Memel : tarif imprimé pour l’étranger

Alors que les timbres émis pour le territoire de Memel se rencontrent très facilement détachés, voire sur plis philatéliques, ceux-ci sont beaucoup moins fréquents sur les correspondances postales ordinaires. Nous avons déjà mentionné l’histoire postale de ce territoire qui fut occupé par la France de 1920 à 1923 dans une page spéciale que l’on peut retrouver ICI.

Le premier timbre semeuse 25c bleu surchargé, le fut à 20 pfennig. Ce qui permettait l’utilisation seul ou multiple assez facilement, à partir de juillet 1920 (émission) dans le tarif de mai1920 comme dans le suivant du 1er avril 1921. En revanche, à partir du 1er janvier 1922, sauf à imaginer des multiples encombrants (12 timbres sur une carte postale au tarif de 2, 40 Marks), ce 20 pf fut remplacé par ceux des autres émissions surchargées.
On notera tout de même que l’émission prévue pour le tarif de janvier 1922 (24 janvier) comprenait une série de 20 timbres… dont 9 ne correspondaient à aucun usage !

C’est la raison pour laquelle un usage au tarif est remarquable, comme sur la correspondance ci-dessous.

memel x 3 1921 imprimés

Memel, imprimé 2ème échelon pour la France, 21 décembre 1921

George H. Jaeger était un marchand de timbres bien connu à Liepaja, (Libau sur la bande pour imprimé) en Lettonie, mais aussi donc à Memel. Il existe de nombreux courriers à destination et en provenance de lui au fil des ans en Allemagne, tous évidemment parfaitement affranchis.

Cachet Paquebot Massilia

La convention postale universelle de Madrid d’octobre 1920 mentionnait dans son article 5, le point suivant : « les correspondances déposées en pleine mer dans la boîte d’un paquebot ou entre les mains des agents des postes embarqués ou des commandants de navire peuvent être affranchies au moyen des timbres-poste et d’après le tarif du pays auquel appartient ou dont dépend ledit paquebot. Si le dépôt à bord a lieu pendant le stationnement aux deux points extrêmes du parcours ou dans l’une des escales intermédiaires, l’affranchissement n’est valable qu’au tant qu’il est effectué au moyen des timbres-poste et d’après le tarif du pays dans les eaux duquel se trouve le paquebot.« 

C’est ainsi que la mention PAQUEBOT s’est retrouvée apposée, soit à la main, soit au moyen de la griffe du bateau sur les correspondances déposées à bord dans les boites mobiles ou remises aux mains des agents embarqués ou encore au bureau de poste.

En France, seule la petite griffe « PAQUEBOT » non encadrée a été utilisée. Cependant ce ne fut pas le cas partout et on rencontre différents types, encadrés ou pas, en français « paquebot » ou en traduction.

Lisbonne a ainsi utilisé soit la griffe PAQUEBOT, soit la griffe PAQUETE seule. C’est le cas sur le pli ci dessous.

Paquebot MASSILIA – 23 septembre 1922, cachet Lisboa Central et griffe PAQUETE

La date du 23 septembre n’est pas anodine. C’est en effet ce jour là que le MASSILIA en provenance de Bordeaux arrivait à Lisbonne avant de reprendre sa route vers Buenos Aires, comme le montre le descriptif de la compagnie :

Bureaux de rassemblement

Au moment de la déclaration de guerre, toute la correspondance pour les mobilisés devait être acheminée sur le dépôt du corps d’armée auquel ils appartenaient. En effet, le public ignorait si un homme était encore en zone intérieure ou déjà en zone des armées, et le cas échéant, sur quelle partie du front il se trouvait. Le courrier destiné aux armées était trié par les vaguemestres qui le remettait à la poste civile pour l’expédier sur un bureau spécial nommé Gare de Rassemblement, non loin d’une grande gare.

