École d’aviation de Villesauvage

En 1909 fut ouvert un centre d’aviation à Villesauvage qui devint ensuite le Centre d’aviation militaire d’Etampes – Montdésir. Initialement, le site regroupait quatre écoles d’aviation civile de constructeurs. La première école de pilotage construite sur le site de « Villesauvage » fut fondée en mars – avril 1910 par Louis Blériot. En juin 1910, les écoles des frères Farman s’installèrent sur le site puis vers 1912 l’école Deperdussin. En 1914, les constructeurs Blériot et Farman se déplacèrent partiellement à Toussus-le-Noble et à Buc.

En 1915, le site se trouva militarisé après réquisition des lieux par le gouvernement français pour y installer une école pour l’armée belge. Des pilotes britanniques et américains y firent aussi leurs premiers vols. La France récupéra les installations en juin 1917 : l’école militaire belge fut transférée à Viry-Châtillon (Port-Aviation ; premier aéroport au monde) à partir du 1er avril 1918. Quant aux troupes américaines, elles construisirent le centre d’entraînement de Paray-Vieille-Poste-Orly, toujours en 1918.

L’école Blériot, était localisée à 6 kilomètres au sud est d’Etampes, sur la route nationale d’Orléans (RN 20), l’école Farman, en face de l’école Blériot, l’école Deperdussin, à 3 kilomètres à l’ouest, sur la route de Rambouillet.

Edition de 1913-1914

Plan des installations en 1914.

Le camp bénéficiait d’un cachet propre : VILLESAUVAGE AVIATION / SEINE ET OISE

30 septembre 1922  pour Bouray (Seine et Oise), arrivée verso le 1er octobre

villesauvage 1922.png.jpg

lettre simple affranchie à 25 c avec vignette Guynemer

En mai 1920, l’Administration des Postes imprima une vignette à l’effigie de Guynemer pour être apposée sur le courrier par avion de la ligne Paris-Londres afin de le distinguer du courrier normal. Cette vignette fut surchargée le 10 octobre 1920 pour le Meeting aéronautique de Buc.

Elle fut remplacée en février 1923 par l’étiquette « PAR AVION », ces étiquettes devenant obligatoires lors du congrès de l’UPU de Londres de 1929.

SP 520 et 520A avant l’armistice de 1918

Après les opérations militaires de la Somme et de Verdun de l’automne 1916, les troupes coloniales des bataillons de tirailleurs « sénégalais » (BTS), considérées par les autorités comme un « inépuisable réservoir d’hommes », furent relevées du front. Sur les 38 bataillons de tirailleurs « sénégalais », 23 avaient été engagés sur la Somme et Verdun, 15 maintenus en renfort et dont l’instruction restait à compléter. Ces bataillons s’acheminèrent vers des camps d’« hivernage » du Sud de la France et d’Algérie : 6000 hommes rejoignirent l’Algérie, 17000 le camp de Saint Raphaël – Fréjus, 16000 le camp du Courneau, en Gironde, à la Teste de Buch, non loin d’Arcachon.

Réorganisées au printemps 1917, les troupes coloniales furent employées dans l’offensive Nivelle d’avril 1917 du Chemin des Dames (avril mai 1917) à l’exception des 20ème, 26ème, 30ème, 47ème et 49ème BTS qui quittèrent le camp du Courneau et l’Algérie pour aller renforcer les effectifs de l’Armée d’Orient présents en Grèce. Ils s’embarquèrent pour Salamine, pour Corfou. Le 49ème BTS débarqua à Itea puis rejoignit Salonique.

Les éléments des ces BTS furent incorporés dans les unités déjà sur place mais les archives sont souvent lacunaires et on ne connaît pas bien leur utilisation à partir de Salonique. En revanche, on sait que ces troupes ne furent rapatriées qu’après l’armistice, à la demande du général Franchet d’Espérey :

Télégramme.

De Salonique, le 31 octobre 1918.

Général Franchet d’Esperey à ministre Guerre, Paris.

Comme suite à prescriptions dépêche ministérielle i8oo3 1/11 du 19 août 1918, je vous demande autorisation commencer rapatriement des 5 bataillons tirailleurs sénégalais ayant dépassé 18 mois de séjour Orient soit : les 20e, 26e, 3oe, 47e, et 49e.

