Poste navale

La poste navale était un service de la marine avec des bureaux sur terre et à bord des navires. Le premier bureau postal a ouvert à Toulon le 13 octobre 1851 sur le navire « le Finistère » pour l’escadre de Méditerranée et a fonctionné jusqu’en 1875. Ce service s’occupait de l’envoi, de la réception, du tri et de la distribution du courrier pour les membres de la marine, ainsi que des services financiers, comme un bureau à terre. Le courrier officiel et privé passait par la poste civile grâce aux vaguemestres, notamment via le bureau civil de Toulon Mourillon.

Les timbres de la poste navale sont variés et portent généralement le nom de l’établissement postal, comme le lieu ou le nom du bateau. On y trouve des timbres permanents ou temporaires, des timbres administratifs, des marques d’établissement et des marques commémoratives. On voit souvent la mention « naval ». Il ne faut pas les confondre avec la poste maritime, qui transporte le courrier par mer.

Brève histoire de la poste navale

Au début de la guerre, il n’y avait pas de service postal naval, donc le ministère de la marine informait celui du commerce et de la poste sur les mouvements des navires. Le courrier était envoyé par la poste civile. Si un navire faisait escale à l’étranger, le courrier passait par le bureau de PARIS ETRANGER.

Le vrai service des postes navales a été créé durant la Première Guerre mondiale, en 1916, sous le nom de « Postes Navales en Méditerranée », et a fonctionné jusqu’en 1919, puis de nouveau de 1939 à 1940 sous le nom de « Poste Navale ». Un « bureau central naval » a été installé à Paris, avec des « bureaux navals » dans les grands ports.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le service a été arrêté en 1940, mais un « Bureau Central de la Poste Navale » a été reconstitué d’abord à Casablanca en 1943, puis à Alger, et enfin à Paris en novembre 1944. Certains bureaux navals ont fonctionné à Suez en 1956, en Algérie pendant la guerre (1954 – 1962), et le bureau d’Oran a fermé en 1968.

En 1923, on a créé les « Agences Postales Embarquées ». En temps de paix, il n’y avait pas de bureau naval, mais des agences pour les équipages de 500 hommes ou plus. Ces agences, qui ont été renforcées après la Seconde Guerre mondiale, ont fonctionné jusqu’en 1957. Elles sont devenues les Agences Postales Militaires de la Marine (APMM) en 1958, avec deux conditions d’ouverture : être loin de tout bureau de poste et avoir un effectif égal ou supérieur à 1000 hommes.

En 1973, le service est devenu la « Section marine de la Poste aux armées« , qui a fonctionné jusqu’en 2003, date à laquelle les agences à terre ont été intégrées au « Service de la Poste Interarmées » (décret du 10 avril 2002). Jusqu’en 2008, tout bâtiment de plus de 500 marins pouvait avoir une agence postale embarquée, la dernière ayant fermé sur le porte-hélicoptères Jeanne D’Arc en juin 2008.

Période 1914 – 1915  :  Première organisation de la poste navale

En septembre 1914, afin d’éviter les indiscrétions, le ministère demanda à la poste de bien vouloir expédier le courrier de l’Armée navale sur la Recette de Marseille qui le dirigerait ensuite soit sur Bizerte, soit sur Malte, selon la localisation des bâtiments donnée par la préfecture maritime de Toulon.

En juin 1915, après les opérations de Suez mais aussi et surtout après l’échec des Dardanelles qui conduit à une guerre de position (tranchées) à Gallipoli et autour du camp de Salonique, des divisions navales furent détachées de l’Armée navale. Dès lors le courrier fut envoyé sur trois bureau.

1) sur Toulon fut routé tout le courrier anciennement pour Bizerte ou Malte et qui était jusqu’à cette date destiné la la Recette principale de Marseille.

2) sur le Bureau centralisateur de Marseille (BCM) créé le 15 juin 1915 pour le service du corps expéditionnaire d’Orient

3) sur la bureau de Marseille Saint Charles tout le courrier à destination de Port Saïd (bâtiments sur le canal et navires hôpitaux de l’Armée navale).