Ces bureaux de rassemblement « rassemblaient » donc tout le courrier et le dirigeaient soit sur le Bureau Central Militaire, (BCM) soit vers un bureau-frontière. Le BCM, situé à Paris, (il y eut un court moment où le BCM fut à Bordeaux, il y eut aussi un BCM à Marseille pour l’armée navale), faisait le tri et acheminait les correspondances vers les bureaux-frontière. Ces derniers étaient nommés ainsi, non pas parce qu’ils se trouvaient au contact d’une frontière de la République, mais dans une zone entre administration postale civile et administration postale militaire, ou si l’on préfère entre une zone des combats, dite zone des armées et une zone en dehors des combats, dite zone de l’intérieur.

D’après Strowski, il y eut 24 gares de rassemblement. Aux vingt premières du plan initial d’entrée en guerre s’ajoutèrent en effet, un 21ème gare correspondant au 21ème corps métropolitain, puis une autre pour le 22ème corps colonial. Deux autres gares complétèrent le dispositif: l’une pour les correspondances et paquets pour les troupes du sud-est envoyées en Afrique et une autre pour le 31ème corps, qui n’eut cependant pas de cachet postal.

Ces cachets existent en noir mais aussi dans d’autres couleurs, indifféremment. Ils étaient complétés par une griffe linéaire horizontale composée de deux rectangles superposés. Parfois le cachet est donné par une empreinte négative du cachet destiné aux scellements à la cire. Sauf exception, ils n’ont pas été apposés sur les lettres destinées aux particuliers.

CACHET RASSEMBLEMENT 12° CORPS  – ENVELOPPE du COMMISSAIRE
de la GARE de Saint Sulpice (Haute Vienne)

Le 22 octobre 1914, décision fut prise de pouvoir envoyer directement les correspondances au BCM. Avec l’invention des secteurs postaux, les gares de rassemblement n’eurent plus de raison d’être et, en août 1915, elles furent supprimées.

Occupation militaire française en Syrie – Variété S de piastre renversé

En 1919 le territoire de l’ancienne Syrie fut divisé en deux parties administrées l’une par la France à l’Ouest et l’autre par les britanniques à l’Est.

A cette date, les premiers timbres de Syrie furent émis. Il s’agissait de timbres de métropole surchargés T.E.O., pour Territoire Ennemi Occupé, les bureaux, dont le service était assuré par les anciens personnels civils syriens, fonctionnant sous la surveillance des autorités militaires. En 1920 les territoires syriens disposèrent de leurs propres tarifs postaux mais il fallut attendre mai 1921 pour que l’ensemble des territoires sous mandat français disposât d’une unité postale.

Émission de mai 1920

L’arrêté n° 129 du Haut Commissariat en date du 31 mars 1920 créa la livre syrienne divisée en 100 piastres. A compter du 1er mai 1920, la monnaie syrienne devenait monnaie officielle et le rapport de conversion était fixé à 3 piastres syriennes pour 1 piastre égyptienne, la piastre syrienne étant égale à 20 centimes.

Cependant cette tarification ne dura qu’un mois, car elle était totalement disproportionnée par rapport aux tarifs postaux français et à ceux de l’UPU  En effet le port d’une lettre admis par les règlements de l’Union Postale Universelle était de 25 centimes soit 1 piastre 25. En vertu des règlements postaux internationaux la poste locale était dans l’obligation d’accepter ce tarif sans aucune surtaxe. Enfin, il était plus avantageux de ne pas affranchir ses lettres au départ de Syrie, puisque malgré la double taxe payée à l’arrivée le coût d’une lettre revenait à 50 centimes soit 2,50 piastres au lieu des 3 piastres soit 60 centimes exigés par l’office postal du Haut Commissariat.

On comprend donc bien que ce timbre à 3 piastres était destiné à n’avoir qu’une faible durée de vie. C’est la raison pour laquelle il a été remplacé dès le mois de juin de la même année par un timbre à 2 piastres.

Ce timbre à 2 piastres montre une surcharge apposée typographiquement à plat à l’imprimerie Gédéon à Beyrouth sur des feuilles de 150 timbres avec millésimes à l’encre noire brillante, ou rouge mate sur papier G.C son tirage fut de 562 000 ex.

Une case particulière (case 96) mérite l’attention du collectionneur : le S de piastre y est inversé.