Ces cinq BTS relevés du front d’Orient rentrèrent via l’Italie durant le mois de décembre 1918. Les 20e, 26e et 49e BTS se rendirent à Fréjus, tandis que les 30e et 47e BTS stationnèrent dans la région de Grasse.

Secteur Postal 520 et 520 A

Le secteur postal 520 fut attribué au 49ème BTS à Salonique, puis, à partir de novembre 1918, il suivit la progression de l’Armée d’Orient en Serbie (Novi Sad) et l’Armée du Danube en Hongrie (Szeged) puis en Roumanie (Timisoara, Arad).

Cachet du secteur postal 520 ; 49ème BTS.
SP 520A, 12 janvier 1918, contrôle militaire 4 pour Vevey (Suisse)

Sources

Bastien DEZ ; Dans la « Guerre des Toubabs » : les tirailleurs « sénégalais » en 1917 ; consultable en ligne

Les armées françaises dans la Grande guerre. Tome VIII. 8,3,ANNEXES3 / Ministère de la guerre, état-major de l’armée, service historique http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62796845/texteBrut

Général Bernachot, Les armées françaises en Orient après l’armistice de 1918, Imprimerie nationale, 1970.

Contrôle italien en Libye en 1917

L’Italie commença la conquête de Tripolitaine et de la Cyrénaïque le 4 octobre 1911, envoyant à Tripoli contre l’Empire ottoman 1 732 marins au commandement du capitaine Umberto Cagni. Cette conquête fut confirmée par le traité de Lausanne du 18 octobre 1912 qui mit fin à la guerre italo-turque et cèdait à l’Italie les provinces de la Tripolitaine, de la Cyrénaïque et du Dodécanèse. Toutefois, seule la Tripolitaine fut effectivement contrôlée par l’armée italienne.
censure tripoli

 

A la fin de la guerre, tout comme le territoire de la péninsule, les territoires sous autorité italienne connaissaient des commissions de censure. A Tripoli, la commission apposait alors un timbre rouge « TRIPOLI, VISTO DEL CENSORE »

3 mars 1918, de Marseille à Tripoli, contrôle militaire de Tripoli,
cachet rouge « TRIPOLI / VISTO DEL / CENSORE »

Corps Expéditionnaire Français aux Dardanelles

C.E.O. aux Dardanelles du 22 février au 4 octobre 1915

La bataille des Dardanelles, également appelée bataille de Gallipoli, opposa les troupes de l’Empire Ottoman aux corps expéditionnaires anglais et français dans la péninsule de Gallipoli, dans l’actuelle Turquie du 25 avril 1915 au 9 janvier 1916.

Cette péninsule s’étend au nord du détroit des Dardanelles et pour les français et les anglais il était indispensable qu’elle fût sous le contrôle allié afin d’empêcher un étouffement de la Russie. Une première tentative navale pour forcer le détroit prit place le 18 mars 1915 mais échoua sur les mines. Il fut alors décider d’une attaque terrestre vers les batteries ottomanes. Bien vite les deux armées connurent de graves revers. Fin 1915, les anglais et les français décidèrent de se replier vers le front de Salonique, au nord de la Grèce : l’impréparation alliée et la résistance ottomane rendaient l’action du corps expéditionnaire aléatoire et les alliés avaient, en outre, besoin de renforts pour contrer l’entrée en guerre de la Bulgarie dans les Balkans. Cette bataille est restée comme un sérieux revers pour les Alliés et l’un des plus grands succès ottomans durant le conflit.

Secteur Postal 194 à Alexandrie puis Gallipoli

Le Corps Expéditionnaire d’Orient reçut un secteur postal, numéro 194 qui servit à Alexandrie de la fin mars au 16 avril 1915 puis à Gallipoli (Dardanelles) du 16 avril au 2 octobre 1915.

Lettre recommandée du 12 mai 1915, secteur postal 194, pour Castelnavet (Gers)
Timbre à date « TRESOR ET POSTES » avec double cercle (23/12 mm)

Bloc dateur avec date manuscrite (1919)

Au fur et à mesure de la libération des départements, commune après commune le service des postes a repris dans les localités libérées. Ce furent d’abord les secteurs postaux militaires qui reçurent la mission d’acheminer la correspondance civile, puis les bureaux civils. La plupart du temps, ils n’avaient pas retrouvé le matériel nécessaire au bon fonctionnement du service et « utilisèrent celui qu’ils réussirent à se procurer » (Strowksi, op cit, p 278). Parmi tous les départements totalement ou partiellement occupés, le Pas de Calais offre le moins de « marque de délivrance » : la plupart des villes importantes étant restées de ce côté ci du front, cela ne concerne que les communes du bassin houiller limitrophes du département du Nord.

