Historique de la censure postale Roumanie-France (1916-1919)

A partir de la date de l’instauration de la censure en France, le courrier depuis et vers la Roumanie a été dirigé sur la route du Nord, les points de censure de ce réseau étant : Iași censure roumaine, Petrograd censure russe, Dieppe censure française.
Le 31/08/1916, la CICC (la Commission centrale de contrôle interministériel en France) décide de maintenir le contrôle postal pour la Roumanie, même si ce pays s’est rangé du côté des Alliés, la raison étant que la Roumanie n’avait pas encore de contrôle postal organisé et que de nombreux citoyens ennemis y vivent (au moment de la création de la censure roumaine et de l’internement dans des centres spéciaux de citoyens et étrangers). Voici les combinaisons des censures enregistrées jusqu’à présent :

– Direction Roumanie – France :

1) uniquement la censure russe, constatée dans la période de novembre 1915 à août 1916 (avant l’entrée en guerre de la Roumanie)
2) uniquement la censure française, situation constatée dans la même période : novembre 1915 – août 1916.
3) uniquement la censure roumaine de Iași , situation constatée au moins en sept. 1916 et après nov. 1917.
4) censure roumaine de Iași + censure française de Dieppe, combinaison constatée au moins en septembre-octobre 1916.
5) La censure roumaine de Iași + la censure russe d’Odessa ou de Petrograd est la combinaison la plus courante pour cette direction, car, selon les accords internationaux, les Français n’intervenaient pas sur le courrier déjà censuré par leurs alliés russes.
6) Censure roumaine de Iași + censure russe de Petrograd + censure française de Dieppe est la combinaison la plus rare. Les révolutions russes ont inquiété les alliés occidentaux, si bien qu’ils ont ignoré l’accord susmentionné et ont ordonné, en avril, un nouveau contrôle du courrier en provenance de Russie. Il semble que cela ne se soit produit qu’occasionnellement, par le biais de contrôles aléatoires, en particulier à partir de novembre 1917.

– Direction France – Roumanie :

1) uniquement la censure française, situation enregistrée entre novembre 1915 et août 1916.
2) seulement la censure roumaine, cette situation n’a été vue qu’occasionnellement, au moins entre août 1916 et janvier 1917.
3) Censure française à Dieppe + Bucuresti octobre à novembre 1916
Et censure française à Dieppe + Iași censure roumaine, situation plus rare, enregistrée au moins au mois de décembre 1916 et d’octobre-décembre 1917.
4) La triple censure française à Dieppe + censure russe à Petrograd + censure roumaine à Iași , est la situation la plus rare.

A partir de janvier 1919, la route sud a repris ses droits, via l’Italie, jusqu’en mai, le contrôle était effectué à Bologne, à partir de juin, il est a Bucarest et à Beaune (à la place de Pontarlier) à partir du 27 juin 1919.
La censure française a été suspendue le 15/8/1919 : toutes les correspondances extérieures entre la Roumanie et la France furent exclusivement censurées par les Roumains à Bucarest (jusqu’à son abolition en 1920) ou dans les nouveaux territoires.

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Cette enveloppe est passée à  Dieppe où la Commission de Contrôle a apposé son cachet ovale “OUVERT PAR L’AUTORITÉ MILITAIRE – 5” sur la bande de fermeture “CONTRÔLE POSTAL MILITAIRE” et sur les timbres.

Arrivée à Bucarest elle est contrôlée une nouvelle fois avec  le cachet postal rouge : BIUROUL DE CENSURĂ MILITARĂ * BUCUREȘTI-SCRISORI portant la date du 14 novembre 1916. 

Au verso on trouve le cachet rectangulaire : BUCUREȘTI POSTA CLĂ (couleur rouge, appliqué sur l’étiquette de fermeture de ILFOV DISTRICT/JUDETUL ILFOV) et le cachet à date de Bucarest du 15 novembre 1916.

