Mission Militaire Française en Pologne (1919-1922)

La Mission Militaire Française en Pologne, créée en 1919 sous le commandement du général Paul Prosper Henrys, était composée de 400 officiers instructeurs. Son objectif principal était de former et de conseiller les officiers de la nouvelle armée polonaise, contribuant ainsi à son organisation et à sa modernisation.

Cette initiative, soutenue par le maréchal Józef Piłsudski et le président français Raymond Poincaré, scellait une alliance politique et militaire entre Paris et Varsovie après la Première Guerre mondiale. Cette coopération visait à restaurer la souveraineté de la Pologne et à en faire une force militaire solide, tout en contrant la menace bolchévique.

En 1920, lors de la guerre polono-bolchévique et de la célèbre bataille de Varsovie (le « Miracle de la Vistule »), les officiers français jouèrent un rôle clé en conseillant le commandement polonais. Parmi eux figurait le jeune capitaine Charles de Gaulle, arrivé en Pologne avec l’Armée Bleue du général Józef Haller. De Gaulle fut promu commandant en 1920, peu avant la bataille de Varsovie, et reçut en 1922 la croix polonaise Virtuti Militari pour sa contribution décisive à la victoire.

La France fournit également un soutien matériel important, notamment 120 chars Renault FT-17, remis à l’Armée Bleue. Cette armée, créée en 1917 en France, joua un rôle crucial dans la guerre polono-bolchévique.

Ainsi, la Mission Militaire Française symbolise l’engagement de la France pour l’indépendance de la Pologne et incarne une coopération exemplaire entre les deux nations dans un contexte marqué par les enjeux géopolitiques de l’après-guerre.

L’enveloppe ci dessous est un exemple intéressant de l’envoi de courrier polonais à l’étranger à une époque où la Mission française aidait les Polonais à organiser leur armée avec des correspondances civiles.

Ce courrier venant de Łódź, envoyé par W. KUZAWSKI, a été confié à la Mission française en Pologne, avec un cachet violet de la MISSION FRANÇAISE DE POLOGNE – GARE RÉGULATRICE DE ŁÓDŹ (avec les drapeaux polonais et français). Il a été remis à la poste militaire française, oblitéré TRÉSOR ET POSTES du 5 mai 1919 [numéro de secteur retiré]. La lettre est arrivée à la POSTES AUX ARMÉES D le 9 juin 1919, où un timbre de franchise de 25 centimes Semeuse a été ajouté, avant d’être envoyée à Alexandrie le 18 juin 1919, après avoir été censurée par la censure anglo-égyptienne.

Ce sont ces mêmes cachets qu’on retrouve par exemple ici , avec le cachet TRESOR ET POSTES au numéro achoppé, du 3 mai 1919.

« Pour un passager venant de Madagascar à Djibouti »

Cette enveloppe postale illustre la complexité des échanges maritimes et postaux de l’époque, reliant les colonies à la métropole.


Destinée à des « passagers à bord du paquebot se rendant en France – venant de Madagascar », elle porte la mention manuscrite « par Brindisi », indiquant un itinéraire via le port italien. Un cachet « Inconnu » souligne la difficulté à trouver le destinataire. Ainsi, ce pli comporte-t-il plusieurs cachets de transit, notamment ceux des navires « Melbourne », « Adour », « Natal » (mentionné deux fois avec des variantes) et « Ernest Simons », symbolisant des paquebots essentiels de l’époque.

L’ Adour a été utilisé sur la ligne Londres-Marseille-Saïgon-Shanghaï jusqu’en 1905, puis sur la ligne de Madagascar jusqu’en 1913 après un grave accident.
Le Natal et le Melbourne ont servi sur les lignes d’Extrême-Orient, de la Méditerranée et de l’océan Indien jusqu’en 1914.
L’Oxus, 1896 à 1897, assurait la ligne du Levant. En 1897, il fut placé sur la ligne de Madagascar jusqu’en 1914.
Identique au précédent, le Djemnah fut affecté à la ligne de Chine dès le début de sa carrière, il fut placé sur la ligne de l’Océan Indien entre 1895 et 1914
L’Ernest Simon faisait des trajets vers l’Extrême-Orient depuis Marseille, lui aussi jusqu’en 1914.

Ces cachets montrent l’utilisation des grandes routes maritimes. Un cachet bleu « Retour » indique que l’enveloppe, non remise au départ, a été renvoyée à Marseille (7 rue St Jacques), confirmé par une note manuscrite rouge. Ce document unique met en lumière l’importance des paquebots pour le courrier et le rôle essentiel des lignes maritimes dans la connectivité mondiale au début du XXe siècle, ainsi que l’effort des postiers pour retrouver le navire du destinataire.

Les Bureaux Navals des Arsenaux Maritimes

Le Bureau Naval F de Toulon, bureau naval secondaire des Postes Navales en Méditerranée, préfigurait déjà les futurs bureaux d’arsenaux maritimes. Couramment désigné sous le nom de Toulon Arsenal, il jouait un rôle central dans la gestion du courrier militaire durant la Première Guerre mondiale. Avec la fin du conflit en 1918, la nécessité de structurer un service postal adapté à la Marine nationale en temps de paix conduit naturellement à son évolution vers un bureau officiel dédié.

Ainsi, le 1er mai 1919, le bureau « Toulon – Arsenal Var » est créé en tant que bureau d’arsenal maritime, exclusivement réservé aux unités de la Marine et au personnel de l’arsenal. Fonctionnant avec un cachet postal spécifique, il assure la continuité du service postal militaire malgré la fin progressive de la franchise militaire en 1920. Cette période marque une transition administrative où l’arsenal conserve un fonctionnement interne organisé, tout en s’adaptant aux nouvelles réalités post-conflit.

En 1921 (à une date inconnue, peut être même en 1922), la fermeture du bureau « Toulon-Arsenal Var » met un terme à cette phase de réorganisation postale. Les militaires doivent désormais utiliser les bureaux de poste classiques de Toulon, signant la fin d’un dispositif postal exclusivement dédié à la garnison. Cette évolution reflète la stabilisation des effectifs et le retour à un cadre administratif normalisé après la guerre.

TOULON ARSENAL- 17 octobre 1921 pour Sarralbe (Moselle)