On dit de l’empereur Menelik qu’il était un amoureux du progrès et que s’il avait pu faire construire un escalier pour atteindre le lune, il l’aurait fait. C’est ainsi que l’empereur et son épouse avaient cherché à d’abord doter l’Éthiopie des structures d’un État moderne. Le symbole reste évidemment la création du palais impérial à Entoto après son départ d’Ankober, mais aussi et surtout la fondation de la capitale Addis Abeba (« fleur nouvelle ») et les conquêtes territoriales autour du vieux cœur du Shéwa.
Or l’empereur alla plus loin et chaque aspect de sa politique pour son pays est revêtu de cet esprit d’ouverture et de modernisation.
Économiquement l’Éthiopie se dota d’un réseau ferré, de ponts, de lignes télégraphiques. Ce qui permis bien sûr de désenclaver le pays et d’en faire un point de passage en Afrique de l’Est.
Administrativement, on inventa une nouvelle monnaie en remplacement du Thaller autrichien, on harmonisa les impôts, on créa un nouveau système fiscal en 1892, plus cohérent, avec mise au point d’une dîme, ce qui permis notamment le paiement et l’entretien d’une armée fidèle au régime désormais et non plus livrée aux pillages. Or ces 90000 soldats permanents devinrent 600 à 700 000 pour combattre les troupes italiennes en 1896 et empêcher la colonisation de l’Éthiopie. Soucieux de voir son œuvre perdurer, l’empereur fit partir en Occident des étudiants éthiopiens (en Suisse, en Russie) afin qu’ils soient formés aux meilleurs écoles occidentales. Bientôt l’Éthiopie elle même voyait arriver l’école à Addis Abeba, mais aussi à Harar.
Socialement, le besoin des populations à Addis Abeba, qui étaient assurés par un hôpital provisoire de la Croix Rouge russe (1897), le furent par un hôpital d’État (1906 puis 1910). En 1911 l’Éthiopie se dota d’une imprimerie officielle et en 1914 les premiers billets de banque virent le jour.
Politiquement, enfin, l’empereur mit en place un cabinet, un gouvernement à l’imitation des puissances européennes. Plus généralement, d’autres éléments participent à cette période de modernisation : une presse écrite est fondée en 1911, des hôtels et des restaurants apparaissent dans la capitale qui devient une ville cosmopolite. A sa mort en 1913, Menelik avait contribué à faire de l’Éthiopie un État véritablement prospère, moderne, résolument engagé sur la voie du progrès.
Les pères capucins d’Harar, pendant près de 20 ans, ont assuré la transmission du service postal pour les ressortissants français. Enfin, avec le bureau français de Diré-Daoua, la France a contribué à la mise en place d’un service éthiopien.
C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre le service postal, mis sur pied pour l’Éthiopie par les français en 1894, avec des timbres imprimés en France et des pièces de monnaie elles aussi fabriquées en France puis en Éthiopie à partir de 1903 tant et si bien qu’en 1908, l’Éthiopie de Ménélik entrait dans l’UPU.