CENZURAT CENZURA MILITARA BUCUREȘTI POSTA CLĂ

Grecu Dan-Simion, 1916-1919: Renaşterea Românescă, de la dezastru la împlinirea naţională. (sau Istoria văzută prin corespondenţe poştale). https://www.academia.edu/5521449/1916_1919_Rena%C5%9Fterea_Rom%C3%A2nesc%C4%83?auto=downlo

TRANSSIBÉRIEN ET VOIE DE SIBÉRIE

À la fin du XIXe siècle, le développement de la Sibérie était encore entravé par l’insuffisance des moyens de transport à l’intérieur de la région et avec le reste du pays. À l’exception de la Grande Route de Sibérie, les routes adaptées au transport sur roues étaient rares. Pendant environ cinq mois de l’année, les rivières étaient le principal moyen de transport. Pendant l’hiver, les marchandises et les passagers voyageaient en traîneaux tirés par des chevaux sur les routes d’hiver, qui étaient souvent les mêmes rivières, mais gelées. Même si le premier bateau à vapeur sur l’Ob avait été lancé en 1844, ce n’est qu’en 1857 que la navigation à vapeur a commencé à se développer. Les bateaux à vapeur ont commencé à naviguer sur l’Ienisseï en 1863, et sur la Lena et l’Amour dans les années 1870. Alors que la Sibérie occidentale, relativement plate, était desservie par de bons réseaux fluviaux, ce n’était absolument pas le cas de la Sibérie orientale. Ces problèmes dans la région ont rendu nécessaire la construction d’un chemin de fer.

Les premiers projets ferroviaires en Sibérie ont vu le jour après l’achèvement du chemin de fer Saint-Pétersbourg-Moscou en 1851, notamment le projet Irkoutsk-Tchita, proposé par l’entrepreneur américain P.Collins et soutenu par le ministre des Transports Constantine Possiet, en vue de relier Moscou au fleuve Amour et, par conséquent, à l’océan Pacifique où la Russie pourrait bénéficier d’un port en eau libre, Port Arthur. Le gouverneur de Sibérie souhaitait quant à lui faire progresser la colonisation russe dans l’actuel Extrême-Orient russe, avec des visées sur la Mandchourie chinoise. Toutefois, avant 1880, le gouvernement central avait pratiquement ignoré ces projets de développement.
Ce n’est finalement que le 9 mars 1891, que le gouvernement russe publia un rescrit impérial dans lequel il annonçait son intention de construire un chemin de fer à travers la Sibérie. Le tsarévitch Nicolas (futur tsar Nicolas II) inaugura la construction du chemin de fer à Vladivostok le 19 mai de cette même année.

Le point de départ à Moscou fut situé aux gares de Kazan et de Iaroslavl. Le tronçon Samara, Oufa, Tcheliabinsk fut inauguré le 26 octobre 1891. En 1904, les travaux n’étaient pas tout à fait achevés : il manquait une portion de la ligne aux alentours du lac Baïkal. En hiver, des traîneaux étaient utilisés pour transporter les passagers et les marchandises d’une rive à l’autre du lac jusqu’à l’achèvement de l’embranchement du lac Baïkal le long de la rive sud du lac. Après l’achèvement de la ligne du fleuve Amour au nord de la frontière chinoise en 1916, il existait donc un chemin de fer continu de Petrograd à Vladivostok qui, à ce jour, est resté la deuxième plus longue ligne de chemin de fer au monde.

Les courriers d’Europe pour l’Extrême Orient (Chine, Japon, Indochine) – ou d’Extrême Orient pour l’Europe et le reste du monde – ont pu emprunter le transsibérien. Ce trajet est qualifié de « voie de Sibérie » notamment pour les courriers des postes étrangères en Chine. A partir de 1902, on a donc pu faire ce choix du réseau ferroviaire au lieu d’utiliser les voies maritimes plus classiques pour une durée de trajet bien moindre.


Lettre du 16 juillet 1911 pour Vinh (Annam), affranchie au tarif pour l’étranger, par voie de Sibérie.

Le courrier parti de Nevers le 16 juillet est arrivé à Shanghai le 11 août, puis Haïphong le 12 août, enfin à destination à Vinh le 13 août.

SOULIE Michel, Transsibérien et voie de Sibérie, février 2021https://www.asso-philatelique-montpellier.fr/1272+transsiby-rien-et-voie-de-siby-rie.html?version=computer

Article Transsibérien https://fr.wikipedia.org/wiki/Transsib%C3%A9rien

Memel : tarif imprimé pour l’étranger

Alors que les timbres émis pour le territoire de Memel se rencontrent très facilement détachés, voire sur plis philatéliques, ceux-ci sont beaucoup moins fréquents sur les correspondances postales ordinaires. Nous avons déjà mentionné l’histoire postale de ce territoire qui fut occupé par la France de 1920 à 1923 dans une page spéciale que l’on peut retrouver ICI.

