Quand l’acheminement devint impossible.

Dans notre étude sur les marques des vaguemestres, nous mentionnons les marques de retour à l’envoyeur et celles des acheminements impossibles.

Pour les plis recommandés, on a très vite pratiqué le retour à l’envoyeur.

1915-retour-temps-utile

Griffe RETOUR / A L’ENVOYEUR
et cachet Retour à l’envoyeur /Le destinataire n’a pu être atteint en temps utile

Les autres correspondances restaient cependant en souffrance.

Un mention spéciale a été apposée, sans réel succès :

Le 6 décembre 1914, le ministère décida de liquider toute cette correspondance : toutes les lettres furent traitées, certaines renvoyées aux expéditeurs, d’autres aux rebuts. La circulaire imposait à tous une estampille commune : LE DESTINATAIRE N’A PU ÊTRE JOINT EN TEMPS UTILE. Il y en eut de toutes les couleurs et de toutes les formes, sur une ou plusieurs lignes. Plus tard l’expression fut modifiée, « JOINT » devint « ATTEINT », et « EN TEMPS UTILE » devient « EN TEMPS VOULU », puis fut supprimée.

1915-retour-png

Retour à l’envoyeur / le destinataire n’a pu être atteint, 14 novembre 1915

Pour indiquer le renvoi sur le bureau initial, on apposa en accord avec le bureau de poste civile de la localité la griffe « RETOUR / A L’ENVOYEUR / Numéro » Ce numéro étant un numéro d’ordre de la nomenclature des bureaux.

Dans certain cas, du fait de l’interruption du service postal, l’acheminement devenait objectivement impossible. Pour retourner le courrier à l’expéditeur, du moins au service initial, on apposa alors le cachet « LIEU DE DESTINATION ENVAHI » puis la griffe « ACHEMINEMENT IMPOSSIBLE » qu’on ne doit pas confondre avec la précédente.

Ce fut le cas en août 1914 lorsque le service a été interrompu avec les départements envahis du Nord et de l’Est de la France, malgré les tentatives de contournement soit par le commission de contrôle de Pontarlier, soit par Genève et l’entremise de la Croix Rouge:

Amiens, 30 août 1914 pour Gueudecourt (Somme) : rupture du service postal, « LIEU DE DESTINATION ENVAHI »

Lettre d’Epernay (Marne) du 13 décembre 1914 pour Machault (Ardennes).

Le verso porte la mention « LIEU DE DESTINATION ENVAHI » ce que l’expéditeur savait parfaitement, puisque la lettre fut envoyée sous couvert de l’action de la Croix Rouge de Genève.

Même dans ce cas, Machault, occupé dès le 2 septembre 1914 resta coupé du reste du pays jusqu’au 11 novembre 1918.

Bien évidemment la transmission du courrier à destination des belligérants ennemis a aussi été suspendue, comme pour l’Allemagne ou l’Autriche, mais aussi pour la Russie après la signature du Traité de Brest Litovsk mettant fin aux hostilités avec l’Allemagne en décembre 1917 après le Révolution d’Octobre, ou encore les nouveaux pays baltes indépendants.

Paris, 7 janvier 1918 pour Moscou : Acheminement impossible du fait de la rupture du service postal

Ces dispositions son restées valables après la guerre dans certains cas, comme ici pour Reval (ancien nom de Tallinn) en Estonie en janvier 1919.

Après le traité de Brest Litovsk de décembre 1917, l’Estonie et les provinces baltes de Russie devinrent indépendantes, la date retenue étant celle de la proclamation de l’indépendance estonienne le 24 février 1918. En fait, elles furent occupées par l’armée allemande. Le 3 mars, avec la signature de la paix de Brest Litovsk, cette fois, la Russie reconnut cette indépendance et en août de la même année, elle accepta dans le cadre d’une clause additionnelle de renoncer à sa souveraineté sur les provinces baltes. En novembre 1918, avec l’effondrement de l’Empire allemand, l’Estonie se vit de nouveau menacée par les russes dénonçant le précédent traité après qu’un Comité révolutionnaire provisoire d’Estonie se proclama seul pouvoir légal en Estonie et demanda aux russes de « libérer le pays ». La guerre qui s’en suivit dura de janvier 1919 (interruption de notre service postal) à février 1920 quand fut signé le traité de Tartu reconnaissant l’indépendance de l’Estonie.

