TRANSSIBÉRIEN ET VOIE DE SIBÉRIE

À la fin du XIXe siècle, le développement de la Sibérie était encore entravé par l’insuffisance des moyens de transport à l’intérieur de la région et avec le reste du pays. À l’exception de la Grande Route de Sibérie, les routes adaptées au transport sur roues étaient rares. Pendant environ cinq mois de l’année, les rivières étaient le principal moyen de transport. Pendant l’hiver, les marchandises et les passagers voyageaient en traîneaux tirés par des chevaux sur les routes d’hiver, qui étaient souvent les mêmes rivières, mais gelées. Même si le premier bateau à vapeur sur l’Ob avait été lancé en 1844, ce n’est qu’en 1857 que la navigation à vapeur a commencé à se développer. Les bateaux à vapeur ont commencé à naviguer sur l’Ienisseï en 1863, et sur la Lena et l’Amour dans les années 1870. Alors que la Sibérie occidentale, relativement plate, était desservie par de bons réseaux fluviaux, ce n’était absolument pas le cas de la Sibérie orientale. Ces problèmes dans la région ont rendu nécessaire la construction d’un chemin de fer.

Les premiers projets ferroviaires en Sibérie ont vu le jour après l’achèvement du chemin de fer Saint-Pétersbourg-Moscou en 1851, notamment le projet Irkoutsk-Tchita, proposé par l’entrepreneur américain P.Collins et soutenu par le ministre des Transports Constantine Possiet, en vue de relier Moscou au fleuve Amour et, par conséquent, à l’océan Pacifique où la Russie pourrait bénéficier d’un port en eau libre, Port Arthur. Le gouverneur de Sibérie souhaitait quant à lui faire progresser la colonisation russe dans l’actuel Extrême-Orient russe, avec des visées sur la Mandchourie chinoise. Toutefois, avant 1880, le gouvernement central avait pratiquement ignoré ces projets de développement.
Ce n’est finalement que le 9 mars 1891, que le gouvernement russe publia un rescrit impérial dans lequel il annonçait son intention de construire un chemin de fer à travers la Sibérie. Le tsarévitch Nicolas (futur tsar Nicolas II) inaugura la construction du chemin de fer à Vladivostok le 19 mai de cette même année.

Le point de départ à Moscou fut situé aux gares de Kazan et de Iaroslavl. Le tronçon Samara, Oufa, Tcheliabinsk fut inauguré le 26 octobre 1891. En 1904, les travaux n’étaient pas tout à fait achevés : il manquait une portion de la ligne aux alentours du lac Baïkal. En hiver, des traîneaux étaient utilisés pour transporter les passagers et les marchandises d’une rive à l’autre du lac jusqu’à l’achèvement de l’embranchement du lac Baïkal le long de la rive sud du lac. Après l’achèvement de la ligne du fleuve Amour au nord de la frontière chinoise en 1916, il existait donc un chemin de fer continu de Petrograd à Vladivostok qui, à ce jour, est resté la deuxième plus longue ligne de chemin de fer au monde.

Les courriers d’Europe pour l’Extrême Orient (Chine, Japon, Indochine) – ou d’Extrême Orient pour l’Europe et le reste du monde – ont pu emprunter le transsibérien. Ce trajet est qualifié de « voie de Sibérie » notamment pour les courriers des postes étrangères en Chine. A partir de 1902, on a donc pu faire ce choix du réseau ferroviaire au lieu d’utiliser les voies maritimes plus classiques pour une durée de trajet bien moindre.


Lettre du 16 juillet 1911 pour Vinh (Annam), affranchie au tarif pour l’étranger, par voie de Sibérie.

Le courrier parti de Nevers le 16 juillet est arrivé à Shanghai le 11 août, puis Haïphong le 12 août, enfin à destination à Vinh le 13 août.

SOULIE Michel, Transsibérien et voie de Sibérie, février 2021https://www.asso-philatelique-montpellier.fr/1272+transsiby-rien-et-voie-de-siby-rie.html?version=computer

Article Transsibérien https://fr.wikipedia.org/wiki/Transsib%C3%A9rien

Le service de la Corse (poste maritime)

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, l’État chercha à aménager non seulement administrativement mais aussi pratiquement la poste maritime française, tant par voie de commerce que par la voie des paquebots réguliers. Il faut dire que le retard envers la Grande Bretagne était tel que presque toutes les correspondances en provenance ou à destination d’autres continents empruntaient nécessairement les services maritimes britanniques, soit par « voie d’Angleterre » quand le courrier parvenait par Londres, soit par « voie anglaise » quand il embarquait sur un bâtiment britannique, à tel point qu’au moment de l’introduction du timbre poste en France, la poste maritime française se limitait à quelques lignes de vapeur en Manche et en Mer du Nord, ainsi qu’à la desserte de la Méditerranée. A partir des années 1860, de grandes compagnies subventionnées par l’État établirent des services réguliers entre la France et les autres continents.

