Postes belges en France

Après qu’il s’est replié en septembre et octobre 1914 dans le nord de la France et en Normandie, le gouvernement belge au Havre et à Sainte Adresse reçut un privilège d’extraterritorialité. L’une des conséquences de cette extraterritorialité fut que le gouvernement belge put employer ses propres timbres-poste, créant ainsi une « poste belge en France ». Toutefois, cette poste belge en France recouvre deux réalités bien distinctes.

Bureau spécial au Havre et à Sainte Adresse

D’une part, un bureau spécial pour les opérations effectuées au Havre et à Sainte Adresse par des ressortissants belges a utilisé le timbre à date du Havre à partir du 18 octobre 1914. A la fin de ce mois d’octobre, il fut remplacé par un timbre à date spécifique « Le Havre Spécial », qui fut utilisé jusqu’au 14 octobre 1915.

belgique-le havre 1914

Du 15 octobre 1915 jusqu’au 22 novembre 1918, c’est un troisième cachet, bilingue celui-ci, qui fut utilisé.

Opérations postales des Divisions d’armée

D’autre part les opérations postales des unités en campagne (Division d’armée). Ces opérations sont confirmées par des Marques des formations belges en France assurant la franchise.

Il en va ainsi des centres d’Instruction de l’Armée belge qui étaient répartis un peu partout en Normandie et dans le Nord : Avranches, Ardres, Audruicq, Auvours, Bayeux, Carentan, Carteret, Coutances, Criel-sur-Mer, Dieppe, Eu, Fécamp, Gaillon, Granville, Gravelines, Grand Fort Philippe, Honfleur, Saint-Lô, Valognes.

Centre d’instruction de l’armée belge de Saint Lo, 13 mai 1915 : franchise postale accordée aux centres de l’Armée Belge.

Croix Rouge esffb (étiquette verte)

On note l’étiquette verte ES FFB et la bande de censure de l’autorité militaire

D’autres informations sur la page dédiée : Poste belge en France et poste militaire belge

Usages de la taxe de recommandation : carte postale, journaux

Au moment de son émission en juin 1907, ce timbre fut utilisé à l’affranchissement de la taxe de recommandation fixée à 25 centimes depuis le 16 janvier 1879 pour le chargement ou la recommandation des objets de toute nature circulant par la poste, à l’intérieur de la France et de l’Algérie, car d’après la loi du 25 janvier 1873 autorisant la recommandation, « le public est admis à recommander les lettres, les cartes postales, les échantillons, les papiers de commerce et d’affaire, les journaux, les imprimés et généralement tous les objets rentrant dans le monopole de la poste, ou dont le transport peut lui être confié en vertu des lois en vigueur ».. Ce tarif dura jusqu’au 31 mars 1920.

L’intention de recommandation est donnée par l’apposition d’une griffe « R » encadré, obligatoire depuis le 16 mars 1895. Depuis le 16 janvier 1879, le droit fixe de recommandation des lettres était de 25 centimes.

Voir notre page  : https://semeuse25cbleu.net/usages-pour-linterieur-2/lettres-et-autres-objets-recommandes/

A côté des lettres et échantillons ou papiers d’affaire, certains objets sont peu communs :

Cartes postales

Recommandation des cartes postales à 35 c
Carte postale recommandée : Béziers, 18 mars 1910

CP Recommandée

Port : 10 c.
Taxe de recommandation : 25 c

Journaux

Recommandation des journaux à 25 c
27  septembre 1915, affranchissement des journaux recommandés à 30 c

le temps timbres.png

Le temps recommandé.png

journaux premier échelon à 5c
taxe de recommandation à 25 c

Tarif intérieur transitoire d’Alsace Lorraine

Au moment où, à la fin de le Première Guerre mondiale, les départements d’Alsace et de Moselle sont redevenus français, on a maintenu transitoirement un tarif postal spécifique du 15 décembre 1918 au 15 juillet 1919. Il s’agissait d’une adaptation en francs du tarif postal allemand du 1er octobre 1918. A cette date (15 décembre 1918), on a appliqué en Alsace et en Moselle le tarif postal français du 1er mai 1910 pour les relations postales avec l’étranger. Pour les relations avec l’Allemagne cependant, depuis ces départements, c’est le tarif intérieur qui prévalait.

Ce que l’on retrouve dans le tableau ci dessous pour la lettre simple :

tarif interieur AL

 

On voit que les tarifs intérieurs d’Alsace Lorraine et le tarif allemand sont alignés à partir du 15 décembre sur le tarif allemand, sur la base d’un pfennig pour un centime. Notons aussi que les tarifs allemands distinguent deux rayons, l’un de bureau à bureau dans la même ville nommé ici « local », l’autre, en dehors de ce rayon. Cette distinction avait aussi existé en France, mais elle avait été supprimée en 1878… alors que l’Alsace et la Moselle étaient alors dans l’Empire allemand. Cependant, les envois étaient limités aux lettres et cartes simples, recommandées ou par exprès et aux imprimés et correspondances commerciales.