Syrie – 1920 – n°Yv. 37 (Maury 40 II ) – Semeuse 2pi sur 25c – variété S renversé dans bloc de 18 papier GC

Variété S renversé case 96

Bureau français à l’étranger – Rhodes

Il y a eu jusqu’à 16 bureaux français en mer Égée, en comptant Castellorizo. Presque tous ont fermé avec le début de la Première Guerre mondiale. Seuls Rhodes est resté actif, au même titre que les bureaux des Dardanelles ou encore Constantinople ou Smyrne dans les Détroits, qu’Alexandrie ou Port Saïd en Égypte.

Bureau de Distribution, ouvert en septembre 1852, fonctionna jusqu’à septembre 1887. Fermé, puis ouvert de nouveau en janvier 1896 il devint Bureau de Recette vers 1911-1912, il fut fermé définitivement en septembre 1924.

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Rhodes, 30 mai 1924, tarif  pour l’étranger à 75c

 

Oblitération allemande de Colmar sur CP avec cachet du contrôle postal militaire

Contrôle des correspondances civiles de la zone des armées

A partir de 1915, les civils, dans la zone des armées, virent leur courrier contrôlé par les militaires. La correspondance pour un destinataire local n’était contrôlée qu’en cas de nécessité. En revanche la correspondance pour les pays neutres devait être intégralement contrôlée. Toutes ces correspondances étaient ouvertes, contrôlées localement, puis adressées à la CCP frontière selon la destination. Dans le cas d’une carte postale, « l’ouverture » n’existant pas, le cachet ovale du contrôle militaire de l’officier lecteur attestait du contrôle.

Carte postale de Colmar (cachet allemand) du 22 décembre 1918 pour la Suisse, tarif lettre avec un cachet ovale double avec la mention « contrôlé par l’autorité militaire » et 119 comme numéro d’ordre (6ème armée).

Quand l’acheminement devint impossible.

Dans notre étude sur les marques des vaguemestres, nous mentionnons les marques de retour à l’envoyeur et celles des acheminements impossibles.

Pour les plis recommandés, on a très vite pratiqué le retour à l’envoyeur.

1915-retour-temps-utile

Griffe RETOUR / A L’ENVOYEUR
et cachet Retour à l’envoyeur /Le destinataire n’a pu être atteint en temps utile

Les autres correspondances restaient cependant en souffrance.

Un mention spéciale a été apposée, sans réel succès :

Le 6 décembre 1914, le ministère décida de liquider toute cette correspondance : toutes les lettres furent traitées, certaines renvoyées aux expéditeurs, d’autres aux rebuts. La circulaire imposait à tous une estampille commune : LE DESTINATAIRE N’A PU ÊTRE JOINT EN TEMPS UTILE. Il y en eut de toutes les couleurs et de toutes les formes, sur une ou plusieurs lignes. Plus tard l’expression fut modifiée, « JOINT » devint « ATTEINT », et « EN TEMPS UTILE » devient « EN TEMPS VOULU », puis fut supprimée.

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Retour à l’envoyeur / le destinataire n’a pu être atteint, 14 novembre 1915

Pour indiquer le renvoi sur le bureau initial, on apposa en accord avec le bureau de poste civile de la localité la griffe « RETOUR / A L’ENVOYEUR / Numéro » Ce numéro étant un numéro d’ordre de la nomenclature des bureaux.

Dans certain cas, du fait de l’interruption du service postal, l’acheminement devenait objectivement impossible. Pour retourner le courrier à l’expéditeur, du moins au service initial, on apposa alors le cachet « LIEU DE DESTINATION ENVAHI » puis la griffe « ACHEMINEMENT IMPOSSIBLE » qu’on ne doit pas confondre avec la précédente.

Ce fut le cas en août 1914 lorsque le service a été interrompu avec les départements envahis du Nord et de l’Est de la France, malgré les tentatives de contournement soit par le commission de contrôle de Pontarlier, soit par Genève et l’entremise de la Croix Rouge:

Amiens, 30 août 1914 pour Gueudecourt (Somme) : rupture du service postal, « LIEU DE DESTINATION ENVAHI »

Lettre d’Epernay (Marne) du 13 décembre 1914 pour Machault (Ardennes).

Le verso porte la mention « LIEU DE DESTINATION ENVAHI » ce que l’expéditeur savait parfaitement, puisque la lettre fut envoyée sous couvert de l’action de la Croix Rouge de Genève.