Le premier timbre semeuse 25c bleu surchargé, le fut à 20 pfennig. Ce qui permettait l’utilisation seul ou multiple assez facilement, à partir de juillet 1920 (émission) dans le tarif de mai1920 comme dans le suivant du 1er avril 1921. En revanche, à partir du 1er janvier 1922, sauf à imaginer des multiples encombrants (12 timbres sur une carte postale au tarif de 2, 40 Marks), ce 20 pf fut remplacé par ceux des autres émissions surchargées.
On notera tout de même que l’émission prévue pour le tarif de janvier 1922 (24 janvier) comprenait une série de 20 timbres… dont 9 ne correspondaient à aucun usage !

C’est la raison pour laquelle un usage au tarif est remarquable, comme sur la correspondance ci-dessous.

memel x 3 1921 imprimés

Memel, imprimé 2ème échelon pour la France, 21 décembre 1921

George H. Jaeger était un marchand de timbres bien connu à Liepaja, (Libau sur la bande pour imprimé) en Lettonie, mais aussi donc à Memel. Il existe de nombreux courriers à destination et en provenance de lui au fil des ans en Allemagne, tous évidemment parfaitement affranchis.

Bureau français à l’étranger – Rhodes

Il y a eu jusqu’à 16 bureaux français en mer Égée, en comptant Castellorizo. Presque tous ont fermé avec le début de la Première Guerre mondiale. Seuls Rhodes est resté actif, au même titre que les bureaux des Dardanelles ou encore Constantinople ou Smyrne dans les Détroits, qu’Alexandrie ou Port Saïd en Égypte.

Bureau de Distribution, ouvert en septembre 1852, fonctionna jusqu’à septembre 1887. Fermé, puis ouvert de nouveau en janvier 1896 il devint Bureau de Recette vers 1911-1912, il fut fermé définitivement en septembre 1924.

rhodes-turquie-dasie

Rhodes, 30 mai 1924, tarif  pour l’étranger à 75c

 

Bureau français à l’étranger : Mersine

Mersina (en turc « Mersin ») est l’ancienne ville romaine de Pompeipolis, port méditerranéen de la ville de Soloi, site  occupé sans doute depuis le 13ème siècle avant notre ère.
Au XIX° siècle, la compagnie des Messageries Maritimes choisit ce port, devenu un centre assez important, pour y établir une escale sur la ligne de paquebots reliant Alexandrie à Constantinople.

Un bureau de distribution fut ouvert à la fin du mois d’août 1852. Il était géré par des agents de la « Compagnie des Messageries maritimes » (comme Cavalle – Dedeagh – Port-Lagos et Vathy) mais fut converti en bureau de recette (et donc autorisé à effectuer toutes les opérations postales, y compris émission et paiement de tous mandats, quelle que soit la somme envoyée ou reçue) aux environs de 1891. Redevenu, bureau de distribution en 1911, il fut fermé en août 1914 mais la marine française y conserva une base jusqu’en 1923.

Mersina, Turquie d’Asie 29 mars 1910 pour Toulouse

Exprès retardé chèrement payé

En 1921 le service des envois par exprès, après avoir été suspendu durant la guerre, est de nouveau disponible. Alors qu’elle était auparavant de 30 centimes, la taxe est passée à 1,00 franc. Ce service fonctionne alors aussi bien pour le service intérieur que pour l’étranger.

Certaines correspondances ne suivent néanmoins pas toujours ce qu’on voudrait quelles fassent. Ce fut la cas avec la lettre ci-dessous :

lre-1921-325-png

Partie du Hâvre pour Amsterdam le 21 avril 1923, cette lettre est recommandée, et en exprès. Elle devrait arriver promptement et être remise directement. C’est sans compter sur un accident de parcours : ce pli a en effet été victime d’un « accident de service ». Réparé par la bande habituelle, il fut remis en circulation et finalement délivré.

***

Qu’y avait il cependant dans ce pli ? Quel était le poids de la lettre ? Ces deux questions ne sont pas anodines si on considère l’affranchissement.

  • lettre pour l’étranger : 50c (+25c par 20 grs)
  • taxe de recommandation : 50c
  • taxe d’exprès : 1,00 franc

On devrait donc avoir un affranchissement à 2,00 francs. Or on a 3,25 francs : cela ne peut être dû à une erreur ou à un affranchissement superfétatoire comme on en rencontre souvent, quelques centimes sont l’ordre de grandeur habituel : pas 2,5 fois le port de la lettre ! On a bien imaginé une taxe aérienne (à l’époque pour les pays bas : + 50c), cela ne suffit pas.