Bloc dateur avec date manuscrite (1919)

Au fur et à mesure de la libération des départements, commune après commune le service des postes a repris dans les localités libérées. Ce furent d’abord les secteurs postaux militaires qui reçurent la mission d’acheminer la correspondance civile, puis les bureaux civils. La plupart du temps, ils n’avaient pas retrouvé le matériel nécessaire au bon fonctionnement du service et « utilisèrent celui qu’ils réussirent à se procurer » (Strowksi, op cit, p 278). Parmi tous les départements totalement ou partiellement occupés, le Pas de Calais offre le moins de « marque de délivrance » : la plupart des villes importantes étant restées de ce côté ci du front, cela ne concerne que les communes du bassin houiller limitrophes du département du Nord.

C’est ce qui s’est passé à Leforest, commune située tout à l’est du département du Pas de Calais.

Leforest était une cité minière, où l’extraction du charbon avait commencé au milieu du XIXème siècle pour s’achever avec le remblaiement des puits en 1970 : le début de construction du puits fut pris en 1851, l’exploitation commença en 1853 par la Compagnie des Mines de l’Escarpelle. En plus de ce puits, nommé « fosse Douay », un second puits ouvert en 1884. Avant 1893 un raccordement entre cette nouvelle fosse et la gare a été effectué, permettant une exploitation encore plus effective.

Dans ces conditions, on comprend aisément que ces puits – et donc Leforest – aient été au cœur du conflit de 1914 à 1918. Avec la guerre, l’exploitation cessa, Leforest ayant été occupé dès le 7 octobre 1914. Néanmoins, durant la guerre l’exploitation reprit avec des mineurs de plus de 48 ans non mobilisables et des moins de 18 ans. Si durant ces quatre années d’occupation les puits n’ont subi aucun dommage, il n’en a pas été de même avec la retraite allemande de novembre 1918 : en effet, les puits furent dynamités ou noyés et les installations dévastées, comme le reste du village :

En janvier 1919, le service postal est rétabli, mais le matériel fait défaut. C’est cela qui a conduit alors le bureau de Leforest à recourir à son ancien cachet. Il y manque le bloc dateur, ce à quoi l’on suppléa par des annotations manuscrites. Comme le décrit par ailleurs Strowski pour Onnaing, département du Nord, la date manuscrite n’a été ajoutée que sur la dernière empreinte. On notera en même temps l’utilisation d’une estampille R encadrée pour la marque de recommandation, le numéro de cet envoi recommandé étant lui aussi manuscrit.

Lettre en recommandé du 14 janvier 1919, timbre recommandé à l’encre noire.
Absence du bloc dateur, date manuscrite sur la seconde empreinte uniquement

Port ( échelon 2 jusqu’à 50 grs.) : 25 c
Taxe de recommandation : 25 c.

Armée du Rhin et occupation de la Rhénanie et de la Ruhr

L’occupation alliée de la Rhénanie a eu lieu à la suite de l’armistice qui mit fin aux combats de la Première Guerre mondiale le 11 novembre 1918. Les armées d’occupation se composaient des forces américaines, belges, britanniques et françaises. Cette occupation fut confirmée par le traité de Versailles. Élaboré au cours de la conférence de la paix de Paris, le traité fut adopté le 28 juin 1919 et promulgué le 10 janvier 1920. Il prévoyait une présence militaire des Français, des Britanniques, des Américains et des Belges sur la rive gauche du Rhin et une partie de la rive droite pour une période de cinq à quinze ans suivant les territoires. Les Français reçurent à la fois la plus grande des zones d’occupation qui s’agrandit encore avec le retrait rapide des États-Unis en janvier 1923 ainsi que la direction de la Haute Commission Interalliée aux Territoires Rhénans (HCITR), la présidence de la commission de gouvernement de la Sarre mandatée par la Société des Nations ainsi que celle de Memel (entre le 15 février 1920 et avril 1923) et de la haute Silésie (missions de maintien de la paix en compagnie de troupes alliées en Haute Silésie entre 1920 et 1922).