Même dans ce cas, Machault, occupé dès le 2 septembre 1914 resta coupé du reste du pays jusqu’au 11 novembre 1918.

Bien évidemment la transmission du courrier à destination des belligérants ennemis a aussi été suspendue, comme pour l’Allemagne ou l’Autriche, mais aussi pour la Russie après la signature du Traité de Brest Litovsk mettant fin aux hostilités avec l’Allemagne en décembre 1917 après le Révolution d’Octobre, ou encore les nouveaux pays baltes indépendants.

Paris, 7 janvier 1918 pour Moscou : Acheminement impossible du fait de la rupture du service postal

Ces dispositions son restées valables après la guerre dans certains cas, comme ici pour Reval (ancien nom de Tallinn) en Estonie en janvier 1919.

Après le traité de Brest Litovsk de décembre 1917, l’Estonie et les provinces baltes de Russie devinrent indépendantes, la date retenue étant celle de la proclamation de l’indépendance estonienne le 24 février 1918. En fait, elles furent occupées par l’armée allemande. Le 3 mars, avec la signature de la paix de Brest Litovsk, cette fois, la Russie reconnut cette indépendance et en août de la même année, elle accepta dans le cadre d’une clause additionnelle de renoncer à sa souveraineté sur les provinces baltes. En novembre 1918, avec l’effondrement de l’Empire allemand, l’Estonie se vit de nouveau menacée par les russes dénonçant le précédent traité après qu’un Comité révolutionnaire provisoire d’Estonie se proclama seul pouvoir légal en Estonie et demanda aux russes de « libérer le pays ». La guerre qui s’en suivit dura de janvier 1919 (interruption de notre service postal) à février 1920 quand fut signé le traité de Tartu reconnaissant l’indépendance de l’Estonie.

Premières machines à oblitérer : Daguin, Bickerdyke, Flier, Chambon

La réforme postale de 1876 fut accompagnée par une augmentation rapide du volume du courrier. Dès cette époque l’administration chercha à faciliter et accélérer l’annulation des timbres poste. La première machine, bien connue des philatéliste, est la machine Daguin, du nom du postier inventeur du concept par association de deux cachets dateurs, l’un annulant le timbre, l’autre servant de cachet témoin, le tout breveté en 1882.

Après bien des péripéties, « elle a été mise en service en 1884 (probablement au mois d’août), après avoir été soumise à des essais à la Recette Principale de la Seine au cours du premier semestre 1884 et peut-être même, avant d’heureux perfectionnements, dès 1882. » ( Dr Goubin Le Bulletin Philatélique du Midi, n° 253) cité par http://aremorica.free.fr/divers/daguin/index.php)

On parle alors de Daguin jumelées et ces empreintes . En 1924, on remplaça l’un des deux dateurs par une marque spécifique, ce qui permit de frapper en même temps une couronne ordinaire de timbre à date et un cadre contenant un texte ou une illustration. Même si le rendement n’était que de 3000 lettres à l’heure, cette machine a connu un vif succès et de nombreuses variétés : Daguin illustrée, non illustrée, Daguin ornée (avec une flamme décorée), Daguin ondulée, avec flamme à droite ou à gauche, et même verticale pour Orléans ! cette machine est restée en service jusqu’en 1991 et n’a connu de réelle modification qu’en 1947 quand le millésime a été écrit en quatre chiffres et non plus en deux seulement.

daguin bourboule

La Bourboule, Puy de Dôme, cachet Daguin 21 novembre 1924

Une machine canadienne électrique Bickerdyke produite par la Canadian postal supply company fut testée en décembre 1898 jusqu’à février 1899 à la poste de la rue du Louvre. Quelques courriers ont circulé dès cette époque, ils sont tous ou presque adressés à M. Maury, négociant en timbres poste. En revanche, la machine fut utilisée de 1900 à 1906 dans cinq bureaux parisiens. Son oblitération caractéristique en forme de drapeau – oriflamme aurait donné naissance au terme Flamme. Bien évidemment son moment d’utilisation est incompatible avec les dates du 25c bleu et on ne le cite que parce qu’elle a inspiré la machine suivante.

