Armée du Rhin et occupation de la Rhénanie et de la Ruhr

L’occupation alliée de la Rhénanie a eu lieu à la suite de l’armistice qui mit fin aux combats de la Première Guerre mondiale le 11 novembre 1918. Les armées d’occupation se composaient des forces américaines, belges, britanniques et françaises. Cette occupation fut confirmée par le traité de Versailles. Élaboré au cours de la conférence de la paix de Paris, le traité fut adopté le 28 juin 1919 et promulgué le 10 janvier 1920. Il prévoyait une présence militaire des Français, des Britanniques, des Américains et des Belges sur la rive gauche du Rhin et une partie de la rive droite pour une période de cinq à quinze ans suivant les territoires. Les Français reçurent à la fois la plus grande des zones d’occupation qui s’agrandit encore avec le retrait rapide des États-Unis en janvier 1923 ainsi que la direction de la Haute Commission Interalliée aux Territoires Rhénans (HCITR), la présidence de la commission de gouvernement de la Sarre mandatée par la Société des Nations ainsi que celle de Memel (entre le 15 février 1920 et avril 1923) et de la haute Silésie (missions de maintien de la paix en compagnie de troupes alliées en Haute Silésie entre 1920 et 1922).

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La Commission interalliée des territoires rhénans avait été créée après l’Armistice de 1918, fut remplacée par une Haute Commission interalliée des territoires rhénans le 10 juin 1920 (paragraphes 428-431 du traité de Versailles). C’était un corps d’administration militaire et économique des territoires occupés de Rhénanie qui siégea à Luxembourg, puis à Coblence avec des délégations à Mayence, Wiesbaden, Trèves, Bonn et Speyer.

Voir notre page spéciale sur l’occupation de la Rhénanie et de la Ruhr

 

 

Présence française en Albanie, 1916 – 1920 (Korytza – Pogradec)

La République de Korytsa, (Korça, Kortcha ou Korytza, voire Koritza) est une région autonome mise en place par la France dans le district de l’actuelle Korçë, dans le sud de l’Albanie, durant la Première Guerre mondiale.

Création de la République de Korytsa

L’offensive décisive sur le front d’Orient de septembre 1918 ne fut pas que le fruit d’une œuvre militaire. Elle fut aussi le résultat d’un travail politique de près de deux ans qui mena à l’occupation de Corfou avec reconstitution de l’armée Serbe, à la création du camp de Salonique, véritable centre décisionnel de la Grèce d’alors et à la création d’une éphémère république de Korytza.

Dans la partie sud-est de l’Albanie, la ville de Korça (les Français utilisaient le nom grec de Korytza) était occupée par les Grecs qui exerçaient l’administration depuis octobre 1914. Or cette zone n’était pas convoitée par les Serbes comme pouvait l’être le nord mais par les italiens qui étaient déjà maîtres du sud-ouest de l’Albanie, et cherchaient à s’accaparer le sud-est. Par ailleurs, la Grèce n’étant alors pas en guerre hésitait entre une politique germanophile menée par le roi Constantin et une alliance avec l’Entente, représentée par l’ancien premier ministre Venizelos.

Le général Sarrail qui dirigeait l’Armée d’Orient ne voulait pas que la politique des puissances régionales interfère avec la logique militaire. À l’automne 1916, il « s’inquiéta de ce qui constituait son flanc gauche, qui ne formait pas véritablement un front, mais où des troubles opposaient les venizélistes à des bandes et à une grande partie de la population de Korçë et de ses environs » (Augris op cit). Voulant préparer l’action dans la zone de Monastir située 100 km de Korça, il avait aussi besoin de contrôler cette zone. En y envoyant un détachement français, il ôtait aux royalistes grecs un contact avec les puissances centrales, aux autres grecs un terrain de propagande, aux italiens, enfin, la possibilité d’établir leur pouvoir durablement sur toute la région.

Carte : Région de Korçë.

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En rose, le territoire de la République, dont au nord, le territoire de Pogradec. Les trois seuls bureaux de poste existants à l’époque sont indiqués en jaune. Les flèches tiretées vertes montrent les manœuvres militaires vers l’objectif de Monastir.