Quand on la regarde bien, l’enveloppe présente très clairement les traces d’un contenu épais, de petit format, très visible également au verso. En outre les bords ont été pliés, comme si il n’y avait rien dans l’enveloppe au contact des bords justement. Un objet assez épais, une liasse repliée, un courrier cartonné : tout ceci peut aisément se rencontrer, et peut être même rendre la manipulation moins aisée ce qui provoquerait l’accident de service : on n’en saura néanmoins jamais rien.

Cependant, on peut penser que l’envoi faisait un peu plus de 100 grs. et que l’affranchissement se décomposait comme suit :

  • lettre pour l’étranger : 50c + 1,25 franc (objet de 100 grs), pour un total de 1,75 franc
  • taxe de recommandation : 50c
  • taxe d’exprès : 1,00 franc

 

Ce qui donne bien un affranchissement à 3,25 francs !

Présence française en Albanie, 1916 – 1920 (Korytza – Pogradec)

La République de Korytsa, (Korça, Kortcha ou Korytza, voire Koritza) est une région autonome mise en place par la France dans le district de l’actuelle Korçë, dans le sud de l’Albanie, durant la Première Guerre mondiale.

Création de la République de Korytsa

L’offensive décisive sur le front d’Orient de septembre 1918 ne fut pas que le fruit d’une œuvre militaire. Elle fut aussi le résultat d’un travail politique de près de deux ans qui mena à l’occupation de Corfou avec reconstitution de l’armée Serbe, à la création du camp de Salonique, véritable centre décisionnel de la Grèce d’alors et à la création d’une éphémère république de Korytza.

Dans la partie sud-est de l’Albanie, la ville de Korça (les Français utilisaient le nom grec de Korytza) était occupée par les Grecs qui exerçaient l’administration depuis octobre 1914. Or cette zone n’était pas convoitée par les Serbes comme pouvait l’être le nord mais par les italiens qui étaient déjà maîtres du sud-ouest de l’Albanie, et cherchaient à s’accaparer le sud-est. Par ailleurs, la Grèce n’étant alors pas en guerre hésitait entre une politique germanophile menée par le roi Constantin et une alliance avec l’Entente, représentée par l’ancien premier ministre Venizelos.

Le général Sarrail qui dirigeait l’Armée d’Orient ne voulait pas que la politique des puissances régionales interfère avec la logique militaire. À l’automne 1916, il « s’inquiéta de ce qui constituait son flanc gauche, qui ne formait pas véritablement un front, mais où des troubles opposaient les venizélistes à des bandes et à une grande partie de la population de Korçë et de ses environs » (Augris op cit). Voulant préparer l’action dans la zone de Monastir située 100 km de Korça, il avait aussi besoin de contrôler cette zone. En y envoyant un détachement français, il ôtait aux royalistes grecs un contact avec les puissances centrales, aux autres grecs un terrain de propagande, aux italiens, enfin, la possibilité d’établir leur pouvoir durablement sur toute la région.

Carte : Région de Korçë.

region-de-korce

En rose, le territoire de la République, dont au nord, le territoire de Pogradec. Les trois seuls bureaux de poste existants à l’époque sont indiqués en jaune. Les flèches tiretées vertes montrent les manœuvres militaires vers l’objectif de Monastir.

A cette fin, il dépêcha le colonel Descoins. Celui-ci dirigeait la mission française, composée d’un bataillon du 242e d’infanterie, remplacé à la fin de décembre par le 13e bataillon territorial d’infanterie, du 2e bataillon de marche indochinois ; de deux escadrons de chasseurs d’Afrique ; d’une section d’artillerie. Il arriva à Korça le 21 novembre 1916. Se référant à ses seuls ordres militaires, il crut avoir les mains libres et pensa alors établir une « administration indigène sous le contrôle français » (Descoins, Rapport sur la situation de Korytza du 23 novembre 1916). Il s’appuya pour cela sur un « Conseil d’Administration » qu’il mit en place sous son autorité militaire (Augris, op cit). Ce conseil fonctionnait en employant des fonctionnaires civils grecs favorables à l’Entente puis des fonctionnaires civils albanais (Popescu, op cit).