Navires utilisés

D’août 1914 à octobre 1915 le service du courrier fut assuré par les bâtiments de guerre et les navires des lignes commerciales mais aussi par deux vapeurs spécialement réquisitionnés. Il s’agissait d’une part du Corte II, armé en croiseur auxiliaire, qui assura son activité jusqu’au 20 novembre 1914 et d’autre part du Liamone qui cessa son activité le 12 décembre.

En novembre 1914, deux croiseurs, l’Italia et le Numidia, anciens paquebots réquisitionnés, furent armés comme bâtiments de la Poste Navale. Le Numidia (1914-1918) était un paquebot mixte de la même Compagnie Marseillaise de Navigation à Vapeur (ex Cie Fraissinet) . Il  remplaça le Corte II en novembre 1914, et fut sorti du service en 1918. L’Italia (1914-1917) était un paquebot de la Compagnie Marseillaise de Navigation à Vapeur (ex Cie Fraissinet). Il remplaça quant à lui le Liamone. Le 30 mai 1917 il fut torpillé en Mer Adriatique à 46 milles dans le SE de Santa Maria de Leuca, par le sous-marin autrichien KuK U-4. Un cinquième navire, le Golo II devint un remplaçant éventuel des précédents en novembre 1914 mais on ne fit pas appel à lui.

Bureau Naval de Toulon

Deux cachets à date hexagonaux furent utilisés, l’un sur le Numidia portant l’inscription « Toulon Postes Navales Ligne A », l’autre sur l’Italia portant la mention « Toulon Postes Navales  Ligne B ».

L’inscription « Toulon » fut supprimée (limée) au début de 1916 mais les deux types de cachet (avec ou sans Toulon) furent utilisés pendant quelques temps conjointement.

Période 1916 – 1919  :  Service des Postes Navales en Méditerranée

Une seconde organisation fut mise en place en février 1916. Il s’agissait d’aller vers encore plus d’efficacité avec la création d’un vrai service postal. C’est ainsi que furent décidées la création d’une unité de direction, au bureau centralisateur de Marseille, la division de la Méditerranée en secteurs postaux, la constitution de bureaux navals secondaires.

Parallèlement à tout ceci, un « Bureau Naval Central » fut ouvert à Marseille le 20 mars 1916. Son timbre est libellé « POSTES NAVALES B.N ». Il avait pour but de centralisé tout le courrier précédemment adressé à Toulon, au bureau centralisateur de Marseille ou à Marseille Saint Charles. Non seulement le bureau naval (BN) centralisait toutes les correspondances, mais il permit aussi la distribution des colis et articles d’argent.

Son matériel comprenait le cachet à date du bureau naval, mais aussi une griffe POSTES NAVALES  B.N. et deux griffes MARSEILLE :

Les bureaux de Toulon continuèrent de fonctionner normalement. Mais le matériel changea en avril 1916 et les premiers cachets furent supprimés à une date à laquelle les timbres à date très classiques de type 04 dont le contour est un cercle continu, déjà en service depuis 1904 pour la poste civile, furent, à leur tour, utilisés. Ces timbres à date servirent au final durant trois périodes, la première de 1916 à 1919, le seconde de 1939 à 1940, enfin de 1943 à 1945.

Les bureaux navals secondaires

Les Bureaux Navals à l’étranger (bureaux secondaires) bénéficièrent eux aussi du cachet à date de type 04 dès 1916. On connaît trois types que l’on distingue d’après le libellé dans la couronne du timbre à date :

POSTES – NAVALES / MEDIT + lettre  (C, D ou E)

Bureaux de d’Argostoli et Malte, lettre C. Le bureau de Malte a été ouvert du 15 mars 1916 au 15 mars 1919. Il fonctionna d’abord à bord du Tourville, puis, après que ce dernier eut rejoint Corfou,  à bord du Kanaris.
Bureau de Salonique, lettre D. Ouvert le 15 mars 1916 à bord du croiseur Gascogne. Transféré à terre le 25 août 1916, il ferma le 15 août 1919.
Bureaux de Brindisi et Beyrouth, lettre E. Ouvert le 1 janvier 1917 au terminus du train en provenance de Marseille, il ferma le 23 décembre 1918.