C’est ce qui s’est passé à Leforest, commune située tout à l’est du département du Pas de Calais.

Leforest était une cité minière, où l’extraction du charbon avait commencé au milieu du XIXème siècle pour s’achever avec le remblaiement des puits en 1970 : le début de construction du puits fut pris en 1851, l’exploitation commença en 1853 par la Compagnie des Mines de l’Escarpelle. En plus de ce puits, nommé « fosse Douay », un second puits ouvert en 1884. Avant 1893 un raccordement entre cette nouvelle fosse et la gare a été effectué, permettant une exploitation encore plus effective.

Dans ces conditions, on comprend aisément que ces puits – et donc Leforest – aient été au cœur du conflit de 1914 à 1918. Avec la guerre, l’exploitation cessa, Leforest ayant été occupé dès le 7 octobre 1914. Néanmoins, durant la guerre l’exploitation reprit avec des mineurs de plus de 48 ans non mobilisables et des moins de 18 ans. Si durant ces quatre années d’occupation les puits n’ont subi aucun dommage, il n’en a pas été de même avec la retraite allemande de novembre 1918 : en effet, les puits furent dynamités ou noyés et les installations dévastées, comme le reste du village :

En janvier 1919, le service postal est rétabli, mais le matériel fait défaut. C’est cela qui a conduit alors le bureau de Leforest à recourir à son ancien cachet. Il y manque le bloc dateur, ce à quoi l’on suppléa par des annotations manuscrites. Comme le décrit par ailleurs Strowski pour Onnaing, département du Nord, la date manuscrite n’a été ajoutée que sur la dernière empreinte. On notera en même temps l’utilisation d’une estampille R encadrée pour la marque de recommandation, le numéro de cet envoi recommandé étant lui aussi manuscrit.

Lettre en recommandé du 14 janvier 1919, timbre recommandé à l’encre noire.
Absence du bloc dateur, date manuscrite sur la seconde empreinte uniquement

Port ( échelon 2 jusqu’à 50 grs.) : 25 c
Taxe de recommandation : 25 c.

Feuilles – témoin et « fleur de tirage »

Jusqu’en 1915, l’administration a émis toutes les vignettes en feuilles non dentelées, avec une impression très fine. Ces timbres, nommés « Fleur de tirage », servaient à la présentation du timbre à émettre et au réglage réglages des outils d’impression.
Ils sont rarement imprimés avec le papier qui servira au tirage, celui-ci étant le plus souvent plus épais, et leur nuance s’en trouve le plus souvent légèrement modifiée. Certaines feuilles témoins sont gommées.

Bleu foncé (nuance de 1907) sans gomme
avec cachet « Vérification du matériel * D * » daté du 7 novembre 1907

Lettre chargée 1907

Le 16 avril 1906, le tarif d’affranchissement de la lettre par 15 grs ou fraction est de 10c. Le tarif d’une lettre chargée se décompose de la façon suivante :

  • Les frais de port : 10c
  • La taxe fixe de chargement : 25 centimes
  • Le droit proportionnel fonction de la valeur déclarée : 10 centimes par tranche de 500 F (maximum 10 000 F)

C’est exactement ce que cette lettre montre ici.

Cette lettre montre aussi un autre intérêt : le timbre bleu a juste un mois d’existence (émis le 18 juin) et déjà il est perforé !

Le contrôle postal pendant la Première Guerre mondiale

En nous inspirant de Strowski Les estampille postales de la Grande Guerre, (1925, réedition de 1976) et de Deloste, Histoire postale et militaire de la Première Guerre mondiale (1969), mais aussi et surtout de Jérôme Bourguignat, Le contrôle postal et télégraphique français pendant le Première Guerre mondiale (1914 – 1921), académie de philatélie, 2010, nous présentons dans nos pages dédiées un début de présentation des estampilles postales de la Première Guerre mondiale en rapport avec le 25c bleu.

ccp-renforcement22 août 1917 : lettre pour l’agence des prisonniers de guerre à Genève (Suisse). Le numéro de secteur n’ayant pas été limé fut gratté sur la lettre et le timbre annulé par un double trait.