Dès 1836 des liaisons régulières avaient été mises en place entre Toulon et Bastia et entre Toulon et Ajaccio, suivies en 1843 par des liaisons entre Marseille et Bastia et entre Marseille et Ajaccio. En août 1850 ces liaisons furent attribuées à des compagnies privées qui disposaient alors de Boites Mobiles. A partir de 1880 fut mise en place une nouvelle ligne, matérialisée par un nouveau cachet, « MARSEILLE, LIGNE DE … ».

Les mentions « Calvi, Ligne de Marseille » et « l’Île Rousse, ligne de Marseille » furent supprimées dès 1889. Par ailleurs, les lignes Nice et Corse vers Italie furent supprimées en janvier 1854, alors que « Ajaccio Ligne de Tunis » le fut en 1894. A partir de 1912 un cachet octogonal « Bastia » (salles 449) fut utilisé.

Bastia Ligne de Marseille 22 août 1910

Marseille Ligne d’Ajaccio 22 août 1910

Secteur postal 209 Ems 1923

La Rhénanie fut envahie à partir de 1923 jusqu’à 1925, après une décision arrêtée en novembre 1922. Les troupes françaises qui y étaient stationnées étaient la plupart du temps casernées. C’est en partie cette situation qui fit que le service postal militaire fut effectif jusqu’à la fin de l’occupation et ainsi, les secteurs postaux, qui avaient été adoptés durant la guerre, finirent par désigner non seulement les troupes auxquelles ils se rattachaient mais encore les lieux, localités, villes concernées par cette occupation.

L’Essentiel des renseignements est livré dans Stéphane STROWSKI, Les estampilles postales de la Grande Guerre, cependant, il arrive des surprises. Ainsi ce SP 209, inconnu de Strowski pour ce qui concerne l’occupation de la Rhénanie, lequel semble bien être d’EMS. Pour autant le texte ne semble pas annoncer de casernement mais une réquisition d’appartements meublés.. L’auteur témoignant de son ennui de la nourriture d’hôtel ! Ce secteur en 1914 était celui du bureau payeur du Bourget. Il servit de la même façon en mars 1915 à Belfort. Le SP a proprement parler fut créé en décembre 1916 pour les éléments stabilisés de la IIIème armée puis affecté aux « éléments non endivisionnés » du 2ème corps de cavalerie en janvier 1918.


CARTE POSTALE BAD EMS obl TRESOR ET POSTES * 209 * 1923

Incident de traitement du courrier

Lorsqu’un envoi a été confié aux services postaux et s’est retrouvé à un moment déchiré ou abîmé dans les locaux de l’administration, celle-ci reconditionne l’objet.

Soit le courrier peut encore circuler en l’état, dans ce cas l’administration applique une bande de fermeture destinée à cet effet et un agent « répare » donc le courrier avant de le remettre pour distribution ;  soit ce courrier est trop abîmé et dans ce cas, un préposé place d’abord ce courrier accidenté dans une enveloppe spéciale.

Ce fut le cas ici :

Libourne, 16 septembre 1924 pour le consulat de Suisse à Bordeaux.

Cachet Paquebot Lutetia

La convention postale universelle de Madrid d’octobre 1920 mentionnait dans son article 5, le point suivant : « les correspondances déposées en pleine mer dans la boîte d’un paquebot ou entre les mains des agents des postes embarqués ou des commandants de navire peuvent être affranchies au moyen des timbres-poste et d’après le tarif du pays auquel appartient ou dont dépend ledit paquebot. Si le dépôt à bord a lieu pendant le stationnement aux deux points extrêmes du parcours ou dans l’une des escales intermédiaires, l’affranchissement n’est valable qu’au tant qu’il est effectué au moyen des timbres-poste et d’après le tarif du pays dans les eaux duquel se trouve le paquebot.« 

C’est ainsi que la mention PAQUEBOT s’est retrouvée apposée, soit à la main, soit au moyen de la griffe du bateau sur les correspondances déposées à bord dans les boites mobiles ou remises aux mains des agents embarqués ou encore au bureau de poste.