Bureau d’Argostoli et Malte puis Salamine, lettre C/1. ce bureau pris son autonomie et fonctionna à bord e la Foudre. Il fut transféré à terre le 1er janvier 1917. Il ferma le 1er février 1919.
Bureau de Corfou, lettre G

Cachet Postes Navales MED C/1 du 25 février 1918 de Salamine pour Paris .
Lettre recommandée 2ème échelon affranchissement à 65 c (40 c  + 25c de recommandation) : pendant quelques semaines le courrier commercial a été toléré  auprès des bureaux navals.

Bureau de Toulon Arsenal, lettre F
Bureaux de Milo et Spalato, lettre H
Bureaux de Moudros, Milo et Constantinople, lettre I
Bureau de Tarente, lettre J

Toulon F service à la mer
Toulon, postes navales F 15 octobre 1917, pour New Haven (USA)

Les bureaux navals des arsenaux

Le Bureau Naval F de Toulon, bureau naval secondaire des Postes Navales en Méditerranée, préfigurait déjà les futurs bureaux d’arsenaux maritimes. Couramment désigné sous le nom de Toulon Arsenal, il jouait un rôle central dans la gestion du courrier militaire durant la Première Guerre mondiale. Avec la fin du conflit en 1918, la nécessité de structurer un service postal adapté à la Marine nationale en temps de paix conduit naturellement à son évolution vers un bureau officiel dédié.

Ainsi, le 1er mai 1919, le bureau « Toulon – Arsenal Var » est créé en tant que bureau d’arsenal maritime, exclusivement réservé aux unités de la Marine et au personnel de l’arsenal. Fonctionnant avec un cachet postal spécifique, il assure la continuité du service postal militaire malgré la fin progressive de la franchise militaire en 1920. Cette période marque une transition administrative où l’arsenal conserve un fonctionnement interne organisé, tout en s’adaptant aux nouvelles réalités post-conflit.

En 1921 (à une date inconnue, peut être même en 1922), la fermeture du bureau « Toulon-Arsenal Var » met un terme à cette phase de réorganisation postale. Les militaires doivent désormais utiliser les bureaux de poste classiques de Toulon, signant la fin d’un dispositif postal exclusivement dédié à la garnison. Cette évolution reflète la stabilisation des effectifs et le retour à un cadre administratif normalisé après la guerre.

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TOULON ARSENAL- 17 octobre 1921 pour Sarralbe (Moselle)

Les Agences Postales Embarquées : 1923 – 1957

La marine nationale a utilisé quelques empreintes d’un modèle similaire, portant le nom du bâtiment et la date d’envoi du courrier.
Ces empreintes étaient présentes dans cinq unités : Cuirassé CONDORCET, Cuirassé DIDEROT, Croiseur cuirassé EDGAR QUINET, Croiseur cuirassé JULES MICHELET et Transport Atelier TOURVILLE. Elles servaient de cachet administratif pour justifier la franchise militaire.

Croiseur Edgar Quint, 20 ami 1918, sur timbre grec 1 lepton 1917

En 1923 apparaissent les cachets à date des Agences Postales Embarquées, sur tous les bâtiments ayant un équipage d’au moins 500 hommes. Ces cachets à date sont hexagonaux et leur contour est composé de petits tirets. Ils comportent le nom du navire, le jour, le mois et le millésime de l’année d’oblitération. S’ajoute à la base du cachet une petite ancre de marine au dessin très variable. Il existe trois types de cachets : un type A, avec étoile dans le bloc dateur, un type B, identique, sans étoile toutefois. Un type C reprise au moment de la Seconde Guerre mondiale du type A, mais avec une autre typographie.

Quarante huit agences postales navales ont été en fonctionnement. Il n’en restait que tente deux au moment de la Seconde Guerre mondiale. Nous ne mentionnons que celles ayant pu voir notre semeuse :