Cette autre machine américaine, nommée Flier et produite par l’International postal supply company, fut mise en service en 1904 dans les bureaux importants. Cette machine a d’abord annulé les correspondances avec la flamme drapeau puis l’on remplaça le drapeau par des flammes constituées de 7 lignes ondulées ou constituées d’un texte ou d’une illustration encadrée.

flier toulonToulon flamme flier, 29 mars 1921

Dans un double cercle plein (normalement, mais on trouve quelques cachets avec un seul cercle, très semblable aux empreintes SECAP), on trouve dans la couronne en haut le nom de la ville et en bas celui du département en toutes lettres et au centre un bloc dateur en lettres bâtons, un mois en chiffres romains avec une heure de levée sous la forme HH MM. Très efficace, elle traitait jusqu’à 30000 lettres à l’heure.

PARIS SAINT ROCH, 12 XI 1925, avec flamme de l’exposition internationale.

 

Parallèlement, d’autres machines furent testées.

La machine a oblitérer Krag d’origine norvégienne fut construite par la société Krag Maskin Fabrik A/S d’Oslo. C’était une machine à oblitérer à manivelle et après un essai en 1906, elle fut admise par l’administration en 1907. La Machine à oblitérer Krag oblitérait jusqu’à 18000 lettres par heure grâce à un rouleau qui laissait une empreinte sans fin faisant alterner timbre à date et lignes continues (7 lignes droites).

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Paris, machine KRAG de première génération (machines utilisées de 1907 à 1950), 25 juin 1912

La même machine, dès 1907 a produit aussi des oblitérations en 4 lignes seulement (au lieu de 7).

krag 4 lignes paris

Paris, machine KRAG de première génération (machines utilisées de 1907 à 1950), 29 août 1921

En mars 1911 l’administration des postes mit ainsi en service une machine conçue par l’ingénieur Chambon, originaire de Lausanne (Suisse). La machine produisant des timbres à date ressemblant beaucoup aux timbres à date suisse de l’époque, la marque postale obtenue a été nommée Cachet International. Ces machines furent très peu utilisées, sans doute comme machines supplémentaires dans une trentaine de bureaux de poste, dont treize bureaux parisiens souvent pour traiter le courrier de fin d’année.

L’empreinte est composée de sept lignes droites étroites, elles mêmes composées de treize tirets comprises entre deux blocs dateurs à double cercle à pont verticaux, les deux demi cercles formés par les ponts étant hachurés.Pour les marque d’arrivée ou de transit, les lignes sont absentes et seuls les blocs dateurs sont visibles.

Ces machines furent réformées en 1915, puis réutilisées très ponctuellement pendant une très courte période entre 1919 et 1921, comme par exemple à Rennes en 1919 ou Dijon Gare en 1921. Notons pour finir que Lyon eut deux machines (Lyon et Lyon Terreaux) et que trois bureaux parisiens l’utilisèrent pour leurs recommandés (Paris 22, 83, 111).

Paris 20, 10 juillet 1913, 200 rue des Pyrénées.

La lecture se fait verticalement :

L’American Field Service et la Réserve Mallet

Dès les premiers mois de la Première Guerre mondiale, des comités américains se formèrent pour encourager les jeunes américains à venir soutenir la mobilisation américaine en France et s’engager dans des missions humanitaires, principalement pour porter assistance aux blessés. Les premières unités d’ambulances furent créées près du front et formèrent l’American Ambulance Field Service ou Service aux Armées de l’Ambulance Américaine en avril 1915 par A. Piatt Andrew.

Trente-trois sections sanitaires (SSU) de l’AFS furent détachées auprès de l’Armée Française sur tous les théâtres d’opérations en France et dans l’Armée d’Orient.

Après l’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917 et lorsque les régiments américains devinrent opérationnels fin 1917, début 1918, les SSU passèrent sous l’autorité de l’Armée américaine tout en demeurant détachés auprès de l’Armée Française. A l’initiative du Haut Commandement Français, fut alors organisée la Réserve Mallet, service de transports de camions militaires français, conduits par des bénévoles américains.