Paquebot Lutetia- 23 février1922, cachet Lutetia paquebot

Memel : tarif imprimé pour l’étranger

Alors que les timbres émis pour le territoire de Memel se rencontrent très facilement détachés, voire sur plis philatéliques, ceux-ci sont beaucoup moins fréquents sur les correspondances postales ordinaires. Nous avons déjà mentionné l’histoire postale de ce territoire qui fut occupé par la France de 1920 à 1923 dans une page spéciale que l’on peut retrouver ICI.

Le premier timbre semeuse 25c bleu surchargé, le fut à 20 pfennig. Ce qui permettait l’utilisation seul ou multiple assez facilement, à partir de juillet 1920 (émission) dans le tarif de mai1920 comme dans le suivant du 1er avril 1921. En revanche, à partir du 1er janvier 1922, sauf à imaginer des multiples encombrants (12 timbres sur une carte postale au tarif de 2, 40 Marks), ce 20 pf fut remplacé par ceux des autres émissions surchargées.
On notera tout de même que l’émission prévue pour le tarif de janvier 1922 (24 janvier) comprenait une série de 20 timbres… dont 9 ne correspondaient à aucun usage !

C’est la raison pour laquelle un usage au tarif est remarquable, comme sur la correspondance ci-dessous.

memel x 3 1921 imprimés

Memel, imprimé 2ème échelon pour la France, 21 décembre 1921

George H. Jaeger était un marchand de timbres bien connu à Liepaja, (Libau sur la bande pour imprimé) en Lettonie, mais aussi donc à Memel. Il existe de nombreux courriers à destination et en provenance de lui au fil des ans en Allemagne, tous évidemment parfaitement affranchis.

Cachet Paquebot Massilia

La convention postale universelle de Madrid d’octobre 1920 mentionnait dans son article 5, le point suivant : « les correspondances déposées en pleine mer dans la boîte d’un paquebot ou entre les mains des agents des postes embarqués ou des commandants de navire peuvent être affranchies au moyen des timbres-poste et d’après le tarif du pays auquel appartient ou dont dépend ledit paquebot. Si le dépôt à bord a lieu pendant le stationnement aux deux points extrêmes du parcours ou dans l’une des escales intermédiaires, l’affranchissement n’est valable qu’au tant qu’il est effectué au moyen des timbres-poste et d’après le tarif du pays dans les eaux duquel se trouve le paquebot.« 

C’est ainsi que la mention PAQUEBOT s’est retrouvée apposée, soit à la main, soit au moyen de la griffe du bateau sur les correspondances déposées à bord dans les boites mobiles ou remises aux mains des agents embarqués ou encore au bureau de poste.

En France, seule la petite griffe « PAQUEBOT » non encadrée a été utilisée. Cependant ce ne fut pas le cas partout et on rencontre différents types, encadrés ou pas, en français « paquebot » ou en traduction.

Lisbonne a ainsi utilisé soit la griffe PAQUEBOT, soit la griffe PAQUETE seule. C’est le cas sur le pli ci dessous.

Paquebot MASSILIA – 23 septembre 1922, cachet Lisboa Central et griffe PAQUETE

La date du 23 septembre n’est pas anodine. C’est en effet ce jour là que le MASSILIA en provenance de Bordeaux arrivait à Lisbonne avant de reprendre sa route vers Buenos Aires, comme le montre le descriptif de la compagnie :

Bureaux de rassemblement

Au moment de la déclaration de guerre, toute la correspondance pour les mobilisés devait être acheminée sur le dépôt du corps d’armée auquel ils appartenaient. En effet, le public ignorait si un homme était encore en zone intérieure ou déjà en zone des armées, et le cas échéant, sur quelle partie du front il se trouvait. Le courrier destiné aux armées était trié par les vaguemestres qui le remettait à la poste civile pour l’expédier sur un bureau spécial nommé Gare de Rassemblement, non loin d’une grande gare.

Ces bureaux de rassemblement « rassemblaient » donc tout le courrier et le dirigeaient soit sur le Bureau Central Militaire, (BCM) soit vers un bureau-frontière. Le BCM, situé à Paris, (il y eut un court moment où le BCM fut à Bordeaux, il y eut aussi un BCM à Marseille pour l’armée navale), faisait le tri et acheminait les correspondances vers les bureaux-frontière. Ces derniers étaient nommés ainsi, non pas parce qu’ils se trouvaient au contact d’une frontière de la République, mais dans une zone entre administration postale civile et administration postale militaire, ou si l’on préfère entre une zone des combats, dite zone des armées et une zone en dehors des combats, dite zone de l’intérieur.