Cuirassé BRETAGNE : Ouverte le 15 août 1923, Fermée le 03 juillet 1940, Cause : Coulé.
Cuirassé PROVENCE : Ouverte le 06 mars 1924, Fermée le 27 novembre 1942, Cause : Sabordé.
Cuirassé VULCAIN : Ouverte le 01 août 1924, Fermée le 15 juin 1932, Cause : Effectif.
Cuirassé PARIS : Ouverte le 01 août 1924, Fermée le 18 juin 1940, Cause : Rejoint l’Angleterre.
Cuirassé COURBET : Ouverte le 01 août 1924, Fermée le 18 juin 1940, Cause : Rejoint l’Angleterre.
Cuirassé LORRAINE : Ouverte le 01 août 1924, Fermée le 01 mai 1952, Cause : Désarmement.
Cuirassé JEAN BART : Ouverte le 01 avril 1925, Fermée le 01 janvier 1937, Cause : Changement de nom.
Croiseur Cuirassé JULES MICHELET : Ouverte le 01 mai 1925, Fermée le 15 juillet 1929, Cause : Effectif.
Croiseur Cuirassé EDGAR QUINET : Ouverte en 1925, Fermée le 04 janvier 1930, Cause : Coulé.
Cuirassé VOLTAIRE : Ouverte en 1925, Fermée le 01 octobre 1930, Cause : Effectif.
Croiseur LAMOTTE-PICQUET : Ouverte le 23 novembre 1926, Fermée fin juin 1941, Cause : Effectif.
Croiseur Cuirassé JEANNE D’ARC : Ouverte le 15 mars 1927, Fermée le 04 octobre 1928, Cause : Effectif.
Croiseur DUGUAY-TROUIN : Ouverte le 20 mars 1927, Fermée le 30 novembre 1951, Cause : Effectif.

Cuirassé BRETAGNE
Carte postale, 9 octobre 1926, cuirassé Le Bretagne pour Paris

Le Bretagne était le premier de trois grands navires construits dans les années 1910 pour la marine française. Il a été mis en service en février 1916, pendant la Première Guerre mondiale. Il a passé presque 25 ans dans l’escadron de la Méditerranée et a parfois été le navire amiral.

Pendant la Première Guerre mondiale, le Bretagne a protégé le barrage d’Otrante sans se battre, puis a été modernisé entre les deux guerres. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il a escorté des convois avant d’être attaqué par les Britanniques à Mers-el-Kébir en 1940, où il a été coulé après avoir été touché quatre fois, entraînant plus de mille morts.

Cuirassé PROVENCE
Lettre simple, 2 juin 1925, cuirassé La Provence pour Besançon

Construit à l’arsenal de Lorient et mis en service en juin 1915, il servit en Méditerranée sans combattre. En juin 1919, à Toulon, il fut impliqué dans des mutineries. Affecté en Méditerranée durant la Seconde Guerre mondiale, il fut attaqué par la Marine britannique à Mers-el-Kébir en juillet 1940, après un ultimatum britannique. Échoué, il fut sabordé à Toulon en novembre 1942 et finalement coulé à l’entrée de la rade de Toulon en septembre 1944.

Cuirassé PARIS
cuirassé paris
Lettre simple, 9 mars 1934, cuirassé Paris pour Paris (usage tardif)

Le Paris est un cuirassé lancé en 1912 pour la marine française, achevé avant la Première Guerre mondiale où il soutient l’armée du Monténégro et participe au blocus contre la marine austro-hongroise. Devenu navire-école en 1931, il est réarmé en 1940, aide à défendre le Havre, mais est ensuite capturé par les Britanniques en 1940 et sert de navire de dépôt jusqu’à la fin de la guerre. Il revient en France en juillet 1945, est utilisé comme ravitailleur, et est mis au rebut en décembre 1955.

Cuirassé VOLTAIRE
Lettre simple, 5 septembre 1926, cuirassé Voltaire pour Larmor Baden (Morbihan)

Le Voltaire, mis en service actif en 1911, a participé à la Première Guerre mondiale et a été rénové entre mai et octobre 1918 après avoir été torpillé par le U-boote allemand UB-48 près de Milos. Modernisé entre 1922 et 1925 pour une meilleure protection contre les sous-marins, il a pris part à la révolte de Klaipėda en janvier 1923. Échoué en 1936 dans le Golfe du Morbihan pour servir de cible aux exercices militaires, il fut démantelé à partir de 1948.

MERIAUX J. , Histoire de la Poste navale : acheminement et distribution du courrier dans la marine de guerre française, 1792-1992 (2 volumes).

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56836064/f4.image

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http://ww2postalhistory.fr/post_nav01_fr.php?cat=naval&activ=02
https://poste-aux-armees.blogspot.com/2008/12/catalogue-des-marques-postales-des.html
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http://envelopmer.blogspot.com
http://forummarine.forumactif.com/t8773p50-les-paquebots-et-cargos-armes-en-guerre