La réserve Mallet fut ainsi nommée parce que sous les ordres du capitaine de cavalerie Mallet et parce qu’elle n’était attachée à aucun corps d’armée, mais maintenue en réserve pour le service de transport d’urgence.

Reserve mallet.png.jpg

Grand Cahet de la RESERVE MALLET / CENTRE AMERICAIN
Trésor et Postes 89, 17 août 1917, Section TM 537, Convois automobiles par le BCM de Paris pour Peoria, Illinois

Bloom, l’expéditeur de la lettre fut l’un des douze premiers ambulanciers américains.

Nota : une section TM est généralement composée d’une voiture légère, de vingt camions, d’un camion-atelier et d’une motocyclette.

Chronologie simplifiée de la réserve Mallet

  • 8 mai 1917 première section de transport à rejoindre le front
  • 1 octobre 1917 sections de transport prises en charge par l’armée américaine
  • 28 octobre 1917 bataille de Malmaison sur le Chemin des Dames
  • 21 novembre 1917 convoi à Montdidier en soutien de l’offensive britannique sur Cambrai
  • 25 mars 1918 retraite du siège de Soissons
  • 29 mai 1918 retraite de Chavigny
  • 19 octobre 1918 engagement dans la bataille de Champagne
  • 11 novembre 1918 armistice
  • 28 novembre 1918 départ du commandant Mallet
  • Courant 1919 (avril ?), retour aux Etats Unis

Voir : Armées américaines en France

Bloc dateur avec date manuscrite (1919)

Au fur et à mesure de la libération des départements, commune après commune le service des postes a repris dans les localités libérées. Ce furent d’abord les secteurs postaux militaires qui reçurent la mission d’acheminer la correspondance civile, puis les bureaux civils. La plupart du temps, ils n’avaient pas retrouvé le matériel nécessaire au bon fonctionnement du service et « utilisèrent celui qu’ils réussirent à se procurer » (Strowksi, op cit, p 278). Parmi tous les départements totalement ou partiellement occupés, le Pas de Calais offre le moins de « marque de délivrance » : la plupart des villes importantes étant restées de ce côté ci du front, cela ne concerne que les communes du bassin houiller limitrophes du département du Nord.

C’est ce qui s’est passé à Leforest, commune située tout à l’est du département du Pas de Calais.

Leforest était une cité minière, où l’extraction du charbon avait commencé au milieu du XIXème siècle pour s’achever avec le remblaiement des puits en 1970 : le début de construction du puits fut pris en 1851, l’exploitation commença en 1853 par la Compagnie des Mines de l’Escarpelle. En plus de ce puits, nommé « fosse Douay », un second puits ouvert en 1884. Avant 1893 un raccordement entre cette nouvelle fosse et la gare a été effectué, permettant une exploitation encore plus effective.

Dans ces conditions, on comprend aisément que ces puits – et donc Leforest – aient été au cœur du conflit de 1914 à 1918. Avec la guerre, l’exploitation cessa, Leforest ayant été occupé dès le 7 octobre 1914. Néanmoins, durant la guerre l’exploitation reprit avec des mineurs de plus de 48 ans non mobilisables et des moins de 18 ans. Si durant ces quatre années d’occupation les puits n’ont subi aucun dommage, il n’en a pas été de même avec la retraite allemande de novembre 1918 : en effet, les puits furent dynamités ou noyés et les installations dévastées, comme le reste du village :

En janvier 1919, le service postal est rétabli, mais le matériel fait défaut. C’est cela qui a conduit alors le bureau de Leforest à recourir à son ancien cachet. Il y manque le bloc dateur, ce à quoi l’on suppléa par des annotations manuscrites. Comme le décrit par ailleurs Strowski pour Onnaing, département du Nord, la date manuscrite n’a été ajoutée que sur la dernière empreinte. On notera en même temps l’utilisation d’une estampille R encadrée pour la marque de recommandation, le numéro de cet envoi recommandé étant lui aussi manuscrit.

Lettre en recommandé du 14 janvier 1919, timbre recommandé à l’encre noire.
Absence du bloc dateur, date manuscrite sur la seconde empreinte uniquement

Port ( échelon 2 jusqu’à 50 grs.) : 25 c
Taxe de recommandation : 25 c.