393_001

La Commission interalliée des territoires rhénans avait été créée après l’Armistice de 1918, fut remplacée par une Haute Commission interalliée des territoires rhénans le 10 juin 1920 (paragraphes 428-431 du traité de Versailles). C’était un corps d’administration militaire et économique des territoires occupés de Rhénanie qui siégea à Luxembourg, puis à Coblence avec des délégations à Mayence, Wiesbaden, Trèves, Bonn et Speyer.

Voir notre page spéciale sur l’occupation de la Rhénanie et de la Ruhr

 

 

Présence française en Albanie, 1916 – 1920 (Korytza – Pogradec)

La République de Korytsa, (Korça, Kortcha ou Korytza, voire Koritza) est une région autonome mise en place par la France dans le district de l’actuelle Korçë, dans le sud de l’Albanie, durant la Première Guerre mondiale.

Création de la République de Korytsa

L’offensive décisive sur le front d’Orient de septembre 1918 ne fut pas que le fruit d’une œuvre militaire. Elle fut aussi le résultat d’un travail politique de près de deux ans qui mena à l’occupation de Corfou avec reconstitution de l’armée Serbe, à la création du camp de Salonique, véritable centre décisionnel de la Grèce d’alors et à la création d’une éphémère république de Korytza.

Dans la partie sud-est de l’Albanie, la ville de Korça (les Français utilisaient le nom grec de Korytza) était occupée par les Grecs qui exerçaient l’administration depuis octobre 1914. Or cette zone n’était pas convoitée par les Serbes comme pouvait l’être le nord mais par les italiens qui étaient déjà maîtres du sud-ouest de l’Albanie, et cherchaient à s’accaparer le sud-est. Par ailleurs, la Grèce n’étant alors pas en guerre hésitait entre une politique germanophile menée par le roi Constantin et une alliance avec l’Entente, représentée par l’ancien premier ministre Venizelos.

Le général Sarrail qui dirigeait l’Armée d’Orient ne voulait pas que la politique des puissances régionales interfère avec la logique militaire. À l’automne 1916, il « s’inquiéta de ce qui constituait son flanc gauche, qui ne formait pas véritablement un front, mais où des troubles opposaient les venizélistes à des bandes et à une grande partie de la population de Korçë et de ses environs » (Augris op cit). Voulant préparer l’action dans la zone de Monastir située 100 km de Korça, il avait aussi besoin de contrôler cette zone. En y envoyant un détachement français, il ôtait aux royalistes grecs un contact avec les puissances centrales, aux autres grecs un terrain de propagande, aux italiens, enfin, la possibilité d’établir leur pouvoir durablement sur toute la région.

Carte : Région de Korçë.

region-de-korce

En rose, le territoire de la République, dont au nord, le territoire de Pogradec. Les trois seuls bureaux de poste existants à l’époque sont indiqués en jaune. Les flèches tiretées vertes montrent les manœuvres militaires vers l’objectif de Monastir.

A cette fin, il dépêcha le colonel Descoins. Celui-ci dirigeait la mission française, composée d’un bataillon du 242e d’infanterie, remplacé à la fin de décembre par le 13e bataillon territorial d’infanterie, du 2e bataillon de marche indochinois ; de deux escadrons de chasseurs d’Afrique ; d’une section d’artillerie. Il arriva à Korça le 21 novembre 1916. Se référant à ses seuls ordres militaires, il crut avoir les mains libres et pensa alors établir une « administration indigène sous le contrôle français » (Descoins, Rapport sur la situation de Korytza du 23 novembre 1916). Il s’appuya pour cela sur un « Conseil d’Administration » qu’il mit en place sous son autorité militaire (Augris, op cit). Ce conseil fonctionnait en employant des fonctionnaires civils grecs favorables à l’Entente puis des fonctionnaires civils albanais (Popescu, op cit).

