégraphie militaire. La situation était devenue tellement chaotique que les civils français avaient été autorisés à utiliser le service postal militaire en mai 1923.

1923 ou l’hyperinflation

En 1923, l’inflation la plus sauvage de l’histoire fit rage. Souvent les prix doublaient en l’espace de quelques heures. Une course effrénée avait lieu pour acheter des biens et se débarrasser de la monnaie. A la fin de 1923, il fallait des millions de mark pour un simple timbre poste et 200 milliards de Marks pour acheter un simple pain.

En Rhénanie et dans la Ruhr, on rapporta une situation proche de l’anarchie, avec des combats entre fermiers et mineurs au chômage. Des hordes de gens mourant de faim vagabondaient. Des autorités régionales tentèrent de créer leur propre monnaie, menaçant le pays de dislocation… Et les tarifs postaux ont suivi l’inflation. Pour la seule année 1923, 18 tarifs vont se succéder avec une accélération le dernier trimestre (13 changements de tarif du 1er août au 31 décembre), avec un maximum en novembre (5 tarifs). Certains tarifs ne vont durer que quelques jours (4 pour le plus court le 1er novembre). Malgré un rythme de travail effréné, l’imprimerie officielle n’arrive plus à suivre et aura recours aux surcharges, aux paiements en numéraires, à des émissions locales, à des émissions privées officielles et même à la vente de timbres au quadruple de leur valeur faciale.

En Novembre 1923, une réforme monétaire fut entreprise. Une nouvelle banque, la Rentenbank fut créée pour émettre une nouvelle monnaie, le Rentenmark. Cette monnaie était échangeable contre des obligations supposément garanties par la terre et les entreprises industrielles. Un montant total de 2,4 milliards de Rentenmarks fut émis et chaque nouveau Rentenmark était évalué à 100 milliards de Marks papier anciens.

A partir de ce moment, la dépréciation stoppa, les Rentenmarks maintinrent leur valeur, l’inflation cessa. En août 1924, la réforme fut complétée par l’introduction d’un nouveau Reichsmark, égal en valeur au Rentenmark. Le Reichsmark avait une couverture de 30% en or. Il n’était pas convertible en or mais le gouvernement entrepris de le soutenir en achetant sur les marchés étrangers les montants nécessaires. De nouvelles taxes drastiques furent imposées  et une fois l’inflation terminée, les revenus provenant des impôts augmentèrent considérablement. En 1924-25, le gouvernement avait un budget excédentaire.

C’est donc dans ce cadre d’une administration des postes françaises pour l’armée du Rhin, épaulée par des personnels civils d’une part, et d’hyperinflation d’autre part, avec des usages de fortune, qu’il faut comprendre semble-t-il la démarche de la poste de Düsseldorf laquelle a donc utilisé des timbres français, mis à disposition par les armées d’occupation et le personnel civil déployé depuis le début de l’année 1923 pour annuler des affranchissements télégraphiques.

Bibliographie

http://fr.wikipedia.org/wiki/Occupation_de_la_Ruhr
http://jef.estel.pagesperso-orange.fr/rhenanie.swf
http://collections.conceptbb.com/t5146-timbres-francais-annules-en-allemagne

Cliquer pour accéder à note-exemples-allemagne-1923-copy.pdf

http://www.24hgold.com/francais/contributor.aspx?article=2338671310G10020&contributor=Michael+J.+Kosares.

Quand les prix baissent…

Décidément, j’aime beaucoup suivre certains prix pour certaines pièces… Preuve une fois de plus de la nécessaire méfiance qui doit accompagner l’acheteur que nous sommes. Cette fois-ce cependant, il ne s’agit de se questionner sur la véracité de l’objet mais sur son prix!

Ainsi, cette pièce :

Il y a un an elle était en vente 7500$.

Enfin je dirais, on peut voir un 25c bleu sur lettre de Castellorizo. Le certificat de Behr venant par ailleurs confirmer l’objet, pour une fois cela semble vrai! Son prix aussi semble « vrai » : 7500 dollars (soit près de 6000 euros).

http://www.ebay.com/itm/GREECE-FRANCE-CASTELLORIZO-1920-COVER-OF-overprint-RARE-Two-Certificates-/140958808862?pt=LH_DefaultDomain_0&hash=item20d1ccbb1e, page consultée le 19/04/13

Aujourd’hui, la même pièce est en vente… 5000 dollars. (http://www.ebay.fr/itm/GREECE-FRANCE-CASTELLORIZO-1920-COVER-OF-overprint-RARE-Two-Certificates-/141003547937?pt=LH_DefaultDomain_0&hash=item20d4776521) soit 33% de réduction!

Plus raisonnable dans son prix, mais tout aussi peu renseigné sur son origine, cette pièce ci :

castellorizo nouveau.pngLa date du bloc dateur (16 juillet 1920) correspond bien à la période d’existence du timbre, mais ce cachet… qui le retrouvera? En fait il s’agit d’un cachet qui a été apposé sur les feuilles « commémoratives », cachets que l’on reconnait facilement au bas de cette feuille-ci :

castellorizo feuille

Quelques images de piquages décalés et leurs prix

Récemment découvert sur des sites de ventes en ligne, toujours de très jolis piquages décalés… mais à quel prix? Comme on peut s’y attendre, un bloc de quatre se vend plus cher qu’une paire pour une variété similaire, sur un type identique. Toutefois, la différence n’est pas de 1 à 2 :

125 EUROS de prix de départ pour ce bloc.

pik1100 Euros pour cette paire 

pik2

Qu’en est il cependant d’un type beaucoup plus rare et d’une variété beaucoup moins commune ?

Par exemple cette paire : 60 euros alors qu’il s’agit d’un type 4 de carnet en paire verticale.

pki3On se dit alors que certains prix tiennent plus de la devinette au bout du nez que d’une réelle étude de marché.Il y a quelques temps, je m’effrayais d »‘un carnet fauté en vente pour 10000 euros. C’était il y a tout juste 2 ans : https://semeuse25cbleu.net/2011/03/30/la-plus-chere-des-mise-a-prix/

Le prix n’a pas changé, mais notre vendeur (s’il vend!) a « perdu » le coût de l’inflation, fût-elle modérée… et c’est là qu’à vouloir trop, on finit par ne rien avoir!