D’après Strowski, il y eut 24 gares de rassemblement. Aux vingt premières du plan initial d’entrée en guerre s’ajoutèrent en effet, un 21ème gare correspondant au 21ème corps métropolitain, puis une autre pour le 22ème corps colonial. Deux autres gares complétèrent le dispositif: l’une pour les correspondances et paquets pour les troupes du sud-est envoyées en Afrique et une autre pour le 31ème corps, qui n’eut cependant pas de cachet postal.

Ces cachets existent en noir mais aussi dans d’autres couleurs, indifféremment. Ils étaient complétés par une griffe linéaire horizontale composée de deux rectangles superposés. Parfois le cachet est donné par une empreinte négative du cachet destiné aux scellements à la cire. Sauf exception, ils n’ont pas été apposés sur les lettres destinées aux particuliers.

CACHET RASSEMBLEMENT 12° CORPS  – ENVELOPPE du COMMISSAIRE
de la GARE de Saint Sulpice (Haute Vienne)

Le 22 octobre 1914, décision fut prise de pouvoir envoyer directement les correspondances au BCM. Avec l’invention des secteurs postaux, les gares de rassemblement n’eurent plus de raison d’être et, en août 1915, elles furent supprimées.

Occupation militaire française en Syrie – Variété S de piastre renversé

En 1919 le territoire de l’ancienne Syrie fut divisé en deux parties administrées l’une par la France à l’Ouest et l’autre par les britanniques à l’Est.

A cette date, les premiers timbres de Syrie furent émis. Il s’agissait de timbres de métropole surchargés T.E.O., pour Territoire Ennemi Occupé, les bureaux, dont le service était assuré par les anciens personnels civils syriens, fonctionnant sous la surveillance des autorités militaires. En 1920 les territoires syriens disposèrent de leurs propres tarifs postaux mais il fallut attendre mai 1921 pour que l’ensemble des territoires sous mandat français disposât d’une unité postale.

Émission de mai 1920

L’arrêté n° 129 du Haut Commissariat en date du 31 mars 1920 créa la livre syrienne divisée en 100 piastres. A compter du 1er mai 1920, la monnaie syrienne devenait monnaie officielle et le rapport de conversion était fixé à 3 piastres syriennes pour 1 piastre égyptienne, la piastre syrienne étant égale à 20 centimes.

Cependant cette tarification ne dura qu’un mois, car elle était totalement disproportionnée par rapport aux tarifs postaux français et à ceux de l’UPU  En effet le port d’une lettre admis par les règlements de l’Union Postale Universelle était de 25 centimes soit 1 piastre 25. En vertu des règlements postaux internationaux la poste locale était dans l’obligation d’accepter ce tarif sans aucune surtaxe. Enfin, il était plus avantageux de ne pas affranchir ses lettres au départ de Syrie, puisque malgré la double taxe payée à l’arrivée le coût d’une lettre revenait à 50 centimes soit 2,50 piastres au lieu des 3 piastres soit 60 centimes exigés par l’office postal du Haut Commissariat.

On comprend donc bien que ce timbre à 3 piastres était destiné à n’avoir qu’une faible durée de vie. C’est la raison pour laquelle il a été remplacé dès le mois de juin de la même année par un timbre à 2 piastres.

Ce timbre à 2 piastres montre une surcharge apposée typographiquement à plat à l’imprimerie Gédéon à Beyrouth sur des feuilles de 150 timbres avec millésimes à l’encre noire brillante, ou rouge mate sur papier G.C son tirage fut de 562 000 ex.

Une case particulière (case 96) mérite l’attention du collectionneur : le S de piastre y est inversé.

Syrie – 1920 – n°Yv. 37 (Maury 40 II ) – Semeuse 2pi sur 25c – variété S renversé dans bloc de 18 papier GC

Variété S renversé case 96

Bureau français à l’étranger – Rhodes

Il y a eu jusqu’à 16 bureaux français en mer Égée, en comptant Castellorizo. Presque tous ont fermé avec le début de la Première Guerre mondiale. Seuls Rhodes est resté actif, au même titre que les bureaux des Dardanelles ou encore Constantinople ou Smyrne dans les Détroits, qu’Alexandrie ou Port Saïd en Égypte.

Bureau de Distribution, ouvert en septembre 1852, fonctionna jusqu’à septembre 1887. Fermé, puis ouvert de nouveau en janvier 1896 il devint Bureau de Recette vers 1911-1912, il fut fermé définitivement en septembre 1924.

rhodes-turquie-dasie

Rhodes, 30 mai 1924, tarif  pour l’étranger à 75c