Une république de fait vit le jour à Korytza du 15 mars au 1er décembre 1917. Les français présents sur place installèrent une administration complète répondant à la demande locale : l’autorité militaire pouvait seule nommer les fonctionnaires des services publics ; les forces de police et la gendarmerie mobile albanaise, chargées de maintenir l’ordre intérieur, étant placées sous l’autorité du commandant militaire français. En mars, la jeune République procéda à l’installation de douanes à ses frontières, puis à la nomination de laïcs à la direction des affaires religieuses. Des règlements divers furent adoptés : impôts sur le revenu, impôts sur le timbre, règlement judiciaire, nouvelle monnaie, timbres-poste… Un nouveau code pénal entra en vigueur. Parallèlement à cela, l’administration militaire organisa une administration sanitaire, soignant troupes et populations, avec l’ouverture d’un hôpital. (Popescu op cit).

Mais cette République avait tout pour déplaire, aux Grecs, aux Albanais écartés du pouvoir, aux Italiens. Mieux, s’inspirant de ce que les Français avaient fait en Albanie du sud-est, les Autrichiens proclamèrent en janvier 1917 l’autonomie de l’Albanie dans le giron de l’Empire, les Italiens annonçant, eux, l’indépendance totale sous le contrôle italien, en juin 1917. Le 1er décembre 1917, le commandement militaire transforma la République en « Kaza (province) autonome de Kortcha ».

En février 1918, la zone devint un territoire militaire français et le 1er mars 1918, ce territoire contrôlé par les Français s’agrandit encore, en incluant le territoire de Pogradec. C’est de là (les « Confins Albanais ») qu’est partie en septembre 1918 l’offensive victorieuse. Jusqu’au 22 mai 1920 ce territoire resta sous cette forme administrative avant d’être confié aux autorités albanaises, les Français quittant définitivement la région le 15 juin 1920 (Pospecu, op cit).

La poste dans le territoire

Timbres albanais

Les timbres d’Autriche-Hongrie, du Levant Italien, de la Turquie et même de l’Épire furent un temps en circulation en Albanie. Dans la zone de présence française, toutefois, les courriers furent affranchis avec des timbres albanais, puis avec les figurines de la République de Korytza (cf émission ci dessous).

954_001Émission de la République autonome de Korytza

Usage postal de timbres français

Des timbres français, au type « semeuse » ont aussi été utilisés. Cela concerne les 5c, 10c, 25c semeuses camées et le 15c semeuse lignée.

Pendant la cette période d’occupation française (3 ans et 6 mois), outre la poste militaire (secteur postal 508, presque exclusivement en franchise) trois bureaux de poste étaient en activité, à Korytsa, Bilisht et Pogradec. Les courriers de Korytsa sont rares, un seul courrier de Bilisht est parvenu jusqu’à nous et de Pogradec nous ne connaissons que 2 ou 3 lettres et ce fragment, seul au tarif de la lettre en 1920 : 25c.

_12

Fragment de lettre de Pogradec, affranchissement à 25c
Poste militaire

korytza 1920 Vag AAO.png

korytza vaguemestre AAO verso.png.jpg

Lettre au tarif international de Korytza, pour Athènes – cachet de vaguemestre d’étape du 24 mai 1920

vue en vente : https://www.delcampe.net/en_GB/collectables/stamps/france-1906-38-sower-cameo/25c-semeuse-sur-lettre-de-corytza-albanie-de-1920-pour-athenes-197504708.html

Usage postal de timbres français : affranchissements philatéliques

Les affranchissements philatéliques sont plus nombreux. Tous émanent de Korytza.

Date du 21 avril 1920 : souvenirs (pas d’adresse), l’administration est encore française

koritza5-11206-png

Date du 25 mai 1920 : lettres pour Zotit (monsieur) Dhori Kotit à Korçë

Ces derniers sont les plus nombreux, malheureusement oblitérés trois jours après la fin de l’administration française et sans aucune correspondance avec les tarifs postaux.