Il ne s’agit donc pas d’une présentation exhaustive, mais de documents portant un 25c, lettres ou autres correspondances, présentés de manière raisonnée :

Marques des bureaux payeurs et des secteurs postaux
Marques de service de l’arrière et marques militaires de l’intérieur
Les débuts du contrôle postal dans la zone des armées
Le contrôle postal de l’intérieur à partir de juillet 1915
Le contrôle postal dans la zone des armées après juillet 1915
Les tentatives pour éviter le contrôle et les réponses qui suivirent

Exprès retardé chèrement payé

En 1921 le service des envois par exprès, après avoir été suspendu durant la guerre, est de nouveau disponible. Alors qu’elle était auparavant de 30 centimes, la taxe est passée à 1,00 franc. Ce service fonctionne alors aussi bien pour le service intérieur que pour l’étranger.

Certaines correspondances ne suivent néanmoins pas toujours ce qu’on voudrait quelles fassent. Ce fut la cas avec la lettre ci-dessous :

lre-1921-325-png

Partie du Hâvre pour Amsterdam le 21 avril 1923, cette lettre est recommandée, et en exprès. Elle devrait arriver promptement et être remise directement. C’est sans compter sur un accident de parcours : ce pli a en effet été victime d’un « accident de service ». Réparé par la bande habituelle, il fut remis en circulation et finalement délivré.

***

Qu’y avait il cependant dans ce pli ? Quel était le poids de la lettre ? Ces deux questions ne sont pas anodines si on considère l’affranchissement.

  • lettre pour l’étranger : 50c (+25c par 20 grs)
  • taxe de recommandation : 50c
  • taxe d’exprès : 1,00 franc

On devrait donc avoir un affranchissement à 2,00 francs. Or on a 3,25 francs : cela ne peut être dû à une erreur ou à un affranchissement superfétatoire comme on en rencontre souvent, quelques centimes sont l’ordre de grandeur habituel : pas 2,5 fois le port de la lettre ! On a bien imaginé une taxe aérienne (à l’époque pour les pays bas : + 50c), cela ne suffit pas.

Quand on la regarde bien, l’enveloppe présente très clairement les traces d’un contenu épais, de petit format, très visible également au verso. En outre les bords ont été pliés, comme si il n’y avait rien dans l’enveloppe au contact des bords justement. Un objet assez épais, une liasse repliée, un courrier cartonné : tout ceci peut aisément se rencontrer, et peut être même rendre la manipulation moins aisée ce qui provoquerait l’accident de service : on n’en saura néanmoins jamais rien.

Cependant, on peut penser que l’envoi faisait un peu plus de 100 grs. et que l’affranchissement se décomposait comme suit :

  • lettre pour l’étranger : 50c + 1,25 franc (objet de 100 grs), pour un total de 1,75 franc
  • taxe de recommandation : 50c
  • taxe d’exprès : 1,00 franc

 

Ce qui donne bien un affranchissement à 3,25 francs !

Premier vol postal officiel : Jarville – Lunéville, 31 juillet 1912

Une fois n’est pas coutume, laissons tranquille le 25c bleu.

Le mercredi 31 juillet 1912, eut lieu entre Jarville et Lunéville, aux environs de Nancy, un essai de liaison aérienne postale en France. Cette mission avait été confiée au lieutenant Nicaud, assisté du mécanicien Million. Il s’agissait de transporter quelques 15000 lettres réparties dans trois grands sacs postaux, le tout pour un poids d’environ 50 kgs en effectuant un trajet aller-retour de Jarville à Lunéville (27km), en passant par Nancy, en 56 minutes, remise du courrier à l’administration postale comprise :

Carte postale du 31 juillet 1912, Nancy

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Cette expérience qui préfigurait un véritable service postal aérien dans l’ensemble de l’Hexagone, s’était faite au profit de l’aviation militaire, à qui était destiné le fruit des ventes des timbres postaux spécialement édités pour l’occasion.

voir page complète : la naissance du service postal aérien