Par ailleurs, la taxe d’exprès qui était suspendue en France existait bien en Allemagne. Elle était de 25 pf, elle passa à 25c. Ainsi, une lettre de correspondance commerciale au deuxième échelon envoyée en exprès serait impossible en France à cette date (exprès suspendu) mais possible en Alsace, au tarif de 25c (2ème échelon de poids) + 25 c d’exprès.

C’est cette composition que nous retrouvons ici :

alsace moselle.png

Strasbourg, 11 juillet 1919, lettre commerciale affranchie à 50c
  • Lettre (correspondance commerciale) : 25c
  • Taxe d’exprès (durch Eilboten) : 25c

Bibliographie

ALSACE-LORRAINE 1918-1920, Tarifs et règlements postaux de Robert Abensur, 1995, édité par la SPAL

SP 524 : une trace de la présence française à Sofia, Bulgarie, en 1922

Après l’armistice du 23 septembre 1918 avec les Bulgares, puis un peu plus tard avec  les ottomans et les hongrois, les armées françaises ont été déployées de la Croatie à l’Asie mineure, via la Hongrie, la Bulgarie, la Turquie d’Europe. Après le conflit, des instances interalliées ont été créées pour s’efforcer d’organiser la paix, à la suite de la Conférence de la pays de Paris. Un Comité militaire allié de Versailles (CMAV) organisa alors des Commissions militaires interalliées de contrôle (C.M.I.C.), envoyées dans tous les pays vaincus, en vertu de l’article 203 du traité de Versailles, pour veiller à l’application des clauses militaires des cinq traités de la Paix :

  • celui de Versailles avec l’Allemagne (28 juin 1919)
  • de Saint-Germain-en-Laye avec l’Autriche (10 septembre 1919)
  • de Neuilly avec la Bulgarie (27 novembre 1919)
  • de Trianon avec la Hongrie (4 juin 1920)
  • de Sèvres avec l’Empire ottoman (20 août 1920)

Ces CMIC fonctionnèrent jusqu’au 28 février 1927 pour l’Allemagne, jusqu’au 31 mars 1927 pour la Hongrie, jusqu’au 1er juin 1927 pour la Bulgarie. La révision des traités concernant l’Empire Ottoman et la naissance de la Turquie avait donné un statut particulier à la commission chargée d’appliquer le traité de Sèvres.

Parallèlement à cela, des troupes restèrent présentes dans les territoires concernés, jusqu’en 1923 pour Constantinople et Smyrne (le bureau est de Smyrne fonctionna entre juin 1920 et le 1er mai 1923 en tant que secteur postal Trésor et Postes 528, ouvert aux civils. Après le 1er mai 1923 et jusqu’à la fermeture du bureau les timbres furent annulés par une griffe « Postes françaises à SMYRNE ».).

Ailleurs, suivant les troupes, de nouveaux secteurs postaux avaient vu le jour. Pour autant, certains furent repris à l’ancienne série des 500.

Carte postale 1 er avril 1922, tarif UPU 30 c cachet du SP 524 à Sofia.

524 sofia

Ainsi, le SP 513 A correspondait il à la division d’infanterie coloniale en place en Bulgarie. Le SP 524 était à Sofia même. Le SP 520 correspondait à la base de Temeswar (Timsoara aujourd’hui), alors que le 520 B était à Arad, toujours en Roumanie. Plus connu, le 528 était à Smyrne (Turquie), alors que le 528 A était à Constantza (Roumanie). Pour finir, le 530 correspondait à Makri-keuy (Makrikoy – périphérie ouest d’Istanbul et le 530 B à Hadim-keuy (Hadimköy aujourd’hui, nord ouest d’Istanbul).

Reconstitution des secteurs postaux Région Edessa – Monastir (1917-1918)

Secteurs postaux front d'orient Région de Monastir-EdessaOn pourra retrouver le descriptif des secteurs postaux, avec le moment de leur présence sur cette page : https://semeuse25cbleu.net/miscellanees/larmee-dorient/

La brève existence du secteur postal de Constantinople 509 A

L’Occupation de Constantinople (12 novembre 1918 23 septembre 1923) correspondit à l’occupation de la capitale de l’Empire Ottoman par les forces britanniques, françaises et italienes, conformément à l’Armistice de Moudros, qui mit fin à la participation ottomane à la Première Guerre mondiale. Les premiers soldats Français entrèrent dans la ville le 12 novembre 1918, suivis par les troupes britanniques le lendemain. Les troupes italiennes débarquèrent à Galata le 7 février 1919.