Toutes les lettres philatéliques ci dessous sont issues de ventes entre les années 2010 et 2016. Nous en avons vu une dizaine tout au plus.

 Affranchissements à 15c 

koritza2-26032010

Affranchissement composé (lettre philatélique) :
5c +10c Semeuse, lettre pour Korytza, 25 mai 1920

vue sur http://www.worthpoint.com/worthopedia/albania-1920-french-occupation-98798539

 Affranchissements à 40c
korytza recommandee.jpgPogradec : Bureau de poste ouvert aux civils

Affranchissement composé (lettre philatélique) :
5c +10c +25c Semeuse, lettre recommandée pour Korytza, 25 mai 1920

vue en vente : http://www.stampcircuit.com/stamp-Auction/collectio-alexandre-galinos/4328184/lot-3424-france-levant-and-colonies-france

Monsieur Dhori Kotit était imprimeur, installé à Korça depuis 1908, imprimeur depuis 1911. Il fut également journaliste et publia notamment en 1922 une gazette américaine d’Albanie. Il va sans dire que ces documents restent peu communs.

Sources

Revue d’Histoire moderne, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56209730/f65.image.r=Les Français et la République de Kortcha

Popescu Stefan, « Les Français et la République de Kortcha. (1916-1920)», Guerres mondiales et conflits contemporains 1/2004 (n° 213) , p. 77-87
URL : http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2004-1-page-77.htm.

Etienne Augris, « Korçë dans la Grande Guerre », Balkanologie [En ligne], Vol. IV, n° 2 | décembre 2000, mis en ligne le 20 juillet 2011, consulté le 01 novembre 2016. URL : http://balkanologie.revues.org/315

https://en.wikipedia.org/wiki/Autonomous_Albanian_Republic_of_Korce

Hedjaz Grand Liban

Vu en vente sur http://www.actualitephilatelique.fr/.

Bloc de quatre avec millésime 0 (1920) surchargé en noir, GL/HEDJAZ/P.S.2.

hedjaz millésime 0.png

Ceci confirme le tirage sur planche au type 1A à partir des planches de 150. Il est précisé que le timbre est resté non émis, ce qui ne correspond en revanche en rien au fait qu’il ait été utilisé, au moins comme fiscal.

On retrouvera l’essentiel sur ce timbre sur la page dédiée au CHEMIN DE FER DU HEDJAZ

Smyrne, 2ème jour du tarif

Le bureau est de Smyrne fonctionna entre 1920 et le 1er mai 1923 en tant que secteur postal « Trésor et Postes 528 ». Bureau militaire tout d’abord, il fut ouvert aux civils à partir de juin 1920. Après le 1er mai 1923 et jusqu’à la fermeture du bureau les timbres furent annulés par une griffe « Postes françaises à Smyrne ».

Depuis 1910, le tarif de la lettre simple était de 25c. Le premier avril 1921, ce tarif passa à 50c, le 25c bleu pouvant évidemment être alors utilisé en paire. C’est le cas sur ce pli, lettre simple avec paire semeuse n°140 en paire, toujours intéressante à regarder car il s’agit du 2ème jour du tarif.

2eme jour tarif smyrne

Affranchissement à 50c, « Trésor et Postes 528 » de Smyrne, le 2 avril 1921

Postes belges en France

Après qu’il s’est replié en septembre et octobre 1914 dans le nord de la France et en Normandie, le gouvernement belge au Havre et à Sainte Adresse reçut un privilège d’extraterritorialité. L’une des conséquences de cette extraterritorialité fut que le gouvernement belge put employer ses propres timbres-poste, créant ainsi une « poste belge en France ». Toutefois, cette poste belge en France recouvre deux réalités bien distinctes.