A cette fin, il dépêcha le colonel Descoins. Celui-ci dirigeait la mission française, composée d’un bataillon du 242e d’infanterie, remplacé à la fin de décembre par le 13e bataillon territorial d’infanterie, du 2e bataillon de marche indochinois ; de deux escadrons de chasseurs d’Afrique ; d’une section d’artillerie. Il arriva à Korça le 21 novembre 1916. Se référant à ses seuls ordres militaires, il crut avoir les mains libres et pensa alors établir une « administration indigène sous le contrôle français » (Descoins, Rapport sur la situation de Korytza du 23 novembre 1916). Il s’appuya pour cela sur un « Conseil d’Administration » qu’il mit en place sous son autorité militaire (Augris, op cit). Ce conseil fonctionnait en employant des fonctionnaires civils grecs favorables à l’Entente puis des fonctionnaires civils albanais (Popescu, op cit).

Une république de fait vit le jour à Korytza du 15 mars au 1er décembre 1917. Les français présents sur place installèrent une administration complète répondant à la demande locale : l’autorité militaire pouvait seule nommer les fonctionnaires des services publics ; les forces de police et la gendarmerie mobile albanaise, chargées de maintenir l’ordre intérieur, étant placées sous l’autorité du commandant militaire français. En mars, la jeune République procéda à l’installation de douanes à ses frontières, puis à la nomination de laïcs à la direction des affaires religieuses. Des règlements divers furent adoptés : impôts sur le revenu, impôts sur le timbre, règlement judiciaire, nouvelle monnaie, timbres-poste… Un nouveau code pénal entra en vigueur. Parallèlement à cela, l’administration militaire organisa une administration sanitaire, soignant troupes et populations, avec l’ouverture d’un hôpital. (Popescu op cit).

Mais cette République avait tout pour déplaire, aux Grecs, aux Albanais écartés du pouvoir, aux Italiens. Mieux, s’inspirant de ce que les Français avaient fait en Albanie du sud-est, les Autrichiens proclamèrent en janvier 1917 l’autonomie de l’Albanie dans le giron de l’Empire, les Italiens annonçant, eux, l’indépendance totale sous le contrôle italien, en juin 1917. Le 1er décembre 1917, le commandement militaire transforma la République en « Kaza (province) autonome de Kortcha ».

En février 1918, la zone devint un territoire militaire français et le 1er mars 1918, ce territoire contrôlé par les Français s’agrandit encore, en incluant le territoire de Pogradec. C’est de là (les « Confins Albanais ») qu’est partie en septembre 1918 l’offensive victorieuse. Jusqu’au 22 mai 1920 ce territoire resta sous cette forme administrative avant d’être confié aux autorités albanaises, les Français quittant définitivement la région le 15 juin 1920 (Pospecu, op cit).

La poste dans le territoire

Timbres albanais

Les timbres d’Autriche-Hongrie, du Levant Italien, de la Turquie et même de l’Épire furent un temps en circulation en Albanie. Dans la zone de présence française, toutefois, les courriers furent affranchis avec des timbres albanais, puis avec les figurines de la République de Korytza (cf émission ci dessous).

954_001Émission de la République autonome de Korytza

Usage postal de timbres français

Des timbres français, au type « semeuse » ont aussi été utilisés. Cela concerne les 5c, 10c, 25c semeuses camées et le 15c semeuse lignée.

Pendant la cette période d’occupation française (3 ans et 6 mois), outre la poste militaire (secteur postal 508, presque exclusivement en franchise) trois bureaux de poste étaient en activité, à Korytsa, Bilisht et Pogradec. Les courriers de Korytsa sont rares, un seul courrier de Bilisht est parvenu jusqu’à nous et de Pogradec nous ne connaissons que 2 ou 3 lettres et ce fragment, seul au tarif de la lettre en 1920 : 25c.

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Fragment de lettre de Pogradec, affranchissement à 25c
Poste militaire

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Lettre au tarif international de Korytza, pour Athènes – cachet de vaguemestre d’étape du 24 mai 1920

vue en vente : https://www.delcampe.net/en_GB/collectables/stamps/france-1906-38-sower-cameo/25c-semeuse-sur-lettre-de-corytza-albanie-de-1920-pour-athenes-197504708.html

Usage postal de timbres français : affranchissements philatéliques

Les affranchissements philatéliques sont plus nombreux. Tous émanent de Korytza.

Date du 21 avril 1920 : souvenirs (pas d’adresse), l’administration est encore française

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Date du 25 mai 1920 : lettres pour Zotit (monsieur) Dhori Kotit à Korçë

Ces derniers sont les plus nombreux, malheureusement oblitérés trois jours après la fin de l’administration française et sans aucune correspondance avec les tarifs postaux.

Toutes les lettres philatéliques ci dessous sont issues de ventes entre les années 2010 et 2016. Nous en avons vu une dizaine tout au plus.

