Le contrôle postal pendant la Première Guerre mondiale

En nous inspirant de Strowski Les estampille postales de la Grande Guerre, (1925, réedition de 1976) et de Deloste, Histoire postale et militaire de la Première Guerre mondiale (1969), mais aussi et surtout de Jérôme Bourguignat, Le contrôle postal et télégraphique français pendant le Première Guerre mondiale (1914 – 1921), académie de philatélie, 2010, nous présentons dans nos pages dédiées un début de présentation des estampilles postales de la Première Guerre mondiale en rapport avec le 25c bleu.

ccp-renforcement22 août 1917 : lettre pour l’agence des prisonniers de guerre à Genève (Suisse). Le numéro de secteur n’ayant pas été limé fut gratté sur la lettre et le timbre annulé par un double trait.

Il ne s’agit donc pas d’une présentation exhaustive, mais de documents portant un 25c, lettres ou autres correspondances, présentés de manière raisonnée :

Marques des bureaux payeurs et des secteurs postaux
Marques de service de l’arrière et marques militaires de l’intérieur
Les débuts du contrôle postal dans la zone des armées
Le contrôle postal de l’intérieur à partir de juillet 1915
Le contrôle postal dans la zone des armées après juillet 1915
Les tentatives pour éviter le contrôle et les réponses qui suivirent

Exprès retardé chèrement payé

En 1921 le service des envois par exprès, après avoir été suspendu durant la guerre, est de nouveau disponible. Alors qu’elle était auparavant de 30 centimes, la taxe est passée à 1,00 franc. Ce service fonctionne alors aussi bien pour le service intérieur que pour l’étranger.

Certaines correspondances ne suivent néanmoins pas toujours ce qu’on voudrait quelles fassent. Ce fut la cas avec la lettre ci-dessous :

lre-1921-325-png

Partie du Hâvre pour Amsterdam le 21 avril 1923, cette lettre est recommandée, et en exprès. Elle devrait arriver promptement et être remise directement. C’est sans compter sur un accident de parcours : ce pli a en effet été victime d’un « accident de service ». Réparé par la bande habituelle, il fut remis en circulation et finalement délivré.

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Qu’y avait il cependant dans ce pli ? Quel était le poids de la lettre ? Ces deux questions ne sont pas anodines si on considère l’affranchissement.

  • lettre pour l’étranger : 50c (+25c par 20 grs)
  • taxe de recommandation : 50c
  • taxe d’exprès : 1,00 franc

On devrait donc avoir un affranchissement à 2,00 francs. Or on a 3,25 francs : cela ne peut être dû à une erreur ou à un affranchissement superfétatoire comme on en rencontre souvent, quelques centimes sont l’ordre de grandeur habituel : pas 2,5 fois le port de la lettre ! On a bien imaginé une taxe aérienne (à l’époque pour les pays bas : + 50c), cela ne suffit pas.

Quand on la regarde bien, l’enveloppe présente très clairement les traces d’un contenu épais, de petit format, très visible également au verso. En outre les bords ont été pliés, comme si il n’y avait rien dans l’enveloppe au contact des bords justement. Un objet assez épais, une liasse repliée, un courrier cartonné : tout ceci peut aisément se rencontrer, et peut être même rendre la manipulation moins aisée ce qui provoquerait l’accident de service : on n’en saura néanmoins jamais rien.

Cependant, on peut penser que l’envoi faisait un peu plus de 100 grs. et que l’affranchissement se décomposait comme suit :

  • lettre pour l’étranger : 50c + 1,25 franc (objet de 100 grs), pour un total de 1,75 franc
  • taxe de recommandation : 50c
  • taxe d’exprès : 1,00 franc

 

Ce qui donne bien un affranchissement à 3,25 francs !