Bureau spécial au Havre et à Sainte Adresse

D’une part, un bureau spécial pour les opérations effectuées au Havre et à Sainte Adresse par des ressortissants belges a utilisé le timbre à date du Havre à partir du 18 octobre 1914. A la fin de ce mois d’octobre, il fut remplacé par un timbre à date spécifique « Le Havre Spécial », qui fut utilisé jusqu’au 14 octobre 1915.

belgique-le havre 1914

Du 15 octobre 1915 jusqu’au 22 novembre 1918, c’est un troisième cachet, bilingue celui-ci, qui fut utilisé.

Opérations postales des Divisions d’armée

D’autre part les opérations postales des unités en campagne (Division d’armée). Ces opérations sont confirmées par des Marques des formations belges en France assurant la franchise.

Il en va ainsi des centres d’Instruction de l’Armée belge qui étaient répartis un peu partout en Normandie et dans le Nord : Avranches, Ardres, Audruicq, Auvours, Bayeux, Carentan, Carteret, Coutances, Criel-sur-Mer, Dieppe, Eu, Fécamp, Gaillon, Granville, Gravelines, Grand Fort Philippe, Honfleur, Saint-Lô, Valognes.

Centre d’instruction de l’armée belge de Saint Lo, 13 mai 1915 : franchise postale accordée aux centres de l’Armée Belge.

Croix Rouge esffb (étiquette verte)

On note l’étiquette verte ES FFB et la bande de censure de l’autorité militaire

D’autres informations sur la page dédiée : Poste belge en France et poste militaire belge

Reconstitution des secteurs postaux Région Edessa – Monastir (1917-1918)

Secteurs postaux front d'orient Région de Monastir-EdessaOn pourra retrouver le descriptif des secteurs postaux, avec le moment de leur présence sur cette page : https://semeuse25cbleu.net/miscellanees/larmee-dorient/

Armée d’Orient… quelques courriers et images

Un curieux usage : Telegraphie des deutschen Reichs 1923

Cachet télégraphique allemand Düsseldorf T.A. sur 1 fr Merson & 10 c et 25 c Semeuse ~ 2 septembre 1923

dusseldorf

Un témoin de l’occupation de la Ruhr par la France et la Belgique de 1923 à 1925

L’invasion de la Ruhr fut décidée par le président du Conseil français Raymond Poincaré, en accord avec le roi des Belges et les majorités parlementaires. Elle débuta le 11 janvier 1923 et avait pour objectif d’occuper les centres de production de charbon, de fer et d’acier situés dans la vallée de la Ruhr afin d’obtenir les montants dus par l’Allemagne dans le cadre des réparations de guerre dues après la Première Guerre mondiale, au titre du Traité de Versailles. En effet, à la fin du conflit mondial l’Allemagne avait été condamnée à payer de lourdes réparations et faute d’accord, un tarif douanier spécifique avait été imposé en Allemagne sous la surveillance de troupes françaises jusqu’en 1921. C’est le retour de ces troupes (40 000 puis 90 000 hommes) qui mena à la désobéissance civile.

Du côté allemand, cette opération suscita une vague de résistance passive, des mouvements de grève, des incidents et affrontements, et quelques actes de sabotage, qui furent exagérés par la suite par les nazis pour forger le mythe d’une large résistance armée. Face au désastre économique, le gouvernement du chancelier Gustav Stresemann appela, en septembre 1923, à l’arrêt des actions et au respect des obligations imposées par le traité de Versailles, puis proclama l’état d’urgence : l’agitation publique se transforma, en certains endroits du pays, en émeutes ou en tentatives de coup d’État contre la république de Weimar, comme le putsch de la Brasserie d’Hitler. Une république autonome du Rhin fut même proclamée à Aix-la-Chapelle en octobre 1923, ce qui aurait pu favoriser la politique franco-belge d’affaiblissement de l’Allemagne, mais cette initiative de groupes rhénans opposés à l’héritage prussien n’eut aucune suite car, aux yeux de la population allemande, elle paraissait aller dans le sens des intérêts étrangers.

Sur le plan international, l’occupation provoqua un tel sentiment de sympathie à l’égard de l’Allemagne, que la France et la Belgique confrontées à leurs difficultés économiques,  finirent par accepter les propositions du Plan Dawes et retirèrent leurs troupes en juillet et août 1925.