Une république de fait vit le jour à Korytza du 15 mars au 1er décembre 1917. Les français présents sur place installèrent une administration complète répondant à la demande locale : l’autorité militaire pouvait seule nommer les fonctionnaires des services publics ; les forces de police et la gendarmerie mobile albanaise, chargées de maintenir l’ordre intérieur, étant placées sous l’autorité du commandant militaire français. En mars, la jeune République procéda à l’installation de douanes à ses frontières, puis à la nomination de laïcs à la direction des affaires religieuses. Des règlements divers furent adoptés : impôts sur le revenu, impôts sur le timbre, règlement judiciaire, nouvelle monnaie, timbres-poste… Un nouveau code pénal entra en vigueur. Parallèlement à cela, l’administration militaire organisa une administration sanitaire, soignant troupes et populations, avec l’ouverture d’un hôpital. (Popescu op cit).

Mais cette République avait tout pour déplaire, aux Grecs, aux Albanais écartés du pouvoir, aux Italiens. Mieux, s’inspirant de ce que les Français avaient fait en Albanie du sud-est, les Autrichiens proclamèrent en janvier 1917 l’autonomie de l’Albanie dans le giron de l’Empire, les Italiens annonçant, eux, l’indépendance totale sous le contrôle italien, en juin 1917. Le 1er décembre 1917, le commandement militaire transforma la République en « Kaza (province) autonome de Kortcha ».

En février 1918, la zone devint un territoire militaire français et le 1er mars 1918, ce territoire contrôlé par les Français s’agrandit encore, en incluant le territoire de Pogradec. C’est de là (les « Confins Albanais ») qu’est partie en septembre 1918 l’offensive victorieuse. Jusqu’au 22 mai 1920 ce territoire resta sous cette forme administrative avant d’être confié aux autorités albanaises, les Français quittant définitivement la région le 15 juin 1920 (Pospecu, op cit).

La poste dans le territoire

Timbres albanais

Les timbres d’Autriche-Hongrie, du Levant Italien, de la Turquie et même de l’Épire furent un temps en circulation en Albanie. Dans la zone de présence française, toutefois, les courriers furent affranchis avec des timbres albanais, puis avec les figurines de la République de Korytza (cf émission ci dessous).

954_001Émission de la République autonome de Korytza

Usage postal de timbres français

Des timbres français, au type « semeuse » ont aussi été utilisés. Cela concerne les 5c, 10c, 25c semeuses camées et le 15c semeuse lignée.

Pendant la cette période d’occupation française (3 ans et 6 mois), outre la poste militaire (secteur postal 508, presque exclusivement en franchise) trois bureaux de poste étaient en activité, à Korytsa, Bilisht et Pogradec. Les courriers de Korytsa sont rares, un seul courrier de Bilisht est parvenu jusqu’à nous et de Pogradec nous ne connaissons que 2 ou 3 lettres et ce fragment, seul au tarif de la lettre en 1920 : 25c.

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Fragment de lettre de Pogradec, affranchissement à 25c
Poste militaire

korytza 1920 Vag AAO.png

korytza vaguemestre AAO verso.png.jpg

Lettre au tarif international de Korytza, pour Athènes – cachet de vaguemestre d’étape du 24 mai 1920

vue en vente : https://www.delcampe.net/en_GB/collectables/stamps/france-1906-38-sower-cameo/25c-semeuse-sur-lettre-de-corytza-albanie-de-1920-pour-athenes-197504708.html

Usage postal de timbres français : affranchissements philatéliques

Les affranchissements philatéliques sont plus nombreux. Tous émanent de Korytza.

Date du 21 avril 1920 : souvenirs (pas d’adresse), l’administration est encore française

koritza5-11206-png

Date du 25 mai 1920 : lettres pour Zotit (monsieur) Dhori Kotit à Korçë

Ces derniers sont les plus nombreux, malheureusement oblitérés trois jours après la fin de l’administration française et sans aucune correspondance avec les tarifs postaux.

Toutes les lettres philatéliques ci dessous sont issues de ventes entre les années 2010 et 2016. Nous en avons vu une dizaine tout au plus.

 Affranchissements à 15c 

koritza2-26032010

Affranchissement composé (lettre philatélique) :
5c +10c Semeuse, lettre pour Korytza, 25 mai 1920

vue sur http://www.worthpoint.com/worthopedia/albania-1920-french-occupation-98798539

 Affranchissements à 40c
korytza recommandee.jpgPogradec : Bureau de poste ouvert aux civils

Affranchissement composé (lettre philatélique) :
5c +10c +25c Semeuse, lettre recommandée pour Korytza, 25 mai 1920

vue en vente : http://www.stampcircuit.com/stamp-Auction/collectio-alexandre-galinos/4328184/lot-3424-france-levant-and-colonies-france

Monsieur Dhori Kotit était imprimeur, installé à Korça depuis 1908, imprimeur depuis 1911. Il fut également journaliste et publia notamment en 1922 une gazette américaine d’Albanie. Il va sans dire que ces documents restent peu communs.