On peut diviser cette occupation en deux temps : l’occupation initiale qui s’est déroulée conformément à l’Armistice du 12 novembre 1918 au 16 mars 1920 ; puis, à partir du 16 mars 1920, en conformité avec le traité de Sèvres. Le traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923, mit un terme à cette occupation. Les dernières troupes alliées quittèrent la ville le 23 septembre 1923. Les premières troupes turques y entrèrent le 6 octobre 1923. Les troupes alliées occupaient zones basées sur les sections de Constantinople et mirent en place une administration militaire alliée dès début de décembre 1918. Le courrier a d’abord été expédié par la poste navale, puis à partir du 6 février 1919, un bureau militaire fut entièrement dédié aux envois civils. Il s’agissait du 509 A. En mai 1919 le secteur postal 506 à Galata, attribué auparavant à Moudros (île de Lemnos) fut créé à Istanbul et vint remplacer ce 509 A. Deux autres bureaux annexes furent ouverts à Istanbul : le 16 juin 1919, un bureau 506 B à Stamboul et à partir de décembre 1921 un 506 C à Pera.

Constantinople = 509 A

Ouvert à partir du 6 février 1919, ce bureau 509A fonctionna jusqu’en mai 1919 : ce secteur postal de Constantinople n’eut donc que trois mois d’existence.

509A

Lettre recommandée du 7 mars 1919, de Constantinople pour Paris,
tarif UPU à 50c représenté par deux semeuses 25 c

 

Page complète : https://semeuse25cbleu.net/miscellanees/larmee-dorient/

Lettre recommandée par poste aérienne pour Téhéran via Bagdad – janvier 1924

L’objet n’est pas commun.

La lettre ci dessous est partie de Paris le 10 janvier 1924, pour Téhéran. Ce courrier a transité par Bagdad le 23 janvier 1924. Il s’agit d’une lettre recommandée au tarif international, au deuxième échelon de poids, dans le tarif du 1er avril 1921.

Numériser

Lettre Recommandée bagdad 1924 Recto

La taxe initiale se décompose comme suit :

  • Lettre jusqu’à 20 gr (UPU) : 50 c
  • par 20 gr en plus : 25 c
  • taxe de recommandation : 50 c

A ceci il faut ajouter la taxe aérienne via Bagdad (depuis Le Caire)

  • Lettre jusqu’à 20 gr (UPU) : 1,25 fr
  • par 20 gr en plus : 1,25 fr

Au total on a donc bien un affranchissement à 3,75 fr… dans lequel notre semeuse ne représente finalement que le passage au deuxième échelon de poids.

Correspondance retardée par suite d’un incendie

(Mise à jour)

Décembre 1918 « correspondance retardée par suite d’un incendie »

Il semble bien qu’il y ait peu d’informations disponibles sur cette griffe apposée en violet sur le courrier à destination de la Belgique que nous avons pu retrouver. Les lignes maritimes et aériennes ne pouvant être prises en considération, il s’agit très vraisemblablement d’un incendie lié au transport terrestre. Les trois documents que nous avons montrent un courrier depuis Paris, un autre depuis Madrid, un troisième depuis Milan. Cet incident a donc pu se produire, d’une part le 21 décembre 1918, date du courrier français, ou juste après, d’autre part entre Paris et Bruxelles, et peut être même plus probablement avant ou à Charleroi, lieu de bifurcation des lignes entre Bruxelles d’une part et Liège d’autre part, sauf si le courrier passait par Bruxelles d’abord (en décembre 1918, les voies de chemin de fer étaient loin d’être toutes rétablies).

Le courrier concerné porte la marque correspondance retardée / par suite d’un incendie sur deux lignes, en violet.

Paris pour Bruxelles, tarif de la lettre pour l’étranger, 21 décembre 1918

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On a retrouvé cette griffe sur d’autres courriers, l’un en provenance de Milan pour Liège, l’autre en provenance de Madrid pour Bruxelles.

Hors collection : documents vus en vente sur site de ventes aux enchères

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voir https://semeuse25cbleu.net/miscellanees/les-voyages-interrompus/

Notons la vente Williame. Il y est fait mention d’un incendie du wagon postal, nous n’en avons pas encore retrouvé la trace.

Mise à jour de la page sur la naissance du service postal aérien

Mise à jour de la page sur la naissance du service postal aérien, avec notamment tous les tarifs pour l’international que l’on peut rencontrer durant la période normale d’utilisation de la semeuse 25 c, c’est à dire jusqu’en juin 1927.