Origine de cet usage

Décret du 23 février 1923

Devant la désobéissance civile des cheminots et postiers allemands notamment, le Haut Commissariat français avait décidé de l’expulsion massive de ces personnels et de leur remplacement par du personnel franco-belge rattaché à l’Armée du Rhin. Le décret du 23 février 1923 fixant le statut du personnel des P.T.T. (civil, donc) mettait celui-ci à la disposition du général commandant en chef les forces alliées d’occupation pour renforcer le personnel permanent de la 50ème section de télégraphie militaire. La situation était devenue tellement chaotique que les civils français avaient été autorisés à utiliser le service postal militaire en mai 1923.

1923 ou l’hyperinflation

En 1923, l’inflation la plus sauvage de l’histoire fit rage. Souvent les prix doublaient en l’espace de quelques heures. Une course effrénée avait lieu pour acheter des biens et se débarrasser de la monnaie. A la fin de 1923, il fallait des millions de mark pour un simple timbre poste et 200 milliards de Marks pour acheter un simple pain.

En Rhénanie et dans la Ruhr, on rapporta une situation proche de l’anarchie, avec des combats entre fermiers et mineurs au chômage. Des hordes de gens mourant de faim vagabondaient. Des autorités régionales tentèrent de créer leur propre monnaie, menaçant le pays de dislocation… Et les tarifs postaux ont suivi l’inflation. Pour la seule année 1923, 18 tarifs vont se succéder avec une accélération le dernier trimestre (13 changements de tarif du 1er août au 31 décembre), avec un maximum en novembre (5 tarifs). Certains tarifs ne vont durer que quelques jours (4 pour le plus court le 1er novembre). Malgré un rythme de travail effréné, l’imprimerie officielle n’arrive plus à suivre et aura recours aux surcharges, aux paiements en numéraires, à des émissions locales, à des émissions privées officielles et même à la vente de timbres au quadruple de leur valeur faciale.

En Novembre 1923, une réforme monétaire fut entreprise. Une nouvelle banque, la Rentenbank fut créée pour émettre une nouvelle monnaie, le Rentenmark. Cette monnaie était échangeable contre des obligations supposément garanties par la terre et les entreprises industrielles. Un montant total de 2,4 milliards de Rentenmarks fut émis et chaque nouveau Rentenmark était évalué à 100 milliards de Marks papier anciens.

A partir de ce moment, la dépréciation stoppa, les Rentenmarks maintinrent leur valeur, l’inflation cessa. En août 1924, la réforme fut complétée par l’introduction d’un nouveau Reichsmark, égal en valeur au Rentenmark. Le Reichsmark avait une couverture de 30% en or. Il n’était pas convertible en or mais le gouvernement entrepris de le soutenir en achetant sur les marchés étrangers les montants nécessaires. De nouvelles taxes drastiques furent imposées  et une fois l’inflation terminée, les revenus provenant des impôts augmentèrent considérablement. En 1924-25, le gouvernement avait un budget excédentaire.

C’est donc dans ce cadre d’une administration des postes françaises pour l’armée du Rhin, épaulée par des personnels civils d’une part, et d’hyperinflation d’autre part, avec des usages de fortune, qu’il faut comprendre semble-t-il la démarche de la poste de Düsseldorf laquelle a donc utilisé des timbres français, mis à disposition par les armées d’occupation et le personnel civil déployé depuis le début de l’année 1923 pour annuler des affranchissements télégraphiques.

Bibliographie

http://fr.wikipedia.org/wiki/Occupation_de_la_Ruhr
http://jef.estel.pagesperso-orange.fr/rhenanie.swf
http://collections.conceptbb.com/t5146-timbres-francais-annules-en-allemagne

Cliquer pour accéder à note-exemples-allemagne-1923-copy.pdf

http://www.24hgold.com/francais/contributor.aspx?article=2338671310G10020&contributor=Michael+J.+Kosares.