Sources

Revue d’Histoire moderne, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56209730/f65.image.r=Les Français et la République de Kortcha

Popescu Stefan, « Les Français et la République de Kortcha. (1916-1920)», Guerres mondiales et conflits contemporains 1/2004 (n° 213) , p. 77-87
URL : http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2004-1-page-77.htm.

Etienne Augris, « Korçë dans la Grande Guerre », Balkanologie [En ligne], Vol. IV, n° 2 | décembre 2000, mis en ligne le 20 juillet 2011, consulté le 01 novembre 2016. URL : http://balkanologie.revues.org/315

https://en.wikipedia.org/wiki/Autonomous_Albanian_Republic_of_Korce

Route peu commune vers Xanthie (Grèce)

xanthie.png

Le trajet normal entre Reims (et donc la France) et Xanthie, en Thrace, empruntait la route maritime via Salonique. Pourtant cette carte postale a voyagé curieusement et dans le temps et dans l’espace comme en témoignent les cachets.

Postée à Reims le 5 juin 1922, affranchie normalement à 30c, port composé ici du 25c bleu et du 5c jaune, cette carte a été envoyée à Xanthie (Thrace) où elle est arrivée le 3 – cachet : ΞΑΝΘΗ ΑΦΙΞΙΣ 3.ΙΟΥΝ.1922 ! Qu’on ne s’y trompe pas. la Grèce connaissait simplement encore à cette époque le calendrier julien et ne passa au calendrier grégorien qu’en 1924. Ainsi, le 9 mars 1924 fut suivi par le 23 mars 1924. La carte a donc mis 12 jours pour faire le trajet, tout en étant arrivée le 3 juin alors qu’elle fut postée le 5.

Mais ce n’est pas le plus curieux, loin s’en faut. En fait tout l’intérêt de cette carte réside dans le trajet emprunté. En effet, notre carte est passée par Edirne (aujourd’hui en Turquie, anciennement, Adrianoupolis ou Andrinople) comme en témoigne le cachet ΑΔΡΙΑΝΟΥΠΟΛΙΣ ΑΠΟΣΤΟΛΗ 2.ΙΟΥΝ.22. et fut donc envoyée par chemin de fer, en suivant la ligne Edirne/Karaagatch puis la vallée à travers la Thrace jusqu’à destination et non par bateau jusqu’à Salonique.

L’origine de cette route est quant à elle impossible à établir…

carte-edirne

Armée d’Orient après l’armistice, secteur postal 505, dans le tarif du 1er juin 1921

Le secteur postal 505  (ex 194) était celui de l’infanterie coloniale, de même que les secteurs 505 A, 505 B, 505 C. Cette infanterie coloniale était :

  • à Florina en juillet 1917
  • à Tourane (?) fin juillet 1917
  • à Brnick en août 1917
  • à Neokazi le 18 novembre 1917
  • à Lescovec en février 1918
  • à Monastir après l’engagement dans la boucle de la Cerna en septembre 1918
  • à Salonique en janvier 1919

Pour autant le secteur n’a pas disparu après l’armistice et on le retrouve encore en 1921, à Constantinople. Outre cet usage très tardif, la lettre ici est affranchie selon le tarif du 1er juin 1921, dernier tarif n’utilisant que les figurines métropolitaines avant l’apparition le 1er août 1921 d’un autre tarif à compter duquel les figurines locales furent utilisables. Notons que ce tarif du 1er juin portait la taxe d’affranchissement de la lettre à 75c, elle revint à 50 c le 1er août.

lettre constantinople 1921 75 c

Affranchissement à 75 centimes (x 3) : lettre 1er échelon.

Poste aérienne : taxe à 50 c pour les Pays Bas

En 1921, la taxe supplémentaire pour le courrier par avion pour les Pays Bas a été fixée à 50c. Le 15 juillet 1925, la taxe d’affranchissement de la lettre pour l’étranger est passée à 1 franc. C’est cette composition que l’on retrouve ici.

par avion hollande 1,50 1925

A retrouver sur la page : https://semeuse25cbleu.net/miscellanees/la-naissance-du-service-postal-aerien/