Nous n’avons pas encore beaucoup de lettres à présenter, mais au moins, les tarifs étant affichés, cela permet une recherche plus rapide.

Bibliographie

Alexandre, Barbey, Brun, Desarnaud, Joany  les tarifs postaux français (1627 – 1969) ;  ed Brun et fils, 1989.

Fausses surcharges (encore)

On connait de faux timbres. De fausses surcharges. De fausses enveloppes avec de faux cachets. Parfois seul le cachet est faux, parfois seule la surcharge, parfois tout est entièrement faux.

Que faut il pour s’en apercevoir avant que de risquer quelques euros, parfois plus, pour l’achat d’un objet qui n’aurait aucune valeur ? Une vérification de date (si oblitéré), de type de timbre (si il y a eu plusieurs types), de type de surcharge (idem) une grosse loupe et beaucoup de bon sens… Car quel serait l’intérêt d’un faussaire que de déprécier le timbre qu’il falsifie? Il s’agit bien d’une escroquerie laquelle en partant d’une vignette commune, relativement, embellit la chose : surcharges déplacées, à cheval, tenant à non surchargé etc.

Parfois c’est redoutable. Parfois c’est pitoyable.

Intéressons nous (encore!) au 25 c bleu surchargé « castellorizo ». Pour la petite histoire, rappelons que le 10 août 1920, à la suite de la signature du traité de Sèvre, les iles du Dodécanèse furent placées sous administration italienne. Pour autant, le lieutenant de vaisseau en charge de l’île de Castellorizo fit réaliser une troisième émission de timbres sur un petit stock de figurines parvenues par le navire « le Provence », à bord de celui-ci.

Il s’agit de timbres de France et du Levant surchargés OF CASTELLORIZO pour Occupation Française. La surcharge est verticale et descendante sur les petits formats (Semeuses) et horizontale sur les grands formats (Merson). Le cachet ayant servi à cette surcharge fut détruit le soir même du 26 août 1920, ce qui fait de cette émission une des plus brèves de l’histoire philatélique de France, marquée par de faibles tirages : les 4 Semeuses concernées ont chacune été tirées à 500 exemplaires, les 6 Mersons à 200 exemplaires, les 5 petits formats du Levant en nombres inconnus, mais sûrement faibles eux aussi.

Voilà donc la chose, 500 exemplaires, 10 millésimes possibles… bref, une véritable rareté que la côte de 230 euros en neuf ne reflète assurément pas. Pas complètement.

Tout d’abord, notre propre exemplaire.

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Il est signé A. Brun, signature authentique, placée en bas du timbre. Le verso présente une adhérence.

Celui ci est aussi authentique :
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Il se trouve sur une lettre qu’on a déjà montrée ici, il est accompagné de deux certificats d’expertise. Et l’enveloppe est à 4000 euros (le prix baisse… jusqu’à quand?)

Et puis ce qui se vend en ce moment. En voici quatre exemples :

mJ4aVtYksa5wMjnZPy1o3WA Celui ci a déjà été signalé comme faux au vendeur. Ce n’est pas très dur à voir : la surcharge est mal orthographiée.. Ce vendeur même s’il assume la pleine responsabilité (blabla) précise cependant que l’objet n’est ni expertisé, ni signé. D’ailleurs, l’expression « Le vendeur assume l’entière responsabilité de cette annonce » est automatique et décharge simplement le site de responsabilité. Mais si la vente se fait, c’est quand même 225 euros pris à quelqu’un de crédule.

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De celui-ci on dit juste qu’il est « very fine ». Certes, il n’est vendu que 1,80 $… mais tout de même, il reste faux et là aussi une loupe ou juste une comparaison dans les catalogues avec la surcharge originale le montre immédiatement.Notons qu’à ce prix, il faut ajouter la livraison de 2,30 $. Ce qui fait 4 euros au total, perdus.

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Celui-ci le vendeur le qualifie de bel exemplaire, sans aucune autre mention. C’est l’un de mes préférés : la surcharge n’est pas authentique , le type de timbre qui supporte cette surcharge n’est pas le bon : seul le 1A a été utilisé car seul le 1A existait à cette date. Et il en coûterait à l’acheteur 35 euros.

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Dernier objet pour ce matin, si le vendeur n’avait pas précisé (en allemand et en grec) que la surcharge était fausse, il aurait sûrement eu ma préférence : outre la surcharge grossière, il est oblitéré de Paris. Ce qui est peu commun pour un timbre n’ayant été utilisé que sur une toute petite île de Méditerranée. Même annoncé faux, le vendeur en demande malgré tout 5 euros. Je ne comprends pas qui pourrait acheter cela.

Quelques liens pour finir :