 Affranchissements à 15c 

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Affranchissement composé (lettre philatélique) :
5c +10c Semeuse, lettre pour Korytza, 25 mai 1920

vue sur http://www.worthpoint.com/worthopedia/albania-1920-french-occupation-98798539

 Affranchissements à 40c
korytza recommandee.jpgPogradec : Bureau de poste ouvert aux civils

Affranchissement composé (lettre philatélique) :
5c +10c +25c Semeuse, lettre recommandée pour Korytza, 25 mai 1920

vue en vente : http://www.stampcircuit.com/stamp-Auction/collectio-alexandre-galinos/4328184/lot-3424-france-levant-and-colonies-france

Monsieur Dhori Kotit était imprimeur, installé à Korça depuis 1908, imprimeur depuis 1911. Il fut également journaliste et publia notamment en 1922 une gazette américaine d’Albanie. Il va sans dire que ces documents restent peu communs.

Sources

Revue d’Histoire moderne, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56209730/f65.image.r=Les Français et la République de Kortcha

Popescu Stefan, « Les Français et la République de Kortcha. (1916-1920)», Guerres mondiales et conflits contemporains 1/2004 (n° 213) , p. 77-87
URL : http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2004-1-page-77.htm.

Etienne Augris, « Korçë dans la Grande Guerre », Balkanologie [En ligne], Vol. IV, n° 2 | décembre 2000, mis en ligne le 20 juillet 2011, consulté le 01 novembre 2016. URL : http://balkanologie.revues.org/315

https://en.wikipedia.org/wiki/Autonomous_Albanian_Republic_of_Korce

Souvenir de Monastir – Bitola, 1918

Monastir fut le théâtre de trois batailles particulières dans la Première Guerre mondiale. La victoire finale des français (armée d’Orient) et des Serbes mena à un armistice avec la Bulgarie, puis à la victoire alléie sur le front d’Orient ; laquelle victoire précipita la fin de la guerre sur tous les fronts.

Première bataille de Monastir

À partir de mars 1916 les forces d’interposition grecques devinrent moins nombreuses et surtout moins efficaces, vraisemblablement à la suite d’accords entre les Grecs, les Allemands et les Bulgares. Aussi, le 4 mai, les français envoyèrent un fort détachement en direction de Monastir pour prévenir tout débordement des troupes germano-bulgares vers l’ouest. La tentative d’enveloppement des Bulgares étant avortée le commandement français reprit l’offensive le 12 septembre. Les troupes bulgaro-allemandes se replièrent dans la boucle de la Cerna, et, le 19 novembre, la cavalerie française entra dans Monastir mais la ville restait soumise aux bombardements quotidiens de l’artillerie bulgare.

Seconde bataille en mars 1917

Elle devait permettre de dégager la ville bombardée par les troupes germano-bulgares. Mais la résistance de l’ennemi s’est révélée plus vigoureuse qu’on ne l’avait imaginé et avec un extrême mauvais temps, l’attaque a échoué. La ville resta ainsi sous le feu bulgare jusqu’en 1918.

Troisième bataille dite de Dobro Polje (ou bataille de Dobropolje) des 14 et 15 septembre  jusqu’au 21 septembre 1918

Bien que la Bulgarie eût réalisé tous ses buts de guerre, elle fut contrainte (malgré les pénuries, notamment alimentaires, malgré l’inflation) de continuer à se battre pour aider les Empires centraux. Cependant, en 1917 une propagande d’opposition à la guerre commença à se répandre très largement.

C’est sans doute dans ce but de propagande qu’il faut comprendre cette carte du 24 juillet 1918 (11 juillet dans le calendrier bulgare). Les français étaient à Monastir, la guerre était presque perdue pour les bulgares… ou presque gagnée pour les alliés dont les généraux Guillaumat puis Franchet d’Espérey voulaient lancer la dernière grande offensive mais attendaient impatiemment l’accord de Paris.

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Le commandement français choisit de percer la défense bulgare, non pas en une attaque de front qui mènerait à Sofia, mais à travers les montagnes, en coupant l’armée bulgare en deux. La percée fut faite le 15 septembre, après une journée entière de préparation d’artillerie. Les Bulgares, bien qu’encerclés, résistèrent jusqu’au 21 septembre. Poussée par les Serbes, la Ière armée bulgare se replia sur Sofia, et, isolée, la XIème armée dut capituler devant les français pendant que des soldats bulgares rebelles abandonnèrent le front. Dix jours plus tard, la Bulgarie demandait l’armistice. La campagne de Franchet d’Espérey avait duré quatorze jours.